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Anna Baldaccini et Roger Jendly
Dore de Rosa et Jacques Dutronc
Isabelle Huppert et Fred Personne
Isabelle Huppert et Jacques Dutronc
Jacques Dutonc et Serge Maillard
Jacques Dutronc et Nathalie Baye
Nathalie Baye et Isabelle Huppert
Nathalie Baye et Michel Cassagne
Paule Muret et Jacques Dutronc
Roland Amstutz et Isabelle Huppert
Isabelle HUPPERT Isabelle Rivière Jacques DUTRONC Paul Godard Nathalie BAYE Denise Rimbaud Fred PERSONNE Monsieur Personne Roland AMSTUTZ le second client d'Isabelle Anna BALDACCINI la sœur d'Isabelle Paule MURET l'ex-femme de Paul Cécile TANNER Cécile, fille de Paul Michel CASSAGNE Michel Piaget Roger JENDLY Roger Bernard CAZASSUS un souteneur Dore De ROSA le liftier Serge MAILLARD l'entraîneur Gérard BATTAZ le motard Guy LAVORO le secrétaire Michelle GLEISER une amie d'Isabelle Hélène HAZERA Hélène, amie d'Isabelle Marguerite DURAS voix off Erik DESFOSSES Michèle GLEIZER
Résumer un film de Godard, c’est a priori impossible. Aussi je me permets de reprendre la présentation proposée par Arte : « Denise Rimbaud abandonne son mari, son travail et la ville pour aller vivre à la campagne. Paul Godard, producteur d’émissions de télévision, a peur de quitter la ville, peur de la solitude depuis le départ de Denise. Isabelle a quitté sa campagne pour venir se prostituer en ville. L’imaginaire, la peur et le commerce sont, à travers le trajet de ces personnages, les trois mouvements du film qui se terminera par celui de la musique. »
Sélectionné en compétition au Festival de Cannes 1980, le film suscita la polémique et fut pour Godard l’occasion de renouer avec le vedettariat – trois comédiens célèbres en tête d’affiche – comme avec un certain succès commercial. Pour ma part, si j’apprécie toujours l’inventivité du Godard des débuts - celui d’« A bout de souffle », du « Mépris » ou d’« Une femme est une femme » entre autres - soutenu par d’extraordinaires jeunes comédiens, naturels et insolents, je me perds dans son cinéma des années 70 et suivantes, que je ne comprends plus, et ce film ne fait pas exception.
Par acquit de conscience, bien que je n’adhère pas à son point de vue, je cite le grand critique Jacques Siclier : « le film est bouleversant. Il s’élève contre l’indifférence, l’érosion des sentiments, l’atteinte à la dignité des hommes et des femmes, les rapports de force et d’argent. » Certes, ces thèmes sont tout à fait identifiables mais leur représentation pose problème, en particulier lors des deux scènes où Isabelle Huppert a rendez-vous avec ses clients, deux scènes au dialogue très cru, où il ne me semble pas que « la dignité des femmes » soit respectée à l’image. A la sortie du film, Isabelle Huppert évoquait « un dialogue complètement quotidien, très facile à dire, très poétique, très beau », ce qui n’est pas vraiment mon impression à l’écoute des scènes où elle intervient…
Volontairement déprimant, le film met le spectateur mal à l’aise. Même s’il s’agit de l’effet recherché, je préfère retenir en conclusion une phrase de Marguerite Duras citée ici par Dutronc, où l’on retrouve cette forme d’autodérision qui fut aussi une marque de fabrique de Godard : « Je fais des films pour occuper mon temps. C’est parce que je n’ai pas la force de m’occuper à rien que je fais des films. »
Jean-Paul Briant, Juillet 2023