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Distribution :
Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Images du film :
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Document sans nom
DANS le cadre paisible
d'un village de Dordogne — cinq cents habitants,
une église, une mairie, une
école, un monument aux
morts et tout près, les grottes où l'homme de Cro-Magnon dessinait des bisons
— Claude Chabrol a ancré
son film, « Le Boucher », en pleine terre périgourdine.
Le générique se déroule
dans ces grottes inquiétantes où saignent les stalactites, puis la caméra glisse,
amoureusement, sur les toits
du village, les caresse et
capte, en plongée, une équipe de pâtissiers qui se hâtent dans la rue principale.
C'est la noce au village :
on mange, on rigole, on
danse. Le film commence
sur ce ton réaliste, jovial
et chaleureux. L'institutrice,
Mlle Hélène, est assise à côté de Popaul, le boucher,
qui découpe un énorme rôti
saignant. Elle savoure ! Elle
ne connaissait pas Popaul.
Il revient au pays après
quinze ans d'absence : la
guerre, l'Indochine, l'Algérie. Il est vulgaire mais
gentil, Popaul. La sympathie passe tout de suite
entre Mlle Hélène et lui.
Ils nouent une sorte d'amitié bizarre, gentiment protectrice de la part de l'institutrice, admirative de la
part de Popaul qui lui porte
des bouquets de gigot. L'humour, chez Chabrol, ne perd
jamais ses droits.
Tout est naturel et simple. Cependant, Chabrol filme les moindres gestes avec
une telle intensité que l'on
commence à scruter cette
douceur trop tranquille, ces
regards trop pesants appuyant les propos les plus
quotidiens. Que cache tout
cela ? Un suspense se tend
un moment dans le bois où
Mlle Hélène a emmené les
enfants cueillir des champignons. Popaul les y rejoint
d'un pas lourd, inquiétant.
La compassion
l'emporte.
On tremble ! Mais non,
c'était une feinte : Popaul
a fait une belle cueillette,
il est content, les gosses
goûtent à l'ombre des châtaigniers et Mlle Hélène
sort de sa poche un briquet
qu'elle offre à Popaul. C'est
sa fête !
Quelques jours plus tard,
au cours d'une promenade
semblable sous un soleil radieux, une petite fille reçoit
des gouttes de sang sur sa
tartine de beurre. En surplomb pend une main ensanglantée. L'horreur vous
fige quand Mlle Hélène,
auprès du cadavre poignardé de la jeune mariée, trouve
le briquet de Popaul... du
brave Popaul, boucher sadique obsédé par l'idée du
sang, monstre déchiré par
l'appel de la violence venu
du plus profond des âges
et que seul pouvait délivrer
le regard bleu et amical de
l'institutrice.
Ce qui est admirable et
bouleversant dans le film
de Chabrol, c'est qu'en face
de son monstre, l'émotion,
la compassion l'emportent
sur l'horreur. C'est une extraordinaire gageure où il
a multiplié les difficultés
en prenant pour interprète
du boucher Jean Yanne
dont il avait fait un abominable personnage dans son
précédent film. « Que la
bête meure ». Ici il lui permet de montrer, avec quel
talent ! les ambiguïtés et
les contradictions de l'homme et de la bête qui sommeillent en lui. Quant à Stéphane Audran, l'institutrice,
elle n'avait Jamais laissé
s'épanouir de telles qualités
de finesse, d'intelligence et
de sensibilité. "Le Boucher" est un grand Chabrol qui n'est pas indigne
des maîtres qui l'ont inspiré
et notamment de Fritz
Lang, dont « M le Maudit » continue à hanter la
mémoire des cinéphiles
après bien des années, comme le fera longtemps aussi
"Le Boucher".
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