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Anton Walbrook et Fernand Gravey
Anton Walbrook et Gerard Philipe
Anton Walbrook et Simone Signoret
Anton Walbrook et Simone Simon
Daniel Gelin et Danielle Darrieux
Fernand Gravey et Danielle Darrieux
Fernand Gravey et Odette Joyeux
Isa Miranda et Jean Louis Barrault
Marcel Merovee et Anton Walbrook
Odette Joyeux et Charles Vissieres
Odette Joyeux et Jean Louis Barrault
Serge Reggiani et Simone Simon
Simone Signoret et Gerard Philipe
Simone Signoret et Serge Reggian
Anton WALBROOK le meneur de jeu Simone SIGNORET Léocadie, la prostituée Serge REGGIANI Franz, le soldat Simone SIMON Marie, la femme de chambre Daniel GELIN Alfred, le jeune homme Danielle DARRIEUX Emma Breitkopf, la femme mariée Fernand GRAVEY Charles Breitkopf, le mari Odette JOYEUX Anna, la grisette Jean-Louis BARRAULT Robert Kuhlenkampf, le poète Isa MIRANDA Charlotte, la comédienne Gérard PHILIPE le comte Robert VATTIER Professeur Schüller Charles VISSIERES le concierge du théâtre Jean CLARIEUX le brigadier Marcel MEROVEE Toni, le serveur Jean OZENNE l'ami du comte Jean LANDIER Paulette FRANTZ René MARJAC
De retour en France après sa parenthèse américaine, Max Ophuls inaugure avec « La ronde » une fin de carrière prestigieuse ponctuée de quatre chefs d’œuvre. Adaptant avec Jacques Natanson la pièce d’Arthur Schnitzler créée en 1861, il nous transporte dans la Vienne de 1900 – une Vienne de studio – au son d’une valse d’Oscar Strauss pour laquelle Louis Ducreux écrivit les paroles d’une chanson reprise à l’envi par le meneur de jeu : « Tournent, tournent mes personnages… »
Un Anton Walbrook ironique fait tourner le manège des amours éphémères où se rencontrent tour à tour dix personnages interprétés par des comédiens célèbres. La première à rentrer dans la ronde est Simone Signoret, belle et lasse prostituée, qui racole Serge Reggiani – deux ans avant « Casque d’or » – mais celui-ci, soldat volage, jette son dévolu sur Simone Simon qu’il abandonne aussitôt. Le meneur de jeu console la petite bonne qui séduit le fils de ses patrons, un Daniel Gélin bien timide, prêt pourtant à séduire une femme mariée (Danielle Darrieux) que son vieux mari (Fernand Gravey) ennuie… Le dit mari disserte sur l’amour conjugal avant de séduire une grisette (Odette Joyeux) amoureuse d’un poète (Jean-Louis Barrault) qui l’oublie pour une comédienne célèbre (Isa Miranda). La comédienne lui préfère un gentilhomme décadent (Gérard Philipe) qui, au matin d’une nuit de beuverie, se retrouve dans le lit de la prostituée…
Les scènes qui réunissent Jean-Louis Barrault et Isa Miranda peuvent justifier un léger bémol car l’acteur en fait vraiment trop et l’actrice italienne est doublée et nous fait regretter Marlene Dietrich qui devait jouer ce rôle. Toutefois le reste de la distribution est admirable et parfois surprenant comme un Gérard Philipe au jeu volontairement mécanique. Les scènes de Daniel Gélin et Danielle Darrieux sont sans doute les meilleures, y compris avec leurs partenaires réciproques, Simone Simon et Fernand Gravey. Il faut voir le couple Gravey-Darrieux cadré dans l’immense lit conjugal pour mesurer l’ennui qui peut naître du mariage ! Quant au jeune homme trop entreprenant, son fiasco amoureux est souligné ironiquement par la panne du manège… Lorsque les rapports menacent de devenir torrides, le meneur de jeu prend ses ciseaux et coupe la pellicule en guise de censure ! L’humour est omniprésent, le dialogue savoureux, la mise en scène brillante, la caméra sans cesse en mouvement mais cette ronde de l’amour est surtout le constat de l’absence d’amour véritable.
Jean-Paul Briant, Septembre 2021