Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Friquette Thevenet et Jean Carmet
1973 : PASCAL THOMAS, c'est « l'homme des « Zozos ». Dans ce premier film, il nous montrait des lycéens boutonneux, en proie aux premières alarmes de la chair. Humour et complicité, le film jouait sur deux notes claires et gaies. Ce fut une agréable surprise. On n'attendait pas Pascal Thomas. A son second film, « Pleure pas la bouche pleine », on l'attendait, avec préjugé favorable. Il a déjà ses inconditionnels (Gérard Lenne le porte aux nues et il a des arguments). Honnêtement, je dois vous dire que je trouve ce film gentil et mineur et qu'au lieu de l'humour de dérision que j'en espérais, j'y ai rencontré une sorte de démagogie du style de la vieille chanson de Maurice Chevalier, « Ça sent si bon la France », assez regrettable.
Célimène en Poitou
Sujet : la naissance d'une
grosse Célimène de campagne qui mène en bateau
un gentil petit mécano et
le trompe, dès qu'il part
pour le service militaire
avec le dragueur du crû.
Cela se passe dans le Poitou, le film vaut par le
paysage délicieux et les notations intimistes, souvent
justes, de la coquette et de
sa famille : son père (admirable Jean Carmet, d'une
vérité profonde) sa mère
(trop discrète), sa grand-mère bonasse, sa petite
sœur déjà voyeuse et dont
on assistera de visu à la
métamorphose de petite
fille en « grande fille ». On
se demande si cela était bien utile ; le dépucelage
de Célimène par le dragueur propret qui ne songe
qu'à nettoyer ses draps
après la chose, ne m'a pas
paru non plus très drôle,
bien qu'il se soucie fort de
l'être, ni d'une extrême
nécessité.
C'est curieux comme un
souci de racolage évident
dès le début de l'ouvrage :
les caresses sur fermeture
éclair, la laideur voyeuse,
le sang sur les draps, le
parrain de Courbevoie —
obsédé sexuel — j'en passe,
nuit et finit presque par
gommer le réalisme pourtant subtil dont Pascal
Thomas se réclame.
Etonnant aussi de voir
que le souci de réalisme
tire toujours du côté de la
vulgarité, à croire qu'il y
a un sens unique. Ce n'est
pas vrai : le réalisme, ce
n'est pas tant d'accuser les
gros traits qui écrasent
l'ensemble, c'est aussi de
suggérer, de faire comprendre et admettre. De toute
évidence, la litote n'est pas
au programme de Pascal
Thomas et il faut avouer
qu'elle n'est pas non plus
à celui du cinéma actuel.
Ce n'est ni a l'honneur des
spectateurs, auxquels on ne
prête guère d'imagination,
ni à celui des réalisateurs.
Certes, il y a de la « Douceur du village » dans
« Pleure pas la bouche
pleine », mais il y traîne
aussi des clichés très usés
tels que le curé qui aime
la bouteille, et bien d'autres.
Et puis, je dois avouer
que passer deux heures en
compagnie de la grosse coquette, de sa famille, de
sa copine et de ses petits
amis m'a paru longuet, malgré le naturel d'Annie
Colé et la drôlerie irrésistible de Bernard Menez, le
dragueur du chef-lieu.
Bernard Menez — retenez
bien ce nom — c'est l'acteur comique original qui
va éclater dans les mois
prochains. On l'a vu récemment dans le film de Jacques Rozier, « Du côté
d'Orouet », une œuvre qui
a très injustement été victime, sur les Champs-Elysées, d'exploitant soucieux
de rentabilité immédiate.
Ne manquez pas, cependant,
si l'occasion vous en est
offerte, de voir cette chronique juste et tendre de
trois minettes en vacances
sur une plage de Vendée
en septembre. Jacques Rozier nous y fait retrouver,
avec un talent d'une finesse
qui ne se dément pas un
instant, le temps des fou-rires et des crises de larmes, des orgies de pâtisserie, des courses sur les
plages désertes et ventées,
des amourettes et des jalousies, des regards lourds
et des petits riens qui donnent à la vie sa couleur
et sa poésie et nous emplit
de nostalgie pour ce parfum d'adolescence qui
meurt avec l'automne.
Voilà un film d'un réalisme qui ne s'affiche pas
mais beaucoup moins superficiel que « Pleure pas... »,
— beaucoup mieux composé, et où le temps s'écoule
vraiment.