Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Dominique Sanda et Geraldine Chaplin
Dominique Sanda et Geraldine Chaplin
Geraldine Chaplin et Dominique Sanda
Geraldine Chaplin et Dominique Sanda
Jacqueline Parent et Jacques Pieiller
Ayant prouvé en moins de vingt ans et dix-huit films qu'il avait plus d'une corde à son arc (« Adorable menteuse », c'était de lui mais aussi « Lucky Jo », « Benjamin », « Raphaël le Débauché », « Le Mouton enragé » et « Le Dossier 51 ») Michel Deville revient à ses premières amours : le portrait de femme. Dans « Le Voyage en douce », avec la complicité de deux actrices rares et intenses, Dominique Sanda et Géraldine Chaplin, il nous propose un double portrait libre et savoureux. Une dame de cœur réversible.
Sensualité à fleur de peau
En douceur, avec subtilité et malice, il butine, du bord des cils à la pointe des seins, toute une sensualité à fleur de peau et prend le temps d'un soupir avant de ponctuer nonchalamment d'un érotisme bien tempéré. Accompagnez cela des « Bagatelles » de Beethoven et dégustez. L'histoire ? Rien de plus qu'un prétexte. Lucie bouleversée, en larmes, est venue frapper chez son amie la sereine Hélène. Décidément elle ne supporte plus François, elle le quitte. Hélène l'accueille, la console, la cajole, lui baigne les yeux, lui lisse les cheveux et lui propose de partir avec elle, le lendemain, chercher, en Provence, une maison à louer pour les vacances. Hélène laisse là mari et enfants, Lucie son désespoir et les voilà parties. Parenthèse, évasion, récréation, retrouvailles, dérive-souvenir d'une longue amitié. Elles ont trente ans. peur de vieillir, des rires encore enfantins et une grande envie de se raconter. Femmes entre elles : confidences, confessions, regrets, inventions, vérité fardée se succèdent, se complètent, se recoupent au rythme des balades au soleil, à l'ombre des vieilles maisons dont l'abandon incite au rêve ou pendant les rites de la salle de bains. Chemin faisant elles donnent une leçon de sensualité appliquée à un jeune garçon d'hôtel, achètent des fruits, essaient des robes, s'observent et se photographient. Un regard un peu appuyé d'Hélène sur la nudité de Lucie met un bémol à la clé, « Le Voyage en douce » vire du majeur au mineur. Lucie et Hélène rentrent à Paris ; Lucie redevenue forte va retrouver François. Sa crise est passée. Hélène... pour Hélène, je vous laisse la surprise. Michel Deville raconte ce voyage avec une légèreté joyeuse et quelques accents graves. Il nous offre un film de charme plein de ces mystères féminins qu'il a surpris, mais aussi un film intelligent : toutes les histoires savoureuses et audacieuses que se racontent Lucie et Hélène ont été écrites par une quinzaine d'écrivains et donnent au récit une grande richesse de tons et de couleurs. Et dans la marge du portrait en pied de ses deux héroïnes, Michel Deville trace des croquis furtifs de leur entourage. Les enfants sont stylisés : beaux, vifs, ils lancent des répliques à l'emporte pièce ; les hommes, satellisés, tourne autour de la planète femme.