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Avant 1952, quand Fernandel rencontrait un admirateur, celui-ci s'exclamait : « Ah, Angèle!... » Après 1952, on ne lui dira plus que : « Ah, Don Camillo !... » Car, de ce personnage, le très célèbre Fernandel devait tirer une popularité décuplée.
Vous comprenez, dit Fernandel
alors que les journalistes l'interrogent à l'occasion de la
sortie du Retour de Don Camillo, ce
curé, il me plaît car il est comme tout
le monde... Il est de la même viande
que vous et moi. Il a aussi des faiblesses. Il rit et pleure comme les
hommes. » Il est comme tout le
monde, Don Camillo... et il plaît à
tout le monde, et jusqu'aux Etats-Unis
où, à New York, il est projeté en version originale avec un commentaire
d'Orson Welles.
Avec Don Camillo, s'envole définitivement la panoplie du tourlourou
chère au jeune Fernandel. Le Fernandel de la maturité dit adieu au
clown burlesque (« En me voyant de
dos, de face et de profil, dira-t-il en se
découvrant au cinéma, j'ai compris
pourquoi les gens riaient. ») et impose
un comique plein de chaleur humaine.
Il se fond si bien dans son personnage
que l'on en vient à les confondre. De
passage à Lourdes, des pèlerins étrangers lui demandent la bénédiction de
Don Camillo ! Par sacs entiers, il reçoit
des lettres de spectateurs désireux qu'il
accepte de baptiser leurs enfants.
« Nous voudrions que ce petit soit
heureux, lui écrit-on. Alors nous avons
pensé que peut-être vous pourriez
venir nous le baptiser. Nous n'en avons
pas encore parlé à M. le Curé, mais
nous sommes sûrs qu'il acceptera et
que si c'est vous qui le baptisez notre
petit sera un bon chrétien et un homme fait pour le bonheur. »
Car,
dans la peau de Camillo, Fernandel a
réussi le miracle de faire passer à la fois
la charité et la générosité du prêtre
qu'il interprète et la bonhomie et l'optimisme de l'homme qu'il est, lui, dans
la vie.
A chaque lettre, il répond personnellement, essayant d'expliquer que
Don Camillo n'est qu'un personnage
imaginaire. Rien n'y fait. La soutane
du curé de choc lui colle à la peau
comme une tunique de Némée. Jusqu'aux bonnes sœurs qui, dans la rue,
l'assiègent pour obtenir des autographes.
Quant à la petite ville de Brescello,
à vingt kilomètres de Parme, où ont eu
lieu les tournages, elle devient un lieu
de pèlerinage artistique. Dans les boutiques, on vend des cartes postales de
Fernandel en soutane et le café de
l'Eglise est rebaptisé « Caffe Don
Camillo ». « Là-bas, rigole alors gentiment Fernandel, ils ont un vrai curé.
Mais il a moins de succès que moi. »
Le nordiste et le sudisteOutre « l'assent », Fernandel possédait toute la verve et toute la chaleur des Méridionaux avec, comme il se doit chez les gens du Sud, la tête parfois près du bonnet. Duvivier, lui, à en croire Jean Renoir, était « bourru, maussade et ronchonnant », tandis qu'Henri Jeanson le décrivait « mince, nerveux, teignard », avec « ce que Courteline appelait un caractère de cochon ». Comment, dans ces conditions, l'acteur et le cinéaste parvinrent-ils à s'entendre? Mystère. Ils firent d'ailleurs mieux que de s'entendre puisqu'ils tournèrent cinq films ensemble : les deux premiers Don Camillo, Un carnet de bal, L'Homme à l'imperméable et Le Diable et les Dix Commandements en 1962. ■ |