Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
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Gerard Lartigau et Denise Gence
Gerard Lartigau et Denise Gence
Gerard Lartigau et Louis Seigner
Gerard Lartigau et Philippine Pascal
Philippine Pascal et Gerard Lartigau
Comédie française : Denise Gence Mme Lepic Philippine Pascal Annette Gérard Lartigau Poil de Carotte Louis Seigner Mr Lepic
Résumé : Pièce en un acte de Jules RENARD réalisée par Georges LACOMBE et jouée par les Comédiens Français. Poil de Carotte, seize ans, est le fils d'un couple de bourgeois de province, les Lepic. Détesté par sa mère qui n'a pas souhaité sa naissance, perpétuellement rebuté, il est le témoin de scènes pénibles entre ses parents. Avide d'affection mais incapable de s'ouvrir, d'extérioriser ses sentiments, il provoque souvent la moquerie. Suffoquant dans son amertume et sa solitude, il tente par deux fois de se suicider. Il trouve cependant un certain réconfort auprès de son père, un brave homme, triste et résigné, autre victime de la méchanceté de Madame Lepic. Cette amitié tacite qui se noue entre eux est la seule lueur d'espoir dans cette oeuvre dramatique, une des meilleures du théâtre naturaliste.
Mots clés : pièce de théâtre (Poil de carotte) ; drame (naturaliste) ; bourgeoisie ; adolescent (renfermé) ; relation parent enfant ; mère (méchante) ; père (résigné) ; enfant (martyr) ; timidité ; tristesse ; suicide (tentative) ; solitude
Un Poil de Carotte inattendu
Dans le beau livre de souvenirs qu'il vient de faire paraître, « Antoine, père et fils », André-Paul Antoine nous conte ce que furent les répétitions de « Poil de Carotte ». Le rôle de l'enfant martyr avait été confié à une toute jeune comédienne, nommée Suzanne Després. Rôle difficile, insolite, d'autant plus malaisé à jouer que le véritable « Poil de Carotte » était là, dans la salle, en la personne de l'auteur, Jules Renard. Malgré tous les efforts de la comédienne, ce n'était jamais cela. Renard répétait sans cesse: « Non! Poil de Carotte est plus farouche, plus sournois, plus sauvage ! Vous souriez encore trop ! » Un jour, excédée, Suzanne Després jeta son manuscrit à la tète de l'écrivain jamais satisfait, en lui criant : « Gardez-le, votre Poil de Carotte, je vous le rends ! » Ce fut alors que Renard s'exclama : « Bravo ! Vous y êtes ! Je viens de le voir ! C'est lui ! » Et, quelques jours plus tard, le 2 mars 1900, au théâtre Antoine, une actrice devenait soudain célèbre en même temps que « Poil de Carotte » s'inscrivait parmi les grands succès du théâtre contemporain.
Jules Renard aurait-il été satisfait par le jeu de Gérard Lartigau, qui fut son Poil de Carotte à la Télévision, vendredi ? Il aurait été sans doute surpris comme nous le fûmes nous-mêmes au cours des premières répliques. Ah ! ce Poil de Carotte solide, trapu, bien en équilibre sur ses deux jambes, à peine amer, presque joyeux, était bien différent des Poil de Carotte féminins (Suzanne Després et Berthe Bovy) ou masculin — le petit Robert Lynen — qui l'avaient précédé dans l'emploi. Mais les chefs-d'œuvre — vendredi le « Poil de Carotte » porté par les ondes avait le son du chef-d'oeuvre — ne sont jamais des blocs posés une fois pour toutes. Avec le temps, ils se plient à de multiples interprétations. Si Gérard Lartigau ne fut pas un Poil de Carotte larmoyant, il fut néanmoins un Poil de Carotte émouvant, et les larmes ne devant rien aux facilités et aux conventions, celles qu'il parvint à nous arracher, au cours de sa grande scène avec son père, ne furent que de meilleure qualité. Les autres rôles de la pièce, tout en étant aussi humains, se prêtent à moins de fantaisie. Mais leurs interprètes de l'autre soir — Louis Seigner, Denis Gence et Philippine Pascal — nous firent penser aux meilleurs.