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Delphine Seyrig Jean Pierre Leaud
Jean Pierre Leaud Claire Duhamel
Michael Lonsdale Jean-Pierre Leaud
Claude Jade ( Christine Darbon ) Jean-Pierre Léaud ( Antoine Doinel ) Delphine Seyrig ( Fabienne Tabard ) Michael Lonsdale ( Georges Tabard ) Harry-Max ( M. Henri ) André Falcon ( M. Blady ) Daniel Ceccaldi ( Lucien Darbon ) Jacques Rispal ( M. Colin ) François Darbon ( L'adjudant-chef Picard ) Martine Brochard ( Mme Colin ) Marie-France Pisier ( Colette Tazzi ) Claire Duhamel ( Mme Darbon ) Paul Pavel ( Julien ) Serge Rousseau ( L’homme qui suit Christine ) Albert Simono ( Albani, le client de l'agence ) Chantal Banlier ( Une vendeuse du magasin de chaussures ) Martine Ferrière ( La chef-vendeuse du magasin de chaussures ) Liza Braconnier ( La prostituée triste ) Roger Trapp ( M. Shapiro ) Jacques Robiolles ( Le chômeur de la télé ) Luce Fabiole (Une femme qui ouvre sa porte) Ernest Menzer (Un homme qui ouvre sa porte) Anik Belaubre ( La concierge au bordel ) Marcel Berbert ( Un homme qui ouvre sa porte ) Karine Jeantet ( Une vendeuse du marchand de chaussures ) Jean-François Adam ( Albert Tazzi ) Catherine Lutz (Catherine) Christine Pellé ( Melle Ida ) Pascale Dauman ( La Parisienne suivie dans la rue ) Jacques Delord ( Robert Espannet, le prestidigitateur ) Léon Elkenbaum ( Le dentiste ) Robert Cambourakis ( L'amant peureux de Mme Colin ) Carole Noe ( La grande fille ) France Monteil ( La prostituée gentille ) Madeleine Parard ( La prostituée méchante )
Résumé : Antoine Doinel est exclu de l’armée française pour son inadaptation avec l’autorité militaire. Il retourne chez les Darbon pour revoir Christine, la fille de la maison, dont il est amoureux. Si celle-ci n’est pas présente, son père lui trouve un travail de veilleur de nuit dans un hôtel.
Son travail lui convient mais il est licencié car il laisse entrer un détective privé et un mari trompé qui constatent un adultère. M. Henri, le détective privé, compatissant pour Antoine, le fait engager au sein de son travail. Malgré sa bonne volonté, il n’est pas très doué pour assurer les filatures. Il va alors travailler chez un marchand de chaussures, Georges Tabard qui veut savoir pourquoi personne ne l’aime. Il rencontre alors Fabienne Tabard et il tombe immédiatement amoureux d’elle. Il va même coucher avec elle ce qui entrainera son licenciement.
Christine, de son côté, amoureuse d’Antoine, finira par l’entrainer dans son lit …
Baisers volés est le 3° film de la série Antoine Doinel: il se situe entre "L'amour a vingt ans" et "Domicile conjugal".
Le film débute (et se termine également) sur la chanson de Charles Trenet "Que reste - t - il de nos amours" dont le titre du film provient des paroles de la chanson. C'est donc un film plein de nostalgie sur le temps passé.
François Truffaut a choisi de faire jouer sa petite amie de l'époque Claude Jade qui débute ainsi une brillante carrière.
Alain Bourgeois, Avril 2021
Interview de François Truffaut en 1973
François Truffaut ne croyait pas au succès de "Baisers volés"
BAISERS VOLES possède un trait commun avec la chanson de Charles Trenet qui inspira son titre: tous deux connurent un démarrage difficile. La chanson, « Que reste-il de nos amours ? », Trenet l'avait écrite pour Lucienne Boyer, qui la refusa sous prétexte qu'elle l'eût « vieillie ». Sorti en 1968 dans plusieurs salles d'exclusivité parisiennes, « Baisers volés » n'attira la première semaine que quelques centaines de spectateurs. Le public ne vint en masse que quinze jours plus tard, alors qu'il était question de retirer le film. François Truffaut lui-même ne croyait pas au succès. Ses producteurs, « Les Artistes associés », encore moins : « Je leur avais remis un synopsis de vingt pages, raconte Truffaut et j'avoue que ce n'était pas d'après cela qu'on pouvait espérer le Prix Louis-Delluc. Le contrat étant signé, il fallait bien l'exécuter, mais il restait la possibilité de rogner mon budget. C'est ce que l'on fit en m'interdisant de tourner en province, comme je l'avais prévu. Economie pour la production : 30 millions... » Au total, le film en a coûté moins de 200 et... il a reçu le Delluc 68 !
L'or de la filature
Au générique, aucune vedette vraiment « commerciale ». Jean-Pierre Léaud était déjà très discuté, Claude Jade débutait au cinéma et Delphine Seyrig n'avait qu'un rôle secondaire. Truffaut, d'ordinaire si sûr de lui, doutait de la solidité de son scénario : « Je le trouvais mal construit, tirant en longueur comme un feuilleton de télévision. Pourtant, Bernard Revon et Claude de Givray, mes co-scénaristes. avaient amassé une solide documentation sur les «métiers dévolus aux personnages : celui de détective privé, entre autres. » La célèbre Agence Dubly « 54 années d'expérience », « Spécialiste des filatures discrètes y compris en auto », « Enquête avant mariage et sur moralité », etc, fournit les éléments d'authenticité se rapportant au passage du héros du film dans cette profession assez spéciale. C'est grâce à l'expérience de ses collaborateurs qu'Antoine Doinel (Jean-Pierrn Léaud) apprend, par exemple, que, lorsqu'on file quelqu'un, on doit s'efforcer de le suivre en regardant ses jambes plutôt que sa nuque, car si le suivi se retourne, son regard croise celui du suiveur et celui-ci peut se considérer comme « brûlé ».
Conçu comme une enquête
Le client qui demande une enquête pour savoir « pourquoi personne ne l'aime » est directement issu des archives de Dubly (rebaptisé Blady). Ce personnage, toutefois, François Truffaut l'a étoffé à sa manière. Je lis dans ses «Notes de travail » : « On doit l'imaginer très proche du Clément Morane de « La Mariée était en noir », également interprété par Michel Lonsdale. Le construire en pensant à quelqu'un comme Jean Dutourd, solennel, content de lui et ne se doutant pas qu'il est malaimé Justement à cause de la satisfaction qu'il affiche et surtout de ce manque de « doute » que sa visite chez Blady semble démentir... » Autre « client » authentique : l'inverti piquant une crise de désespoir furieux lorsqu'il apprend que, si son ami l'a quitté, c'est pour se marier avec la jeune femme qui lui a donné un enfant. François Truffaut le confirme : « Tout est parti du travail de Bernard Revon et Claude de Givray, conçu et réalisé comme une grande enquête de journal. S'ils n'avaient pas réuni, auprès de l'agence Dubly et dans les autres milieux où évolue l'action, toute cette prodigieuse information vivante, il n'y aurait pas eu de film. » Malgré cela, quinze jours avant le début du tournage, le scénario de « Baisers volés » n'en était qu'à l'état d'esquisse. Truffaut a beau avoir l'habitude d'improviser en dernière minute, il envisageait, cette fois, de renoncer. Depuis quelque temps, d'ailleurs, un autre souci l'accaparait, au point qu'il en négligeait la préparation de son film.
Dédié à la Cinémathèque
On se souvient qu'André Malraux, ministre des Affaires culturelles, avait eu l'idée de retirer à Henri Langlois la responsabilité de la Cinémathèque française, qu'il a fondée en 1934 avec Georges Franju, pour la confier à un fonctionnaire. Ce fut un tollé général. Dans la profession cinématographique comme dans le public, le mouvement protestataire prit un tour passionnel qui donna à l'incident les proportions d'une affaire d'Etat. Le ministre finit par se souvenir qu'il était cinéaste à ses heures et il capitula. Truffaut, qui perd rarement l'occasion de proclamer qu'il a fait son apprentissage à la Cinémathèque, avait pris la tête des manifestations pro-Langlois. C'est pourquoi « Baisers volés » commence par un lent panoramique descendant jusqu'à l'entrée de laCinémathèque, dans les jardins du Palais de Chaillot, tandis qu'on peut lire en surimpression : « Ce film est dédié à la Cinémathèque française d'Henri Langlois. François Truffaut. » La victoire des cinéphiles n'étant pas absolument acquise aux premiers temps du tournage, le mouvement de la caméra s'achève devant les grilles fermées, auxquelles est accroché cet écriteau : Relâche. La date de réouverture sera annoncée par voie de presse. » François Truffaut reverra « Baisers volés » dans le salon de son hôtel de Cannes, où il est venu présenter (hors compétition) son dernier film « La Nuit américaine». avec Jean-Pierre Léaud, Jacqueline Bisset et Jean-Pierre Aumont. Il reverra sans doute avec plaisir cette troisième partie (après « Les Quatre Cents Coups » et « L'Amour à vingt ans » et avant « Domicile conjugal ») de sa tétralogie des « Aventures d'Antoine Doinel ». car il conserve une certaine tendresse pour ce film qu'il a bien failli ne pas faire. Pourtant, Truffaut n'apprécie pas toujours le passage Inopiné de ses films à la télévision : « Dans la mesure où l'on me demande mon avis, expllque-t-il, je refuse de les donner à la TV tant qu'ils n'ont pas entièrement terminé leur carrière dans les salles. Et « Baisers volés » repasse encore dans le circuit Art et Essai... Faut-il ajouter que, cette fois encore — et pour notre chance — on ne lui a pas demandé son avis ?...
"Léaud c'est le meilleur"
L'ECHEC de son ami Jean-Pierre Léaud (photo) dans « L'Education sentimentale », réalisée pour la TV par Marcel Cravenne, a tout à la fois peiné et surpris François Truffaut : « Avant d'accepter le rôle, dit-il. Jean-Pierre était venu me demander conseil et je l'avais vivement encouragé à travailler sous la direction d'un réalisateur qui avait merveilleusement su traduire « David Copperfield ». Je me suis trompé, et j'ai mal conseillé Jean-Pierre... » Cet échec, Truffaut l'attribue « pour un tiers a l'adaptation du roman de Flaubert, et pour les deux tiers à sa mise en images ». « Ma confiance en Jean-Pierre Léaud reste entière, poursuit-il. Je répète qu'il est, selon moi, le meilleur acteur de sa génération et qu'il serait injuste d'oublier qu'Antoine Doinel n'est pour lui qu'un des personnages qu'il a joués, un des doigts de sa main... » A Cannes, où il accompagne son metteur en scène, Jean-Pierre Léaud compte sur une double revanche, il n'est pas seulement, en effet, le principal Interprète de « La Nuit américaine », de François Truffaut, mais aussi celui de « La Maman et la Putain », de Jean Eustache, de qui nous avons pu voir, à la télévision « La Rosière de Pessac ».