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  • Madeleine Guitty

    Naissance : 1870
    Décès : 1936
     
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    Madeleine GUITTY 

    A voir sa trogne rubiconde d’aimable cerbère, on pourrait la prendre pour la cousine française de Marie Dressler ou la tante de Margaret Rutherford même si Madeleine Guitty n’atteignit jamais la renommée de ces deux consœurs en laideur. Pourtant sa filmographie affiche plus de 130 titres, courts métrages compris, dont plus de quatre-vingts tournés en moins de six ans au tout début des années 30.

    Son père était avoué, son frère sera journaliste mais pour Marguerite-Madeleine, c’était une évidence : elle avait un don pour la comédie. « Gosse de dix-huit ans toute maigrichonne » - si l’on en croit l’article nécrologique paru dans Comoedia - elle débute aux Bouffes-Parisiens et, si elle n’est guère gracieuse, elle fait rire lorsqu’elle chante, en s’accompagnant à la guitare, des textes humoristiques de son invention. La quarantaine venue, elle gagne en volume et en notoriété : sur la scène des Variétés ou des Folies-Dramatiques, ses compositions cocasses sont mises en exergue par la critique, qu’elle joue Mégara, une surprenante vestale d’opérette, dans « Le fruit défendu » en 1920, Madame Pingret, la marchande de poisson de « Ciboulette » en 1923 ou Madame Bouchetru, « grandiose caricature » de concierge dans « Deux fois deux » en 1932. « Les surprises d’une nuit d’amour » – où elle joue Frédégonde Cressonnois ! - lui vaut chaque soir une ovation du public lorsqu’elle entonne son « Duo des giroflées et des bégonias » avec Carlos Avril. Elle joue aussi Colette à deux reprises - « Claudine à Paris » et « Chéri » - et signe, en collaboration avec Paul Bonhomme, quelques vaudevilles. En 1926, le Grand-Guignol programme « Cette pauvre Elisa », pièce dont elle est l’auteur.

    Ses débuts à l’écran dans une adaptation de « L’affaire de la rue de Lourcine » de Labiche datent de 1909 : jusqu’à sa disparition vingt-sept ans plus tard, elle ne quittera pratiquement jamais l’affiche. Partenaire du comique Prince Rigadin dans « Votre femme vous trompe » (1911), femme de Sancho Pança dans un « Don Quichotte » de 1912, elle sera dirigée par d’illustres pionniers comme Georges Monca, Albert Capellani et surtout Louis Feuillade qui l’enrôle à cinq reprises et c’est ainsi qu’elle tient le rôle principal de son court métrage « Les millions de la bonne » (1913) avant d’être la mairesse de « L’illustre Mâchefer » (1914). Femme au verbe haut (même dans un film muet !), elle avait déjà rejoint sans effort la cohorte des « Femmes Députés » (1911). Elle connaît un succès personnel dans « La fille des chiffonniers » (1922) et travaille deux fois avec Germaine Dulac pour « Gossette » (1923) et « La souriante Madame Beudet » (1923) où elle malmène Jean d’Yd, son échalas de mari. Trois ans plus tard, mégère aux papillotes, elle pointe un index menaçant vers un époux apeuré et lui intime : « Va promener le chien ! » (1926). Elle côtoie quelques monstres sacrés comme Sarah Bernhardt dans « Jeanne Doré » (1916) ou Gloria Swanson dans « Madame Sans-gêne » (1925). Pour René Clair, elle sera Annette, la bonne dans « Les deux timides » (1928), encore un Labiche et peut-être le seul vrai classique de sa filmographie.

    Chez Feuillade, on l’appelait la Chaloupié ou la Pétoulin ; au générique de « La Sin Ventura » (1923), elle était simplement « la mégère » : les scénaristes des années 30 vont redoubler d’imagination pour l’affubler de patronymes cocasses, à commencer par Madame Grosminet, la marchande de journaux qui tape la causette avec Maurice Chevalier dans « Paramount en Parade » (1930). Après la mère Titine, la mère Moscou, Madame Gras ou « la Boule », pourquoi ne pas verser dans l’ironie vacharde ? La voilà nommée Fleur de Printemps, Madame Portebeaux, Aurélie Mignon ou la belle Régina ! Au rayon des vieilles peaux folkloriques, retenons la mère Tomeff qui tient boutique aux Puces de Saint-Ouen dans « Bric-à-brac et Cie » (1932) ou Madame Charignoul, la patronne du bistrot de « Cœur de lilas » (1931). Dans un autre film d’Anatol Litvak, « Cette vieille canaille » (1933), elle dirige un stand de tir et prendrait volontiers le riche Harry Baur comme gendre. A elle les femmes du peuple au caractère bien trempé comme la concierge d’« Un chien qui rapporte » (1931), l’habilleuse de Joséphine Baker dans « Zouzou » (1934) ou la bonne de l’inspecteur Cocantin dans « Judex » (1933). Brave cuisinière, elle tient une trattoria vénitienne dans « Barcarolle » (1935), mitonne les repas plantureux de « L’ami Fritz » (1933) et rassure les jeunes filles effrayées à l’idée du mariage dans « Adémaî aviateur » (1934). Gouvernante d’un milliardaire excentrique dans « Un oiseau rare » (1935), elle pleure d’émotion lorsqu’il la traite d’idiote dévouée ! Par exception, la voilà comtesse Martininska dans un film de Saint-Granier, « Avec l’assurance » (1932).

    Avant Darry-Cowl dans le film de Resnais, elle joue et chante le rôle de Madame Foin, la concierge de « Pas sur la bouche » (1931) et participe à d’autres opérettes filmées comme « La fille de Madame Angot » (1935) et surtout « Ciboulette » (1933), reprise de son succès sur les planches. A l’occasion, elle incarna de fameuses mégères de la littérature populaire comme l’Ogresse dans « Les Mystères de Paris » (1922) ou l’odieuse et grotesque mère Driscoll de « Sans famille » (1934). Pourtant, c’est la comédie qu’elle préfère et les costumiers l’aident à forcer la note : vêtue de châles défraîchis et de tabliers de souillon, en bigoudis ou un galurin grotesque sur le crâne, et même boudinée dans sa nuisette, elle se fiche pas mal de son apparence et c’est ainsi qu’elle plaît au public. Second rôle de poids, elle semble apprécier tout spécialement certains partenaires comme Paulette Dubost qui tient la vedette de « L’auberge du Petit-Dragon » (1934) et « La rosière des Halles » (1935) ou Fernand Gravey qu’elle croise en pleine ascension sociale dans « Si j’étais le patron » puis en musicien travesti dans « Fanfare d’amour » (1935) : sous le patronyme de Lydia Fidéli, elle y dirige l’orchestre féminin des Tulipes – ancêtre de celui de Sweet Sue dans « Certains l’aiment chaud ». Elle joue la mère d’Albert Préjean, le coureur cycliste de « Rivaux de la piste » (1931), et même celle d’un Buster Keaton égaré dans « Le roi des Champs-Elysées » (1934). C’est Fernandel qu’elle retrouve le plus souvent, tant dans les courts métrages qui l’ont lancé comme « La meilleure bobonne » (1931) que dans les vaudevilles où il gagne ses galons de vedette, « Les gaîtés de la finance » (1935) et « Ferdinand le noceur » (1935).

    Au printemps 1935, elle joue au Vieux Colombier la mère Mêlée dans « Grisou », une pièce de Pierre Brasseur. Comme si elle savait le temps compté – elle mourra des suites d’une opération le dimanche de Pâques 1936 – elle tourne cette année-là vingt-et-un films dont « Haut comme trois pommes » où son nom paraît le premier sur l’affiche. Cette artiste populaire, qui fumait volontiers la pipe, vivait simplement, rue Rochechouart. On la retrouve sur un album paru en 2006 - « Quand les comédiens chantaient » - interprétant deux airs coquins, « La chanson du spahi » et « Elle a z’un beau pyjama, Emma ! » 

    Jean-Paul Briant

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