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Philippe Gaste Paul Crauchet et Alain Delon
Riccardo Cucciolla Richard Crenna et Michael Conrad
Alain Delon Commissaire Édouard Coleman Paul Crauchet Inspecteur Morand Richard Crenna Simon, un truand, ancien ami du commissaire Catherine Deneuve Cathy, compagne de Simon Riccardo Cucciolla Paul Weber, un chômeur qui devient truand Simone Valère La femme de Paul Michael Conrad Louis Costa, un truand André Pousse Marc Albouis, le truand gravement blessé Jean Desailly Le Monsieur homosexuel Dominique Zentar Le jeune homosexuel voleur Valérie Wilson Gaby,le travesti, indic du commissaire Henri Marteau Commissaire Sasia formateur au stand de tir Catherine Rheti L'infirmière qui refuse le transfert d'Albouis Philippe Gasté un policier à la gare Jako Mica La restauratrice qui appelle le commissaire Jean Minisini Mathieu la valise Roger Fradet L'employé de banque au guichet Pierre Vaudier Un employé de la banque attaquée Jacques Galland Le contrôleur de train Jean-Pierre Posier Un truand Jacques Leroy Un truand à la gare Jack Léonard Un truand à la gare Jo Tafanelli Un truand Stan Dylik Jacques Galland Le contrôleur du train Michel Fretault Gene Moyle Nicole Témime Louis Grandidier Pamela Stanford Georges Florian
Compléments : Donatienne Roby, mai 2022
UN FLIC (Lettre à l'auteur) Cher Jean-Pierre Melville. Vous aviez téléphoné à la maison et au journal, partout j'avais des messages me donnant les heures de projection d' « Un flic ». Comme on sait que je vous admire beaucoup et que je ne manque guère d'occasions de faire l'éloge de votre talent perfectionniste, inutile de vous dire que vos appels m'étaient transmis avec une sorte de respect. Bref, à votre première projection, j'étais là. Pas seule. Votre nom suffit à rassembler les aficionados du cinéma d'auteur et nous avions tous bousculé notre emploi du temps pour courir voir « Un flic », toutes affaires cessantes. Nous savions bien que vous étiez ennuyé de la sortie prématurée de votre film : en même temps que «Le Parrain », le « César et Rosalie », de Sautet, et ce « Professeur » italien, de Valerio Zurlini, dont Alain Delon est également la vedette. Mais enfin, il sortait et nous étions impatients, comme toujours, de voir votre nouvelle œuvre. Comment vous dire à la fois que votre film est digne de votre habituelle perfection, admirablement mis en scène, magistralement monté, plein de ces soins méticuleux que vous apportez toujours aux éclairages — parfaits — et au son — impeccable ? Votre technique est incomparable et pourtant « Un flic » est pour moi une bien vive déception.
Paris la nuit
A la lumière de cette phrase que vous avez empruntée à Vidocq pour préfacer votre film : « Les seuls sentiments que l'homme ait jamais été capable d'inspirer au policier sont l'ambiguïté et la dérision », je vois bien ce que vous visiez : quelque chose comme la « défense et illustra tion du Petit Bonhomme Flicum » ou si vous préférez, « Grandeur et Servitude d'un commissaire de police ». C'est une idée qui vous tient à coeur et que déjà vous développiez dans «Le Cercle rouge ». Ainsi, vous nous montrez — et fort bien — la routine d'un commissaire de police qui sillonne Paris la nuit à bord d'une voiture radio. Au moindre appel, il répond : « D'accord, on y va et je vous rappelle après. » Des tas d'affaires chaque nuit, pusillanimes ou tragiques. Son travail, c'est d'arrêter les malfaiteurs : il a ses indics, ses contacts, ses agents doubles. Il lui arrive de tomber sur plus gros gibier qu'il espérait. Il lui ar rive aussi de tomber sur un gibier qu'il n'attendait pas : un vieux copain trafiquant de drogue sur lequel il tire, un peu trop vite, en l'arrêtant, plutôt que de le livrer à la justice.« Un flic » débute par un hold-up tout à fait onirique, à Saint Jean de Monts, en hiver, dans une agence de la B.N.P., au bord de la plage. Je crois bien savoir que ces agences-là sont fermées hors-saison mais c'est très poétique : la vague déferlante, la pluie, le vent, la tempête et ce désert où résonne inlassablement un signal d'alarme qui n'alerte que les mouettes. Nous connaissons la bande avant le flic. Il entre en scène tout de suite après, dans sa voiture radio qui descend les Champs-Elysées, un soir de décembre. Un Père Noël-mouton (à qui se fier ?) lui susurre à un feu rouge que son « contact » arrive. C'est un travesti pitoyable, vaguement amoureux du commissaire : il lui indique le gros coup où son ami est engagé. Ce coup, la bande de Saint Jean-de-Monts l'a aussi éventé et décidé de s'en servir. C'est ainsi que vous ouvrez, au milieu d' « Un flic », une large parenthèse, véritable film dans le film, où l'on jugerait que vous avez voulu pasticher votre confrère Henri Verneuil : train, hélicoptère et des tas de James-Bonderies distrayantes. Vous, ce qui vous intéresse, c'est la solitude du flic et, précisément, pendant votre « séquence Verneuil », il est aussi absent que vous. Lorsqu'il réapparaît, il a compris mais il a bien mauvaise mine, les nuits de veille, sans doute ! Vous avez beau lui offrir, comme dans « Le Cercle rouge » d'ailleurs, un petit spectacle de cabaret en passant, il garde l'oeil en berne.
Etats d'âme
Dois-je vous dire, cher Jean-Pierre Melville, que l'on se moque éperdument des états d'âme et des regards magnétiques à hauteur d'homme qu'échangent flics et truands ? N'en avez vous pas assez vous aussi de jouer éternellement au gendarme et au voleur, même avec d'aussi bons partenaires que Delon, Paul Crauchet, Crenna, la sublime Catherine Deneuve et l'admirable Ricardo Cucciola qui fut Sacco ? Serait-ce trop vous demander que de vous souvenir que vous êtes l'auteur, le cinéaste admirable, de « L'Armée des ombres », » Léon Morin prêtre », « Deux hommes dans Manhattan » et que nous sommes nombreux à espérer que vous allez bientôt retrouver cette veine ? Merci d'avance d'y penser.
Jacqueline MICHEL