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Alain Delon avec une transparence
Gaston Meunier arriere plan degarni et assis
homme de main de Rico 3 a gauche mains en l air
Transports Setnic Chalon S Saone
Alain Delon Jeff Corey André Bourvil le commissaire François Mattéï Yves Montand Jansen Gian Maria Volonté Vogel [doublé par Serge Sauvion] François Périer Santi André Ekyan Rico Pierre Collet le gardien de prison Paul Crauchet le receleur Paul Amiot l’inspecteur général des Services Jean-Pierre Posier l’assistant de Mattéï Yves Arcanel le juge d’instruction René Berthier le directeur de la P.J. Jean-Marc Boris Jean-Marc Santi Jean Champion le garde barrière de Meursault-L’Hôpital Yvan Chiffre un policier Anna Douking l’ancienne amie de Corey Robert Favart le vendeur chez Mauboussin Roger Fradet un policier Edouard Francomme le gardien du billard Jean Franval le tenancier d’hôtel Jacques Galland le chef de train Jean-Pierre Janic Paul, l’homme de Rico Pierre Lecomte l’adjoint de l’I.G.S. Jacques Léonard un policier Jacques Leroy un policier Jean Pignol un employé du greffe Robert Rondo un policier Marcel Bernier un employé du greffe Stéphanie Fugain la cigarettière Robert Leray un client du cabaret Gaston Meunier un client du cabaret Guy Henry un garde
Le Cercle rouge
Réalisation: Jean-Pierre Melville (1970)
Production : Les Films Corona (Paris), Selenia (Rome)
Distribution : Corona
Réalisation & scénario : Jean-Pierre Melville
Directeur de la photographie : Henri Decaë (Eastmancolor)
Cadrage : Charles-Henri Montel
Musique : Eric de Marsan
Son : Jean Nény
Montage : Marie-Sophie Dubus
Décors : Théo Meurisse
Assistants réalisateurs : Bernard Stora
Script-girl : Jacqueline Decaë
Production : Robert Dorfmann, pour Les Films Corona (Paris), Selenia (Rome)
Studios : Boulogne
Extérieurs : Paris, région parisienne, Chalon-sur-Saône, Marseille
Tournage : janvier/avril 1970
Sortie à Paris : 20/10/1970
Le 23 septembre 1970, par une belle matinée d'automne, une nouvelle éclate et chacun, stupéfait, se découvre en deuil : Bourvil est mort ! Bourvil, qui venait de tourner film sur film,,, Bourvil qui, à la radio, venait d'être un cocasse « Monsieur Paillasson », Bourvil qui savait faire rire tous les publics, parisien ou provincial, et de surcroit les émouvoir, Bourvil, qui faisait l'unanimité, tant par son talent que par sa gentillesse et sa modestie, Bourvil, cet amuseur de noces et banquets devenu un « Monsieur », parce qu'il était capable simplement de tout jouer, Bourvil, qui, depuis quelque temps, ne cessait de répéter : « Pourquoi ?... C'est injuste.»
Depuis deux ans, il savait. Mais les autres, public, réalisateurs, comédiens (même sa doublure) et amis, tous ignoraient. Parce que, jusqu'au bout, il avait continué, avec sa volonté et son courage, à souffrir sans rien dire, à vivre normalement.« Je suis un homme heureux, en bonne santé, optimiste et lucide », déclarait-il dans le dossier de presse de son dernier film. Il ne parlait que de ses projets de vacances en Tunisie, au soleil, avec sa famille, « tous ensemble », de sa rentrée sur scène et de ses futurs rôles. « Le seul plaisir que je lui ai fait, déclarait Jean-Pierre Melville, c'était de lui expliquer quel serait le prochain film que l'on ferait ensemble. Je lui ai raconté un scénario que j'inventais avec un rôle de gangster. Il m'a pris les mains, puis : « Vous y croyez vraiment, dites, que je pourrai encore tourner un film avec vous ?»
Quand Melville choisit Bourvil pour « Le Cercle rouge », il pense engager l'un des cinq plus grands acteurs du cinéma français. Après le tournage, il dira : « Non, il est le tout premier. » Pourtant, ce rôle de commissaire, nouveau pour lui, inquiète Bourvil : « Ce Mattei, demande-t-il, est-ce un salaud ou un brave type ? » Le 18 décembre 1969, ils sont assis tous les deux dans une petite salle de projection de la rue de Ponthieu... Melville veut lui montrer un film américain. « De sang-froid », où John Forsythe joue le rôle du policier : « C'est comme lui que je veux que vous soyez. » Quand Forsythe apparaît sur l'écran, Bourvil murmure : « Mais il est beau... Je ne suis pas beau, moi... Et puis, il est bien habillé. » « Vous serez beau, vous aussi, lui répond le réalisateur.,. Et aussi élégant que lui.»
Les jours suivants, Melville conduit Bourvil chez son tailleur. Il lui fait faire deux costumes sombres taillés droit, à trois boutons, et des chemises blanches à col italien souple. Puis on fait venir de Londres deux trench-coats « Mtlitary Type ». Bourvil est fou de joie. Pendant le tournage, Melville est exigeant, sévère. Mais Bourvil tient. Il court, revolver à la main. « Lorsque je l'ai fait tirer sur des gangsters avec un pistolet — c'était la première fois qu'il en tenait un dans sa main — il a pleuré. Tuer son prochain dans un film l'impressionnait au plus haut point ». dit Melville.
— Monsieur Bourvil, je vais vous faire doubler, c'est trop fatigant — Monsieur Melville, n'y pensez pas, je vais très bien. Bourvil, c'est vrai, se sent mieux. A la fin du film, alors que les projecteurs s'éteignent après le dernier plan, il se met soudain à chanter pour les techniciens : « La tacatactactique du gendarme » ! Séquence improvisée, que les caméras vont enregistrer. « Bourvil était la seule, mais vraiment la seule personne complètement aimée de notre profession », disait Melville. Mi-août, alors qu'il est déjà frappé à mort, Bourvil vient au studio de Boulogne pour un raccord de synchronisation.
Un rôle d'homme
« Cette heure-là, déclare Melville, je ne l'oublierai jamais. Amaigri, hagard, un masque tragique, l'excuse qu'il murmure de ne pas se lever pour me saluer, prétextant une quelconque crise néphrétique, au lieu de m'avoir fait dire qu'il ne pouvait pas se déranger, que je n'avais plus qu'à me débrouiller avec le son direct de la prise tournée, tout cela porte des noms. C'est conscience, c'est courage. C'est peur de ne pas remplir jusqu'au bout son rôle, pas celui du film. L'autre, plus important, son rôle d'homme.» Un mois plus tard, c'est la fin. André Raimbourg meurt le premier jour de l'automne, cette saison qu'il n'avait jamais aimée. Bourvil, lui, est toujours vivant.
En filmant des tragédies policières, Melville voulut être un moraliste
On l'appelait « le plus américain des cinéastes français ». Avec son grand chapeau à larges bords, ses lunettes noires et son éternel cigare, Jean-Pierre Melville se donnait des allures hollywoodiennes, mi-« producer », mi-héros de films noirs. Il avait sa maison de production, ses studios personnels et une prédilection pour les mauvais garçons, les hommes forts et virils vivant dangereusement à la manière des gangsters et détectives privés du cinéma américain des années trente quarante, dont il était un spectateur émerveillé. Il fut l'un des premiers à découvrir le romantisme du cinéma américain, de ses espaces et de ses cow-boys sublimés. Le cinéma était toute sa raison de vivre. Depuis toujours. Après la guerre, il emprunte son pseudonyme au père de « Moby Dick » et débute par un court métrage : « 24 heures de la vie d'un clown ». Puis il se fait connaître, en 1947, par « Le Silence de la mer », qu'il tourne d'après le récit de Vercors, en s'engageant à détruire le film si le résultat ne plait pas à son auteur. Simplement parce qu'il admire le livre, qu'il est intransigeant et qu'il aime le risque. Ce succés d'estime est confirmé, deux ans plus tard, par « Les Enfants terribles », d'après Cocteau. En onze ans, Melville ne tourne que cinq films. Puis, en 1961, avant d'entreprendre « Léon Morin, prêtre », il déclare : « Maintenant, c'est terminé, je vais faire des films commerciaux, qui feront de l'argent, mais je ne me trahirai pas pour autant » Il tint parole. « Un film, c'est d'abord une histoire. L'intrigue policière est le véhicule le plus commode pour aborder la tragédie... Je ne suis pas un réaliste mais un moraliste. » En effet, l'énorme succès du « Cercle rouge », après « Le Deuxième Souffle », « Le Samouraï », et « L'Armée des ombres » en fait l'un des premiers metteurs en scène français. Travaillant douze à quinze heures par jour, il avait lui-même oublié un premier infarctus en 1956. Il est mort d'une crise cardiaque, à cinquante-six ans, le 3 août 1973, juste trois ans après Bourvil, qui était de trois mois son ainé.