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Dominique Labourier et Genevieve Fontanel
Florence Haziot et Simone Signoret
Jean Rochefort et Simone Signoret
La dernière fois (la première aussi d'ailleurs) que les noms de Simone Signoret et de Moshe Misrahi furent associés sur une affiche de cinéma, c'était pour « La Vie devant soi » tiré du roman d'Emile Ajar, un sacré bon film. « Chère inconnue », où ils collaborent de nouveau, n'est pas indigne de ce souvenir, dans un registre très différent qui déconcerte tout d'abord. C'est l'histoire d'un vieux couple de solitaires, la sœur et le frère. Louise a largement passé la cinquantaine, elle est restée vieille fille pour consacrer sa vie à Gilles, son frère, la quarantaine passée aujourd'hui et que son infirmité (il est privé de l'usage de ses jambes) rend à la fois dépendant et tyrannique. Ils vivent ensemble, dans leur maison familiale, au bord de la plage, à SainteAnne-la-Palud (le film donne grande envie de connaître ce bel endroit). Leur seul contact avec le monde extérieur, c'est Yvette. Chaque matin, elle vient leur apporter leur miche de pain et partager leur petit déjeuner en y ajoutant ses commentaires sur le monde, véritable dictionnaire des idées toutes faites. Yvette est brave, prude, gentille et plutôt godiche avec son côté jeune fille prolongée. Dès qu'Yvette est retournée en ville, la solitude se referme sur Gilles et Louise. Elle astique la maison, lui, cloué sur son fauteuil d'infirme observe l'Océan et les falaises à la longue vue. Sous la surface tranquille du rituel quotidien, sous le friselis des habitudes grondent les lames de fond de la rancœur, de la colère, de la révolte. Elles ne déferlent pas à grand fracas mais des regards terribles, des tracasseries infantiles, des mots rentrés, des répliques trop vives, témoignent de ces tempêtes au fond des cœurs. Un jour où les coups de griffes de Gilles l'ont blessée plus cruellement qu'à l'habitude, Louise, par révolte, par jeu ou pour tromper son ennui envoie une petite annonce au journal local. « Femme sans enfant aimerait rencontrer... » Et la première réponse arrive : c'est Gilles qui l'a envoyée poste restante. Louise d'abord décontenancée décide de poursuivre, pour voir, ce roman épistolaire, ce jeu pipé dont elle a, seule, fixé les règles.
Une histoire poignante
Se gardant du pathos et du mélo, Moshe Misrahi (avec la collaboration de Gérard Brach pour le scénario) nous raconte cette histoire poignante avec des moyens très simples à hauteur des regards aigus des protagonistes auxquels rien n'échappe. Il burine des portraits dont la force le dispute à la subtilité (il faut voir ses croquis cruels du petit monde de la poste restante) et les objets eux-mêmes ne restent pas des natures mortes dans le tumulte sentimental de Louise et de Gilles. Le spectacle est fascinant, tout à coup, d'une cafetière ou d'une miche de pain qui jouent sur les nerfs de Louise ou d'Yvette. Jusqu'au coup de théâtre final, Misrahi ne se départit jamais de ce ton feutré et pourtant tout aura été dit : la tendresse, l'abnégation, la haine, la colère, le rêve d'amour, la résignation. Il est vrai que les trois comédiens qui mènent le jeu : Simone Signoret, Jean Rochefort et Delphine Seyrig sont admirables de naturel et de talent.
Plagiat :
Le film est tiré d'un roman de Bernice Rubens « I sent a letter to my love » paru en 1975.
Or l'histoire ressemble en de nombreux points à une nouvelle d'Hervé Bazin « Le bureau des mariages » qui lui, a été édité en 1951 !
Alors certes, plusieurs éléments ont été modifiés, mais l'intrique est la même : un homme et une femme vivent sous le même toit depuis de très nombreuses années (vrais frère et sœur ou non) , cette cohabitation les rend aigris, et la femme (qui s'appelle Louise dans les 2 histoires), se met à chercher un compagnon par le biais de petites annonces dans la presse et la seule personne qui lui répond et avec lequel elle entretient une relation épistolaire se trouve en fait être le frère (ou demi-frère) avec qui elle vit …
Cette histoire a d'ailleurs été adaptée en court métrage dés 1969 par Yannick Bellon avec Michel Lonsdale et Pascale de Boysson dans les rôles principaux. ( sources : télé 7 jours N° 485 du 9 aout 1969 page 38) , voir Le bureau des mariages
Simone Signoret Louise Martin
Jean Rochefort Gilles Martin
Delphine Seyrig Yvette Le Goff
Geneviève Fontanel Elisabeth, comédienne se faisant passer pour Béatrice Deschamps
Dominique Labourier Catherine, la metteure en scène
Gilette Barbier Madame Guillaume
Marion Loran La préposée poste
Jean Obé Hugues Le Goff
Madeleine Ozeray Madame Thomas
Danielle Altenburger La patronne magasin mode
Pierre Gallon Le prêtre
Florence Haziot La vendeuse magasin mode
Marius Laurey Le brocanteur
Anne-Marie Matignon
Albert Merour Le comédien
Eric Le Roy