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Serge Reggiani et Philippe Nahon
Le doulos
EN exergue, un fragment d'une phrase de Céline : « Mentir ou mourir » — et, à partir d'une série noire classique, Jean-Pierre Melville, la mise en scène incarnée, nous offre un film furieusement intelligent sur le mensonge. « Le Doulos » c'est, en argot, le mouton, l'indicateur de police. Melville nous le montre en action, improvisant des mensonges royaux, somptueux, délicatement ciselés. Le mécanisme, fascinant, est d'une si grande précision qu'il est impossible de distraire son attention une seconde, sous peine de perdre le fil de la toile d'araignée subtile que tisse le Doulos. Ses rapports ambigus entre le milieu et la police, J.-P. Melville nous les dévoile avec sa science efficace de la mise en scène. C'est peu dire que l'on ne s'ennuie pas, pendant une heure et demie on demeure l'œil rivé à l'écran.Surmontée la première irritation de se trouver plongé, une fois encore, chez les truands, et d'assister à leurs règlements de comptes, on reste confondu d'admiration devant la maîtrise de Melville.
Réussite totale
Son film brille par sa densité, sa vigueur, son intelligence, un crescendo savant, un rythme exemplaire et une direction d'acteurs au-delà de tous éloges. Serge Reggiani est remarquable et Belmondo presque aussi bon, mais le moindre rôle prend ici du relief. Quand on songe que Jean-Pierre Melville avait atteint une perfection sensiblement égale en réalisant son précédent film : « Léon Morin, prêtre », on peut saluer l'auteur du « Doulos » comme l'un de nos plus grands metteurs en scène.