Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Maurice Ronet Raphaël de Lorris Françoise Fabian Aurore Jean Vilar Horace Brigitte Fossey Bernardine Isabelle De Funès Émilie Jean-François Poron Giorgio Anne Wiazemsky Diane Yves Lefebvre Paul Hélène Arié Francesca André Oumansky Feyrac Maxime-Fabert Le comte / Count Maurice Barrier Lasalle Jean-Pierre Bernard Norville Georges Claisse Alfred Annick Berger Catherine Brevent (comme Catherine Brévent) Françoise Burgi Mick Dejon Claude Derepp (comme Claude Dereppe) Maxette Fabbry Jacqueline Fontaine Bernard Garnier Ann Lewis Patrice Marc Philippe Moreau Monique Prevo (comme Monique Prévo) Marie Steinberg Monique Vita Jacques Weber Nathalie Courval (non crédité) Gérard Croce Un invité (non crédité) Michèle Ernou (non crédité) Thérèse Liotard partie de passage (non crédité) Karine Marceau Jeune femme (non crédité)
Au milieu du XIXe siècle, un dandy cynique se livre à la débauche avec ses amis pour tromper l'ennui. Il est attiré par Aurore, une jeune et jolie veuve, qui repousse dans un premier temps ses avances. Lorsqu'il montre son désintérêt, elle fait tout pour le voir déclarer son amour pour elle… Ecrit par Nina Companéez et réalisé par Michel Deville, Raphaël ou le débauché bénéficie de la parfaite entente/complémentarité de ce duo très talentueux. L'histoire évoque Alfred de Musset, les images, Ingres et Delacroix. Nous sommes là dans un spectacle élégant, hanté par un certain mal de vivre et qui se termine en tragédie. Le film séduit par sa musique, ses décors et costumes splendides mais nous restons un peu étrangers à cette histoire. Maurice Ronnet fait une belle prestation et Françoise Fabian illumine le film par sa beauté.
DES jeunes filles sortent en courant d'une belle demeure provinciale. Leurs cheveux flottent au vent frisquet du petit matin ; elles ont jeté des capes sur leurs longues chemises de nuit à dentelles et se hâtent vers l'étang pour y contempler le lever du soleil du dernier jour de l'été. Aurore frissonne ; déjà elle pressent l'automne, cette jeune veuve grave, à peine aînée des trois jolies cousines qu'elle chaperonne. Un galop de cavaliers retient soudain l'attention des adoratrices du soleil. Ils portent jabot et masque de velours : on devine qu'au retour d'une nuit d'ivresse ils se dégrisent en chevauchant avant d'aller se coucher. Ce sont Raphaël et ses amis qui trompent régulièrement leur ennui dans des orgies. Sans même descendre de leur monture, ils tournent autour des belles, le plus audacieux arrache là cape de la plus blonde; pour jouir de son émoi et puis, les quatre débauchés reprennent le trot tandis que les jeunes filles soupirent en regagnant leur maison.
Un film superbe
Dès cette ouverture, en
romantique majeur, ce film
superbe et tendu, drame
d'une passion inassouvie, se
met au diapason de Musset
et de sa « Confession d'un enfant du siècle ». Avec
« Raphaël », Nina Companeez et Michel Deville retrouvent leur art incomparable de rendre vie à toute
une époque, de nous la restituer chaude et vivante, à
travers d'innombrables détails infimes des costumes
et du décor qui nous plongent dans une familiarité
retrouvée, comme dans un
rêve que l'on revivrait
vraiment.
De la veine de « Benjamin » (Les Mémoires d'un
puceau), « Raphaël » pourrait en être le frère aîné,
un siècle plus tard. Il s'installe en plein XIXe romantique, le coeur en écharpe,
las de la vie et de ses tristes débauches, sceptique à
l'égard des femmes, aspirant, par foucades, à un
bonheur simple qu'il se
refuse aussitôt, persuadé
que l'amour pur ne peut
plus refleurir dans un cœur
qui s'est trop longtemps
livré au plaisir.
Raphaël, c'est le Frank
de « La Coupe aux lèvres »,
Octave et Clélio, des « Caprices de Marianne ». Tour
à tour, il soupe chez Fantasio avec Don Juan et avec
Perdican, chez Mercutio.
Toutes les époques ont eu
une véritable fascination
pour ces jeunes gens désespérés qui ne provoquent
Dieu que dans l'espoir, toujours déçu, qu'il se manifestera, leur prouvant que le
ciel n'est pas vide. Hélas !
ils n'ont pas la grâce. Pour
l'oublier, ils s'enivrent, blasphèment, risquent leur vie
avec une complaisance
théâtrale, au sortir des
orgies.
Rien ne prédestinait Aurore, sage et splendide,
citadelle assiégée et imprenable de la ville, bonne et pieuse, à vivre une passion
avec Raphaël. Quand tout
semble les séparer, un bal
les rassemble. Raphaël veut
cette proie à son tableau,
réduire cette vertu (on pense à Valmont s'acharnant à
la perte de la présidente de
Tourvel, dans « Les Liaisons »). Pour un peu il
violerait Aurore, mais c'est
elle, finalement qui, pour le
rejoindre au fond de sa débauche, descendra aux abîmes de la prostitution.
Raphaël en mourra, en
funambule, comme il avait
vécu, tandis qu'Aurore s'enterrera vivante en épousant
un vieux grigou de sénateur
claudiquant.
L'intelligence
« Raphaël ou le Débauché », joue, tout au long,
dans les franges du mélo
mais avec quelle intelligence
de la part de ses auteurs !
Leur suprême astuce c'est
d'avoir su mettre au compte
de l'opéra, avec une incomparable élégance, les excès
romantiques et ce comportement théâtral des dandies
de l'époque. La musique de
Bellini donne au film son
élan. Michel Deville anime
des Deveria avec une constante beauté et, dans les
dialogues de Nina Companeez, passe tout Musset
dans une synthèse subtile,
brillante et fine que le cœur
écoute.
Maurice Ronet est un
débauché d'une irrésistible
séduction, mais la grande
révélation du film, c'est
Françoise Fabian. Elle vit
si intensément la passion
d'Aurore qu'elle atteint la
tragédie. Quelle extraordinaire Marianne elle pourrait être !