Le retour de Don Camillo 1953 Julien Duvivier Fernandel Gino Cervi Peppone
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Une soutane en or

Avant 1952, quand Fernandel rencontrait un admirateur, celui-ci s'exclamait : « Ah, Angèle!... » Après 1952, on ne lui dira plus que : « Ah, Don Camillo !... » Car, de ce personnage, le très célèbre Fernandel devait tirer une popularité décuplée.

 

Vous comprenez, dit Fernandel alors que les journalistes l'interrogent à l'occasion de la sortie du Retour de Don Camillo, ce curé, il me plaît car il est comme tout le monde... Il est de la même viande que vous et moi. Il a aussi des faiblesses. Il rit et pleure comme les hommes. » Il est comme tout le monde, Don Camillo... et il plaît à tout le monde, et jusqu'aux Etats-Unis où, à New York, il est projeté en version originale avec un commentaire d'Orson Welles.
Avec Don Camillo, s'envole définitivement la panoplie du tourlourou chère au jeune Fernandel. Le Fernandel de la maturité dit adieu au clown burlesque (« En me voyant de dos, de face et de profil, dira-t-il en se découvrant au cinéma, j'ai compris pourquoi les gens riaient. ») et impose un comique plein de chaleur humaine. Il se fond si bien dans son personnage que l'on en vient à les confondre. De passage à Lourdes, des pèlerins étrangers lui demandent la bénédiction de Don Camillo ! Par sacs entiers, il reçoit des lettres de spectateurs désireux qu'il accepte de baptiser leurs enfants. « Nous voudrions que ce petit soit heureux, lui écrit-on. Alors nous avons pensé que peut-être vous pourriez venir nous le baptiser. Nous n'en avons pas encore parlé à M. le Curé, mais nous sommes sûrs qu'il acceptera et que si c'est vous qui le baptisez notre petit sera un bon chrétien et un homme fait pour le bonheur. »
Car, dans la peau de Camillo, Fernandel a réussi le miracle de faire passer à la fois la charité et la générosité du prêtre qu'il interprète et la bonhomie et l'optimisme de l'homme qu'il est, lui, dans la vie. A chaque lettre, il répond personnellement, essayant d'expliquer que Don Camillo n'est qu'un personnage imaginaire. Rien n'y fait. La soutane du curé de choc lui colle à la peau comme une tunique de Némée. Jusqu'aux bonnes sœurs qui, dans la rue, l'assiègent pour obtenir des autographes. Quant à la petite ville de Brescello, à vingt kilomètres de Parme, où ont eu lieu les tournages, elle devient un lieu de pèlerinage artistique. Dans les boutiques, on vend des cartes postales de Fernandel en soutane et le café de l'Eglise est rebaptisé « Caffe Don Camillo ». « Là-bas, rigole alors gentiment Fernandel, ils ont un vrai curé. Mais il a moins de succès que moi. »

 

Le nordiste et le sudiste

Outre « l'assent », Fernandel possédait toute la verve et toute la chaleur des Méridionaux avec, comme il se doit chez les gens du Sud, la tête parfois près du bonnet. Duvivier, lui, à en croire Jean Renoir, était « bourru, maussade et ronchonnant », tandis qu'Henri Jeanson le décrivait « mince, nerveux, teignard », avec « ce que Courteline appelait un caractère de cochon ». Comment, dans ces conditions, l'acteur et le cinéaste parvinrent-ils à s'entendre? Mystère. Ils firent d'ailleurs mieux que de s'entendre puisqu'ils tournèrent cinq films ensemble : les deux premiers Don Camillo, Un carnet de bal, L'Homme à l'imperméable et Le Diable et les Dix Commandements en 1962. ■