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A Noel Capucine L Seigner et inconnue 1
Annie Noel Robert Lombard Jean Pommier
B Lajarrige N Courcel et J Paroli
Brigitte Auber et Bernard Lajarrige
Capucine et son epoux d alors Pierre Trabaud et Gelin
Emile Ronet et le petit Etiennne Becker
Gelin Charvey Pommier et Belly
Maria Riquelme et Pierre Trabaud
Jacques Fabbri Daniel Gelin et Michel Barbey
Jacques Fabbri Francis Mazieres Michel Barbey
Maurice Ronet et Brigitte Auber
Michel Barbey Francis Mazieres Bernard Peiffer et J Fabbri
Cecilia Paroldi tete sur epaule de lajarrige
Nicole Courcel et Philippe Mareuil
Interview de 3 interprètes de " Rendez-vous de juillet " en 1972.
Philippe Mareuil (47 ans) : " Enfin je suis sorti de l'adolescence !"
LA nouvelle vague l'a laissé sur le sable. Célèbre à vingt ans, quand il tourna « Rendez-vous de juillet », Philippe Mareuil est aujourd'hui « reconverti » dans l'immobilier : — Je vends des appartements, ça marche très bien et je suis très heureux de savoir mes vieux jours assurés. Mais la comédie n'est pas qu'un métier ; c'est aussi une passion et l'on ne recycle pas aussi aisément les passions que les positions sociales : — Malgré tout, le théâtre me manque. Je continue à faire des doublages — plutôt pour le plaisir. Et la télévision m'a rendu la joie de jouer. En un an, jeviens de tourner trois dramatiques : « Le Beau François », « Le Gros Lot » et « La Cane ». Mais j'ai quarante-sept ans je me refuse à aller tirer les cordons de sonnette. J'attends que l'on se souvienne de moi- Aucune amertume, cependant, dans la voix de ce comédien qui fut, quinze ans durant, choyé par le succès. Seulement de la mélancolie et, paradoxalement, une certaine satisfaction : — Jusqu'à quarante ans, je suis resté un adolescent. Puis j'ai osé regarder la vie bien en face. La vie, c'est - à - dire moi - même. Aujourd'hui, je me sens un homme et j'en suis assez heureux. Ce qui ne l'empêche pas de rêver qu'il pourrait aujourd'hui devenir le David Niven français après avoir été le jeune premier un peu trouble des années 1950. « Le premier jour du tournage de « Rendez-vous de juillet » coïncidait pour moi avec la première des « Mains sales » de Sartre où je jouais également. J'avais déjà tourné plusieurs films, j'étais en pleine ascension et j'avais vingt ans ! » Ma carrière avait débuté comme un vrai conte : à dix-sept ans, j'avais quitté Perpignan, où mon père était directeur de la Banque de France, pour « monter » à Paris. Peu après mon arrivée, j'entendis, dans le métro, des inconnus discuter d'une audition au Théâtre Michel. Je m'y suis rendu au hasard. Parisys recevait les acteurs. Elle m'a regardé : « Tu n'es pas le personnage que je cherche, mais je te prends quand même pour un second rôle : tu as une petite gueule qui me plaît. » » C'était un formidable coup de chance, mais je ne l'appréciai pas à sa juste mesure : j'étais très jeune, il me paraissait naturel ! Ensuite, j'ai tourné plusieurs films (dont un « Mandrin » parfaitement raté) jusqu'à ce que Becker me retienne pour le sien. J'étais alors classé dans les « jeunes premiers romantiques ». Becker m'a donné le rôle d'un voyou. A partir de là, je suis resté voué aux personnages antipathiques. » C'est d'ailleurs ce que j'ai été au naturel : un jeune prétentieux assez sot : quand je suis arrivé au tournage de « Mandrin » en extérieurs, mes premiers mots au metteur en scène ont été : « Où est ma loge ? ». Il m'a regardé interloqué : nous étions en rase campagne et il n'était pas question de loge, même pour une très grande vedette ! » Pourquoi me serais-je interrogé sur moi-même, cependant ? J'enchaînais film sur film, pièce sur pièce. Cela a duré quinze ans. Puisle cinéma s'est transformé. Les nouveaux metteurs en scène m'ont ignoré ; on a oublié ceux qui me connaissaient. Les questions que je n'avais pas su formuler à trente ans, la vie me les a posées, sans ménagement, à quarante.»
Rendez-vous avec lui-même
Ce soir, Philippe Mareuil, après une journée de douze heures de travail, va regarder ce film qu'il tourna à vingt ans. Et ce nouveau rendez-vous de juillet, vingt- quatre ans après l'autre, sera surtout un rendez-vous avec lui-même. Il pourra s'y confronter avec le gamin trop comblé qu'il était alors. C'est tout de même une belle leçon que sa préférence aille au personnage qu'il a su devenir aujourd'hui. Même si ce personnage est anonyme : même si ce choix est teinté d'une certaine mélancolie. Sans compter que la maturité qu'il a acquise par force fait à présent de lui un autre homme. C'est-à-dire un autre comédien capable — sait-on jamais — de connaître une nouvelle carrière. Il le dit lui-même en riant : « A peine si je parais quarante ans ». Son avenir est devant lui.
Nicole Courcel : "J'ai mangé mon pain blanc le premier"
"RENDEZ-VOUS de juillet », nous dit Nicole Courcel (notre photo), était mon premier film. J'étais au cours Simon. Becker y est venu un jour. Six mois plus tard, il m'a convoquée pour des essais et engagée. Nous étions presque tous débutants. Seuls, Gélin et Brigitte Auber étaient déjà un peu connus. « Becker n'était heureux qu'avec des jeunes comme nous. Le tournage a duré six mois, nous ne nous sommes pas quittés. Après la journée à Francœur, nous descendions le soir à Saint-Germain-des- Prés écouter Claude Luter. Nous passions nos nuits au « Lorientais ». On ne dormait que cinq ou six heures par nuit, mais nous n'avions pas vingt ans. Je ne le ferais plus maintenant. Même les jours où je n'avais rien à faire, je venais au studio. J'apprenais à danser le bop avec Dé, un Noir qui jouait dans le film. Il y a des moments où l'on vit dans une atmosphère bénie. C'en était une. Ça s'est reproduit au moment de la nouvelle vague. » Jacques Becker était un homme fascinant. De tous les metteurs en scène avee lesquels j'ai travaillé, il est celui qui m'a le plus appris. Grâce à « Rendez-vous de juillet », j'ai mangé mon pain blanc le premier. J'ai eu mon pain noir après. » Tout de suite après, j'ai tourné « La Marie du port » avec un prestigieux partenaire, Jean Gabin. A la suite de quoi, on a pris l'habitude de fonder un film sur mon nom. A tort, je ne faisais pas le poids. On m'en a voulu d'avoir raté deux films de suite. L'un d'eux était pourtant très bon : « Les Amants de Bras Mort », de Marcel Pagliero, qu'on avait tourné sur une péniche. Après ces deux échecs, j'ai eu des moments difficiles, passant du cinéma, qui ne marchait plus, au théâtre, et y revenant. J'ai fini par arriver à une douce philosophie. Le succès est un hasard. Une pièce triomphe on ne sait pourquoi, une autre que j'adore échoue. Au théâtre, d'ailleurs, j'ai eu la chance qu'aucune des huit pièces que j'ai jouées n'a duré moins de cent cinquante représentations. » Quant à la télévision, pendant longtemps, la façon dont on réalisait les émissions ne m'intéressait pas. J'ai tout de même tourné « La Parisienne » il y a quatre ou cinq ans. Je viens de tourner « Famille Boussardel ». Seule, la télévision pouvait s'offrir ce luxe. C'est d'ailleurs moi qui ai demandé à Philippe Hériat l'autorisation de proposer son roman à la TV.
Pierre Trabaud : — Becker aurait fait jouer un arbre !
PIERRE TRABAUD, lui aussi, avait vingt ans quand Becker lui a offert sa première chance. Ce n'était pourtant pas « Rendez-vous de juillet » ; c'était « Antoine et Antoinette » : « J'étais chez Simon et pratiquais la boxe. Un camarade m'avait dit « Becker a un rôle de boxeur. » Je suis allé le voir. Il m'a engagé. J'ai tourné avec Claire Mafféï, alors inconnue, et Roger Pigaut. Becker dirigea très facilement toute la bande de débutants qu'il avait réunie pour « Rendez-vous de juillet » : il aurait fait jouer un arbre ! Avant, on m'avait enseigné à jouer la comédie ; lui m'a appris à ne pas la jouer. Il avait le don. Depuis « Rendez-vous », je n'ai tourné que treize films. C'est peu. Mais je ne peux jouer que si j'en ai vraiment envie. D'ailleurs, sur ces treize films, douze m'ont vraiment plu. Ce n'est pas si mal. De même, à la télévision, je n'ai tourné que des dramatiques comme « Légion », « Les Petits Soldats » et des pièces de Jean Cosmos. Je vais d'ailleurs en jouer une nouvelle ainsi qu'une'dramatique que réalisera Philippe Jouliat. »