Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Betty Beckers et Jean Pierre Marielle
Jean Pierre Mocky et Blanche Raynal
Jean Pierre Mocky et Marisa Muxen
Jean Pierre Mocky et Myriam Mezieres
Jean Pierre Mocky et Myriam Mezieres
Jean Pierre Mocky et Myriam Mezieres
Sylvia Kristel et Jean Pierre Mocky
Sylvia Kristel et Myriam Mezieres
Comme tous les films de Jean-Pierre Mocky, celui-ci ne laisse pas indifférent. Mais il ne soulève pas les tempêtes souhaitées. Car l'impétueux Mocky, qui brillait autrefois dans le dérisoire, l'insolite, l'incongru, est beaucoup moins convaincant dès qu'il s'écarte de cette vocation provocatrice pour se consacrer à un genre nouveau, qui tient du pamphlet et de l'homélie. Car il prêche, et d'un ton assez moralisateur ! Un vrai puritain au fond, ce Mocky, un Savonarole infatigable, qui stigmatise les turpitudes, la corruption et la bêtise d'une société qu'il voit à travers ses lunettes d'anarchiste. « Pardon, rectifie-t-il lui-même, je suis un bourgeois. » Ou, si on veut, un individualiste acharné.
Le justicier
Comme il le fait depuis
quelques années (depuis
« Solo » ), Mocky s'est attribué ici le rôle du justicier solitaire, du Zorro de
la bourgeoisie française,
chevaleresque et anticonformiste, qui vient chasser rudement les marchands du temple. Le
temple de la presse, cette
fois.
On se souvient de ces
films américains des années 1950, où un journaliste courageux, seul
contre tous, résistant à
toutes les pressions, se
battait pour défendre la
liberté de la presse, qui
est le nerf de la démocratie. Noble et généreux
combat ! Manifestement,
Mocky a voulu réaliser
l'équivalent de ces films
« sociaux ». Célèbre roman
de Horace McCoy, « Un
linceul n'a pas de poches » conte l'aventure
d'un journaliste qui démissionne pour fonder son
propre journal, dans lequel il dénoncera les scandales que son directeur
l'empêchait de révéler.
Etait-il concevable de le
transposer dans la France d'aujourd'hui ? Le résultat prouve amplement
que non.
Ce n'est pas chez nous
que cela se passe, mais
dans un monde irréel, rêvé, nourri des phantasmes
de l'auteur. Ne lui reprochons pas son originalité,
ces bizarreries qui n'appartiennent qu'à lui et qui
ajoutent du mordant à la
peinture des « salauds » :
la robe de chambre de
Michel Serrault, les lunettes de Marielle, l'immense crucifix qui orne le
bureau du tartufe Lonsdale, la coiffure rétro de Galabru. Ce sont là des
marques d'originalité, des
accessoires réjouissants.
Mais des invraisemblances criantes empêchent le
film d'être crédible. Qui
peut croire qu'un homme
seul peut, du jour au lendemain, lancer un grand
hebdo d'opinion ? La rédaction, l'imprimerie, la
distribution, posent mille
problèmes matériels que
Mocky élude.
Dès lors, son entreprise
pèche par naïveté et par
simplisme. Les rouages de
la liberté d'expression, de
la censure, des pressions,
sont plus complexes, plus
vastes, plus sournois, que
ces quelques scènes de
chantage et d'intimidation. Ajoutons que la satire politico-sociale est
d'une grande confusion.
Jubilant à l'idée de mécontenter tout le monde et son père, Mocky a estimé
d'une grande finesse de
porter ses coups à droite
et à gauche. Or, il le fait
si maladroitement que
l'impact est nul.
Naïveté
On regrette d'autant plus ces maladresses que le sujet était passionnant, que la réalisation est soignée, et le projet ambitieux, Mocky ayant réuni autour de lui une distribution éblouissante, comme on en voit peu dans le cinéma français. On y distinguera l'ami Francis Blanche, dont ce fut le dernier rôle, le cher Jean Carmet en inhabituel policier et Myriam Mézières, une débutante qui ne manque, comme on dit, ni de tempérament ni d'abattage.