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1971 : FANATIQUES des «Barbouzes » et des « Tontons flingueurs », à vos rires : après un fâcheux détour par « La Route de Salina », Georges Lautner retrouve sa verve dans cette parodie des films de gangsters où il est mieux à son affaire. « Laisse aller... » n'est pas une valse noble, c'est une chaloupée vaudevillesque dont les gifles rythment volontiers les trois temps. On est en pleine bande dessinée dans cette course au trésor cocasse et délirante imaginée par Bertrand (fils de Bernard) Blier, scénariste et dialoguiste.
Pourtant cela commence plutôt mal : le film est emprunté, empesé, lourd et raide, les cadavres tombent comme des pantins. Soudain, chacun trouve son rythme et, après le supplice de la baignoire, le film est sur les rails. Il n'en sort plus, rebondissant de gags en astuces. L'histoire est un vrai classique du genre : Serge, arrêté pour vol de bijoux, sort de prison. Avant son élargissement, le commissaire lui propose de le soustraire à la bande rivale qui l'attend à la sortie, en échange de la révélation de la cachette du magot. Serge refuse. Il affronte la bande rivale, persuadé que son copain Michel l'aidera à s'en débarrasser. D'ailleurs il veut être tranquille pour tuer sa femme qu'il soupçonne de l'avoir « donné ». Malheureusement Michel, arrive un peu tard, la bande a déjà fait à Serge le coup de la baignoire. La première réplique qui fait mouche c'est celle de Michel : « Je n'ai pas été trop long? » Quant à la femme de Serge, dès qu'il la voit, il n'a plus la moindre envie de la tuer mais il est très gêné vis-à-vis de son copain auquel il a juré, pendant des années de prison, qu'il la « buterait ». Il a l'air d'un homme sans parole...
Tandis que tout le monde court après le magot, Serge essaie de résoudre ses contradictions sentimentales et Jean Yanne nous offre, avec la complicité de Mireille Darc, une parodie de scène erotique irrésistible d'humour. Tous leurs partenaires sont aussi décontractés qu'eux : Michel Constantin, transformé en mitrailleuse, le commissaire Bernard Blier en survêtement rouge sang, Rufus, le professeur d'anglais coquin. Les gags ponctuent un dialogue burlesque d'autant plus drôle que toujours inattendu. On soupçonne fort Jean Yanne d'y avoir ajouté sa verve personnelle. La fin de cette partie de « qui perd gagne » rebondit dans un imprévu très savoureux. « Laisse aller... c'est une valse » ne bouleversera certes pas le visage du cinéma moderne mais sa bonne humeur et son humour contagieux peuvent changer la face d'une de vos soirées.