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Gaby Basset entre Maffre et Blanchot
Gaby Basset et Leopoldo Frances
Jean Panisse et Charles Blavette
Jean Roger Caussimon et Berval
Leopoldo Frances et Mireille Ozy
Jean GABIN Commandant Le Quévic Andrée DEBAR Martine Henri VIDAL Michel Jean-Roger CAUSSIMON Black Gaby BASSET Madame Aimée Edith GEORGES Lola Leopoldo FRANCES Baba Antonin BERVAL Monsieur Léon Robert BERRI Frédo, l'homme de main de Black Jacques DYNAM Le Meur, second de Le Quévic Mireille OZY Gaby Gaston ORBAL Rossignol, le vieux scaphandrier Edmond ARDISSON le patron de la boîte René SARVIL l'aveugle Charles BLAVETTE un marin du "Goëland" Jean PANISSE un marin du "Goëland" Jackie BLANCHOT le premier faux policier Julien MAFFRE le second faux policier Darling LEGITIMUS la mère de Baba Jean DANIEL le policier Georges DEMAS le barman de "L'Ancre de Marine" Jean DEGRAVE le barman de la boîte de nuit Yoko TANI une entraîneuse à "L'Ancre de Marine" Sylvain LEVIGNAC
Placé dans la carrière de Jean Gabin entre « Touchez pas au grisbi » et « French Cancan », PORT DU DESIR, réalisé par Edmond T. Gréville en 1954, ne bénéficie pas de la même cote que ces chefs d’œuvre mais ce n’est pas une raison pour le négliger. Le film est centré sur le personnage d’Andrée Debar que Gabin prend sous sa protection mais - même si le personnage d’Andrée Debar y songe un temps - il n’y a pas ici d’idylle entre la jeune fille perdue et l’homme d’âge mur, thème qu’allaient développer sans tarder Verneuil, Duvivier ou Autant-Lara. Gabin la protège en souvenir de sa fille déchue et cède sans état d’âme sa place auprès de la belle à Henri Vidal. Quinze ans après « Remorques », Gabin a dû prendre plaisir à incarner de nouveau un commandant breton mais son personnage passe au second plan lorsque l’intrigue se concentre sur l’amour naissant entre Henri Vidal et Andrée Debar ou les déboires de cette dernière avec Jean-Roger Caussimon, excellent en chef sadique des contrebandiers.
Marseille sert de toile de fond et Gréville a recruté, pour la couleur locale, Ardisson, Maffre, Blavette ou Jean Panisse. Une affiche placardée sur les murs annonce Berval dans une reprise théâtrale de « Marius » alors que le même Berval joue dans le film un gangster pour rire, Monsieur Léon, qui déteste la violence et considère policiers et malfrats – lui compris - comme des imbéciles.
La dimension cosmopolite de la ville est restituée dans plusieurs scènes tournées dans le quartier de la Joliette. Chose rare dans le cinéma français de l’époque, beaucoup de comédiens et figurants noirs jouent dans le film, à commencer par Leopoldo Frances en policier déguisé en mauvais garçon ; plus étonnant encore, ce personnage devient l’amant de Madame Aimée, une femme mûre et toujours sensuelle. On aperçoit aussi Darling Légitimus, qui sera la merveilleuse grand-mère de « Rue Cases Nègres » en 1983. Cette bienveillance manifeste à l’égard de personnages le plus souvent ignorés jusque là fait paraître d’autant plus choquante une réplique de Gabin s’adressant à l’entremetteuse : « J’avais commandé une négresse ! »
Les scènes d’action sont réalistes et réussies, comme la bagarre entre Henri Vidal et Robert Berri, la scène où Gabin aveugle Caussimon d’un jet de neige carbonique ou le moment où les gangsters décident d’éliminer un témoin gênant que la police vient d’arrêter : la voiture du tueur suit longuement un train de marchandises qui lui montre et lui cache tour à tour sa cible. Edith Georges, qui joue ce rôle, a droit auparavant à un numéro de strip-tease assez osé pour l’époque. D’Andrée Debar – qu’il retrouvera dans « Je plaide coupable » l’année suivante - à Mireille Ozy, on sent que le cinéaste s’est intéressé davantage à ses personnages féminins, quel que soit leur âge, et c’est ainsi que Gaby Basset, dans le rôle de la tenancière de « L’Ancre de Marine », retrouve un rôle conséquent ; dans l’une des scènes où elle croise Gabin, il passe dans son regard une nostalgie évidente, comme le regret de leur passé commun à la ville et sur l’écran.
Louis Malle dirigea, un an avant la sortie du « Monde du silence », de belles scènes de plongée sous-marine. Des scaphandriers joués par Gabin et Henri Vidal, on n’est pas bien sûr d’y croire ; en revanche, Gaston Orbal dans un personnage nommé Rossignol qui prétend au même emploi est assez savoureux.
Jean-Paul Briant, Février 2021