L'affaire Lacenaire
Jean Prat - 1957
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Andre Rouyer montrant ses deux doigts coupes
le premier jure donne le verdict
Michel Piccoli et Robert Charlet
Michel Piccoli s adressant au jury
Jean Toulout le conseiller Dupuy, président de la Cour d’assise de la Seine Michel Piccoli Pierre François Lacenaire Jean Besnard Victor Avril André Rouyer Hippolyte Martin François Jean Michaud M. Partarieu-Lafosse, substitut du procureur général Robert Guilmet Gustave Fréchard Edgard Auzouville Grobety Louis Lalanne Louis Soumagnac Auguste Dargels Simon Pageot Jean Coste Alphonse Jules Baton René Alone Pierre Allard, chef de la sûreté Jean Gruault le docteur Beaufils Yvonne Claudie Marguerite Marbois Robert Charlet Maître Brochant de Villiers, l’avocat de Lacenaire
En votre âme et conscience : L’Affaire Lacenaire
Réalisation : Jean Prat
Texte : Pierre Dumayet et Françoise Dumayet
Directeur de la photographie : Jacques Lemare
Cameramen : Michel Gaspard, André Liénard, Claude Noyon et Guy Marque
Prise de son : J. Paul de Saunières
Décors : Jean-Jacques Gambut
Costumes : Anne-Marie Marchand
Assistants réalisateurs : Pierre Nivollet et J.J. Sejaud
Script-girl : Jacqueline Nazet
Une émission : de Claude Barma, Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes
Durée : 76 mn
Diffusion : vendredi 8 février 1957
L’Affaire Lacenaire est la 17e dramatique de la série En votre âme et conscience, tournée dans les conditions du direct. L’émission est devenue un moment incontournable de la R.T.F. Pour ce procès célèbre d’une personnalité hors-norme, Lacenaire le dandy assassin, déjà personnifié au cinéma par Marcel Herrand (dans Les Enfants du paradis), il faut un acteur charismatique qui puisse endosser toute sa provocation anarchiste et sa désinvolture. Le choix est parfait : Michel Piccoli domine le plateau comme Lacenaire transformait la salle d’audience en tribune théâtrale. Piccoli n’est plus un inconnu. Ce n’est pas sa première dramatique TV, il en a déjà plusieurs à son actif, réalisées par Stelio Lorenzi. Il arpente les scènes de théâtre depuis 1945 et commence à percer dans le cinéma, remarqué en gangster dans Interdit de séjour, tournant dans le French Cancan de Jean Renoir et Les Grandes Manoeuvres de René Clair ; au final de Marie Antoinette de Jean Delannoy, il est le prêtre réfractaire et trouve en 1956 son premier rôle chez Luis Bunuel dans La Mort en ce jardin. Il offre un portrait conforme au mythe de Lacenaire, apportant à ses propos une jubilation effrontée. Son aisance dans le dispositif du direct est probablement celle de Lacenaire durant son procès. Devant Lacenaire, l’avocat de la défense est oublié, quasi figurant. Ne compte plus que le dialogue entre Lacenaire et le président du tribunal. Même la ronde des témoins n’apporte aucune surprise. Le spectateur, séduit par Piccoli/Lacenaire, n’attend que ses réparties. Seuls André Rouyer et Jean Besnard se font remarquer, aux côtés du puissant Piccoli, dans les rôles des complices accusés par Lacenaire lui-même.
Peut-être est-ce là le défaut de cette dramatique, un trop grand déséquilibre dans la distribution : trois accusés bien campés, mais face à eux des avocats et des témoins sans éclats, au jeu parfois fragilisé par les risques du direct (René Alone), parfois cabotin (Jean Gruault). A leur décharge, Pierre et Françoise Dumayet n’ont pas particulièrement fignolé leurs répliques, mettant eux aussi tous les atouts dans Lacenaire.
L’aspect minimaliste de la série, faute de moyens, prive cette adaptation d’un détail véridique essentiel, qui aurait davantage souligné la séduction de Lacenaire, son art oratoire et sa propension à faire de son procès une tribune. La demi-douzaine de figurants des Buttes-Chaumont, si discrète dans le dispositif de réalisation, ne vaut pas la foule immense qui s’entassait dans la salle d’audience. Les femmes y étaient largement représentées, mais aussi des notables, hommes de lettres et des arts, de nombreux avocats en robe, au premiers rangs, en étaient, sans parler des journalistes en masse, qui s’écrasaient sur les bancs réservés à leur profession. Le procès Lacenaire est incompatible avec le minimalisme étriqué d’En votre âme et conscience.
Pour les admirateurs de Michel Piccoli, cette dramatique est cependant incontournable.
Christophe Bier, août 2020.