Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
FILM à petit budget et
à grandes ambitions,
« La Vie à l'envers »,
d'Alain Jessua, plus
qu'une histoire, conte
l'aventure spirituelle d'un
homme peu connu, Jacques Valin.
Peu importe que notre
héros soit agent immobilier, qu'il épouse par coup
de tête Viviane, la covergirl qui partage sa vie
sans y rien comprendre.
Peu importe qu'il perde
sa situation et bientôt sa
femme. Au-delà de la bana1ité quotidienne, ce
film pirandellien dénonce
la réalité vécue. Jacques
veut « rendre les objets transparents », il désire « aller au-delà des
choses », selon ses propres termes. Il reprendrait volontiers à son
compte la phrase de M.
Teste de Paul Valéry :
« Otez toute chose que
j'y voie. » En fait, il applique cette maxime à la
lettre puisqu'il finit par
bannir de son intérieur
tout le mobilier de sa
chambre.
C'est là une œuvre difficile qui réclame une
grande participation du
spectateur, mais aussi
une œuvre passionnante
par l'ambiguïté du personnage principal à qui
Charles Denner prête ses
traits et donne tout son
talent. La réalisation est
d'une grande sobriété.
Les images sont d'autant
plus claires que les problèmes de Jacques deviennent plus complexes.
Un regard neuf
Est-il fou cet homme
qui quitte ses amis avant
son repas de noces, qui
passe un après-midi au
bois de Vincennes à fixer
un arbre et avoue ensuite au gardien détester les
arbres ? Est-il inconscient ce mari qui reste
sans réaction devant une
tentative de suicide de sa
femme, puis devant son
départ ?
Est-ce un simulateur
celui qui, arrivé dans une
clinique psychiatrique, dit
en souriant : « Je les ai
bien eus » ?
Cet homme échappe en
tout cas à toutes les normes. Délivré des contingences et des servitudes,
il pose sur le monde un
regard neuf et absent.
Car, peut-être, a-t-il trouvé la seule totale liberté :
la liberté du rêve.