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C'est le nouveau coup de la bande à Bébel et ça va marcher, soyez en sûrs et certains. D'abord c'est étudié pour, c'est rigolo, et la plupart d'entre nous ne rechignent pas à retrouver leurs quinze ans de temps en temps. Ensuite « Le Guignolo » sort, en même temps, dans quelque deux cents salles en France ; comment y échapper ? Surtout que depuis des semaines, du haut de ses affiches, Belmondo en chapeau haut-de-forme et caleçon à pois nous y invite d'une œillade coquine. Ça l'intéresse directement Bébel que vous alliez voir son film. Il n'en est pas seulement la vedette mais également le producteur et le distributeur. A la fin du compte, il encaisse sur tous les fronts. Il faut espérer qu'il consacrera une partie des recettes à la sauvegarde de la ville de Venise, autre vedette du film sans qui « Le Guignolo » ne serait pas ce qu'il est. Les édiles vénitiens me paraissent d'ailleurs bien légers d'autoriser les courses poursuites en canots automobiles sur le Grand Canal. Pour une ville si fragile et vermoulue, que le monde entier s'efforce de sauver des eaux, c'est un curieux traitement appliqué deux fois au moins l'année dernière pour James Bond : « Moonraker » et pour « Le Guignolo », de Bébel. On peut comparer les deux films, ils se ressemblent, c'est-à-dire que « Le Guignolo » louche furieusement du côté du dernier James Bond, mais lui c'est un franc tireur et, s'il a un matricule, c'est celui de son récent passage à la Santé. Bébel, « Le Guignolo », est une sorte de gigolo de la cambriole qui se trouve embarqué par hasard dans une histoire d'espionnage à laquelle il ne comprend rien. Nous non plus d'ailleurs, le scénario est d'une confusion totale. Il semble en ressortir que pour une recette de faux pétrole, de vrais émirs, un pseudo plombier, un authentique commandant des Services secrets et d'inquiétantes barbouzes chauves mènent une sarabande effrénée autour de Bébel. Lui passe son temps à se cavaler et à cascader. Ça, Jean-Paul Belmondo adore et cette fois il met le paquet. Il sort d'un placard en caleçon à pois, bondit sur le toit d'une vedette et s'accroche au trapèze d'un hélicoptère qui passait par là. Sûr, c'est bien lui : Georges Lautner fait des prodiges de caméra pour qu'on s'en aperçoive et Bébel a même compliqué l'exercice en gardant ses bijoux, ce qui fait du poids.
Lingerie transparente
En revanche, ce qui ne pèse pas lourd dans « Le Guignolo » ce sont les femmes. Il n'y en a pas. Y croisent seulement une pépée cervelle poids plume et une nana aux beaux nénés (à propos, la mode revient au cinéma à la lingerie transparente et suggestive). Débordé par sa fuite en avant. « Le Guignolo » n'a d'ailleurs jamais le temps de consommer. Cela ne fait rien, l'ivresse n'est pas là mais dans le dialogue irrésistible de Michel Audiard qui nous sert son cocktail des grands jours : un tiers de gouaille des faubourgs, un tiers d'anar bon teint, un tiers de calembours bons.