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C'EST la version comique et grinçante de « L'Enfant au toton », de Jean Baptiste Chardin, mais dans ce film, le toton est un homme, Oui, c'est aussi énorme que cela : un enfant de dix ans achète un homme que le hasard a placé au rayon des Jouets d'un grand magasin, le fait emballer et livrer chez son père, magnat de la presse et des affaires. Le père n'a jamais rien refusé a son fils et, d'ailleurs, l'homme-Jouet est son obligé : Journaliste, il vient a peine d'entrer dans la < grande famille > de son hebdomadaire. Après deux ans de chômage, il a tout Intérêt à se taire et à accepter le Jeu.
La dignité humaine
Pour son premier film de réalisateur, on voit que Francis Veber, le scénariste dialoguiste du «Grand Blond», de «L'Emmerdeur», du « Magnifique », du «Téléphone rose », et j'en passe, n'a pas choisi la facilité du comique bon enfant. Le sujet de la fable qu'il entreprend de nous conter est grave : c'est, tout simplement, la dignité humaine telle qu'on peut la bafouer. Pour M. Ram bal-Cochet, c'est un truc qui n'existe pas davantage que la liberté individuelle de ceux qu'il emploie dans son journal ou ses affaires. Lui seul commande, exige, ordonne. achète ou rejette, au gré de sa volonté et de ses caprices. Veut-il sur le champ, un dimanche, acheter la maison de campagne où déjeune tranquillement une famille heureuse ? Il entre et jette assez de millions entre la poire et le fromage pour que les propriétaires fassent leurs valises dans l'instant. Trouve-t-il qu'un de ses collaborateurs a les mains moites ? Il le congédie sans autre motif (ne riez pas, c'est arrivé). Alors pourquoi son fils ne se croirait-Il pas autorisé à acheter un homme-Jouet, pour en disposer a sa guise ? On s'attend au numéro de dressage que le journaliste jouet ne va pas manquer de faire dans la nurserie, au près de l'enfant. Mais Francis Veber Joue un jeu bien plus subtil que cela, plus cruel aussi. Chacun apprend quelque chose de l'autre et, finalement, l'enfant méprise son père riche et tout puissant et se prend d'une amitié farouche pour le Luron qui lui a révélé quelques vérités premières sur l'homme libre. L'ouvrage est aussi drôle qu'intelligent, plein de trouvailles irrésistibles qui, sous le couvert de l'absurde, permettent à l'auteur d'éclairer les rapports de force entre la toute-puissance de l'argent et le chômage, l'autocratie et la lâcheté, l'humiliation et la faiblesse. Il en profite aussi pour célébrer l'individualisme, seul capable de contraindre le despote à considérer qu'en face de lui existe un homme et non une carpette. Tout cela est bien intéressant. « Le Jouet » est un film de moraliste amer et désabusé, mais Francis Veber sait faire exploser à point gags et éclats de rire, afin d'en préserver tout au long le comique ravageur. Pierre Richard met son chaleureux talent de clown, plein de cœur, dans le personnage du Jouet et Michel Bouquet, lèvres pincées, un éclair de défi dans l'œil, incarne l'inquiétant tout puissant patron. Quant au jeune Fabrice Gréco, il s'installe avec un naturel parfait dans cette fable absurde, délirante, si cruelle et si vraie que, lorsqu'on vient d'en rire, on en voudrait pleurer.
Télé 7 jours
Pierre Richard François Perrin
Michel Bouquet Pierre Rambal-Cochet
Fabrice Greco Éric Rambal-Cochet
Jacques François M. de Blénac
Daniel Ceccaldi le propriétaire de la maison
Charles Gérard le photographe
Michel Aumont Georges Pouzier, patron du magasin de jouets
Suzy Dyson Christine Rambal-Cochet
Gérard Jugnot Pignier, le journaliste aux mains moites
Michel Robin le majordome embouti par Eric
Michèle Sand Nicole Perrin
Alix Mahieux la gouvernante
Lyne Chardonnet Mlle Blond
Lyvia d'Alche l’hôtesse
Yves Barsacq M. Robert, le sous-directeur
Bernard Bauronne Moreau, le pilote
Serge Berry le maître d'hôtel qui apporte le dîner à François
Eva Darlan l’attachée de presse du magasin de jouets
Fred Descamp le portier
Oscar Facchino un domestique
Marie Frey une domestique
Guy Gerbaud un domestique
Jean-Pierre Helbert le barbu licencié
Paul Horn l’Indien
Catherine Idabou une dactylo
Jacqueline Jako-Mica une domestique
Chantal Jolis une domestique
Jean Lanier le maître d'hôtel au portail
Henri Laurent le chauffeur
Roger Muni le maître d'hôtel qui ouvre la caisse
André Nader Lucien, un jardinier
Pierre Nègre le directeur de l’usine
Jacqueline Noëlle une secrétaire
Roger Riffard Paul, un jardinier
Michel Ruhl le banquier de François
Bernard Soufflet le cycliste sourd-muet
Herbert Fiala un cadre du magasin de jouets [non crédité]
René Morard un collègue journaliste interpelé par Pignier
Christophe Bier, Janvier 2018