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Distribution :
Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves.
En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Images du film :
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Document sans nom
Document sans nom
«Au cinéma, Francis Girod me propose cette année-là le premier rôle féminin dans le film qu’il s’apprête à tourner : L’État sauvage, d’après le roman de Georges Conchon (prix Goncourt 1964). Le film se propose de mettre en scène les premiers temps de la décolonisation dans une république d’Afrique qui n’est pas nommée. Règlements de comptes entre Blancs et Noirs, idéalisme chez certains, veulerie et corruption chez d’autres, tout y est justement traité, sans manichéisme.
J’incarne la compagne infidèle d’un petit Blanc qui entretient une liaison pleine de passion, de sincérité et de solidarité avec le leader indépendantiste de la jeune République, Patrice Doumbé (manifestement inspiré du grand Patrice Lumumba), devenu ministre dans le premier gouvernement (et qui sera assassiné à la fin du film, comme le fut Lumumba, au Congo, en 1961).
Le tournage s’annonce assez vite comme un cauchemar. J’aurais adoré vivre cette aventure en Afrique pour avoir l’émotion et le plaisir de côtoyer des gens qui avaient vécu ce que nous racontions. Au lieu de ça, nous tournons en Guyane, par souci d’économie, et donc bien loin de l’esprit du film. Comme si cette première déconvenue n’était pas suffisante, je trouve immédiatement très antipathique mon amant dans le film, l’acteur Doura Mané, qui incarne Patrice Doumbé. Il est macho, sexiste, prétentieux, et ne sait jamais son texte, si bien que par sa faute nous devons multiplier les prises.
J’expérimente à cette occasion combien il peut être désagréable de tourner des scènes d’intimité avec un partenaire dont vous n’aimez pas la personnalité. Dans l’une des séquences dramatiques du film - l’arrestation de Doumbé - nous sommes au lit et nous venons manifestement de faire l’amour. Il arrive dans ce genre de scène que l’image exige que nous soyons complètement nus et en ce cas on fait comme on peut (l’homme a souvent une érection, ce que je trouve plutôt flatteur, et s’il n’en a pas, la femme a le choix entre deux hypothèses : soit c’est un grand professionnel, soit elle n’est pas désirable). En l’occurrence, nous sommes recouverts d’un drap et Francis Girod nous a donc autorisés à garder nos slips. Or, quand je rejoins Doura Mané dans le lit, je m’aperçois qu’il est nu.
Si j’avais un doute sur ses intentions, je n’en ai plus quand il s’agit d’échanger un dernier baiser avant que les militaires l’entraînent vers la prison - et la mort. Le baiser doit, certes, être passionné, mais Doura Mané profite outrageusement de la situation, à tel point que la scène se répétant - une dizaine de prises, si j’ai bonne mémoire - , je finis par avoir un sentiment de viol. J’en viendrai à demander secours au maquilleur qui fera valoir à Francis Girod qu’il perd un temps fou à me refaire les lèvres après chaque prise du fait de la fougue de mon partenaire. « Doura, lui glissera gentiment Francis, contente-toi d’un baiser moins appuyé si tu veux bien, on gagnera du temps. »
Marie-Christine Barrault « Ce long chemin pour arriver jusqu’à toi »
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«Au cinéma, Francis Girod me propose cette année-là le premier rôle féminin dans le film qu’il s’apprête à tourner : L’État sauvage, d’après le roman de Georges Conchon (prix Goncourt 1964). Le film se propose de mettre en scène les premiers temps de la décolonisation dans une république d’Afrique qui n’est pas nommée. Règlements de comptes entre Blancs et Noirs, idéalisme chez certains, veulerie et corruption chez d’autres, tout y est justement traité, sans manichéisme.
J’incarne la compagne infidèle d’un petit Blanc qui entretient une liaison pleine de passion, de sincérité et de solidarité avec le leader indépendantiste de la jeune République, Patrice Doumbé (manifestement inspiré du grand Patrice Lumumba), devenu ministre dans le premier gouvernement (et qui sera assassiné à la fin du film, comme le fut Lumumba, au Congo, en 1961).
Le tournage s’annonce assez vite comme un cauchemar. J’aurais adoré vivre cette aventure en Afrique pour avoir l’émotion et le plaisir de côtoyer des gens qui avaient vécu ce que nous racontions. Au lieu de ça, nous tournons en Guyane, par souci d’économie, et donc bien loin de l’esprit du film. Comme si cette première déconvenue n’était pas suffisante, je trouve immédiatement très antipathique mon amant dans le film, l’acteur Doura Mané, qui incarne Patrice Doumbé. Il est macho, sexiste, prétentieux, et ne sait jamais son texte, si bien que par sa faute nous devons multiplier les prises.
J’expérimente à cette occasion combien il peut être désagréable de tourner des scènes d’intimité avec un partenaire dont vous n’aimez pas la personnalité. Dans l’une des séquences dramatiques du film - l’arrestation de Doumbé - nous sommes au lit et nous venons manifestement de faire l’amour. Il arrive dans ce genre de scène que l’image exige que nous soyons complètement nus et en ce cas on fait comme on peut (l’homme a souvent une érection, ce que je trouve plutôt flatteur, et s’il n’en a pas, la femme a le choix entre deux hypothèses : soit c’est un grand professionnel, soit elle n’est pas désirable). En l’occurrence, nous sommes recouverts d’un drap et Francis Girod nous a donc autorisés à garder nos slips. Or, quand je rejoins Doura Mané dans le lit, je m’aperçois qu’il est nu.
Si j’avais un doute sur ses intentions, je n’en ai plus quand il s’agit d’échanger un dernier baiser avant que les militaires l’entraînent vers la prison - et la mort. Le baiser doit, certes, être passionné, mais Doura Mané profite outrageusement de la situation, à tel point que la scène se répétant - une dizaine de prises, si j’ai bonne mémoire - , je finis par avoir un sentiment de viol. J’en viendrai à demander secours au maquilleur qui fera valoir à Francis Girod qu’il perd un temps fou à me refaire les lèvres après chaque prise du fait de la fougue de mon partenaire. « Doura, lui glissera gentiment Francis, contente-toi d’un baiser moins appuyé si tu veux bien, on gagnera du temps. »
Marie-Christine Barrault « Ce long chemin pour arriver jusqu’à toi »
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