Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
LE premier film de Gérard Pires, « Erotissimo », était un joyeux pétard de 14 juillet bien français et bien tricolore qui explosait, décoché comme un pied de nez sain et rigolard entre le sexe, la publicité et les polyvalents. Loufoque à souhait, cette pochette-surprise en forme de farces et attrapes plaça illico son jeune auteur parmi les rares comiques originaux du cinéma français : à suivre.
Avec « Fantasia chez les Ploucs », adapté très librement du fameux roman de Charles Williams « Diamond Bikini » (Série Noire), Gérard Pires ne renouvelle pas son coup d'essai avec autant de maîtrise qu'on pouvait l'espérer. Délibérément loufoque, voué au non-sens, pris du vertige de l'incohérence et de délire burlesque. Gérard Pires voulait réaliser son « Hellzapoppin ». C'est justement parce qu'on en voit clairement l'ambition que sa « Fantasia » parait un peu mineure. Foin d' « Hellzapoppin », c'est l'Alcazar au cinéma ! Sans les travestis, sans la verve intarissable de J.-M. Rivière, en moins dément et surtout en moins varié.
Pourtant, la « Fantasia » commence bien : tambour battant on fait la connaissance de ses héros : Jean Yanne bookmaker en difficulté se réfugie avec son fils Billie (un petit frère de Zazie) à la ferme de son frère Lino Ventura. Nous sommes dans une Amérique parodique dont « Fantasia chez les Ploucs » célèbre la saga. Ainsi, les deux frères, qui semblent sortir de chez Caldwell, font-ils opportunément la connaissance de Caroline Tchou-Tchou, strip-teaseuse « anémique », recherchée par toutes les polices parce qu'elle porte sur elle le produit du hold-up d'un rude chasseur de lapins (style dessin animé) : un bikini de diamants. Caroline a un joli tatouage sur le sein gauche (ce qui permet à Mireille Darc de montrer une plastique impeccable) ; cela plaît beaucoup à Billie, à son papa aussi ; l'oncle Lino, lui, a plutôt des idées sur le bikini. Un vieux fou, caldwellien lui aussi, construit une nouvelle arche de Noé en prévision du déluge qui ne manquera pas d'arriver, vu le relâchement des mœurs. Jacques Dufilho en trace beaucoup mieux qu'une silhouette.
Il y a des gags. On reconnaît au passage un clin d'œil à Mac Sennett et un autre à « Scarface ». Alors pourquoi ne rit-on pas comme on devrait ? Comme on voudrait ? Comme il faudrait ? Après un départ sur les chapeaux des roues, il y a, quelque part, un patin de frein qui frotte. Bref, en passant du pétard d' « Erotissimo » aux charges de plastic, « Fantasia chez les Ploucs » fait long feu.