Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
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Un été 1935. Des vacances familiales, dans une province française. Histoires d'héritage, conflit de caractères. Ruinée par la crise, la moyenne bourgeoisie est contrainte de dilapider son patrimoine. Ce n'est pas un été comme les autres. Nous sommes à un tournant de l'histoire. En Allemagne, les nazis ont pris le pouvoir. En France, leurs amis groupés en ligues ont essayé d'en faire autant. Pour les en empêcher, les associations populaires s'unissent, en ce 14 juillet, prêtant le serment qui aboutira, un an plus tard, à la victoire du Front populaire.
Sophie, la fille unique, fait du théâtre. Elle répète du Marivaux pour la rentrée. Obstinée et capricieuse, elle a épousé, pour fuir l'emprise maternelle, Bruno, un militant communiste doctrinaire, vulnérable sous son assurance. Sa mère est venue avec un amant moins âgé qu'elle, qui la délaisse pour un ami de passage, un jeune Allemand issu de la bourgeoisie juive. Il y a encore une vieille tante, à qui il faut arracher une signature, et une servante intéressée...
Ce microcosme est le lieu symbolique où se rencontrent intrigue familiale et drame politique. Sans céder au charme trouble du "rétro", le film est attachant dans sa description, sans ostentation, d'un passé dont on sent bien qu'il mettait toute l'histoire en jeu. Ces discussions politiques au coin du feu, cette escarmouche dans les bois avec les fascistes en béret basque, les voitures des années 30... Tout cela compose un tableau complexe, un film à la fois simple et déroutant, auquel Philippe Nahoun a su donner un ton particulier, qui n'appartient qu'à lui.
Un souci de justesse
Les gestes, les voix, les attitudes des acteurs, dont la plupart ne sont pas professionnels, sont dirigés avec un souci de justesse qui tord son cou au naturel, à la manière parfois d'un Bresson. C'est irritant a priori, et cela devient séduisant. Quant à la jeune comédienne qui est au centre de cette distribution homogène, on reparlera certainement d'elle : Sophie Chemineau révèle ici une forte personnalité, sans jamais tomber, comme d'autres, dans la mièvrerie ou dans la prétention.