Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
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ELLE va mourir, la Mamma... Et voici le fils maudit. Celui-ci, qui répond au doux nom d'Ange, vient lui remonter les draps entre deux coups de téléphone à New York. Le temps d'ordonner quelque assassinat à ses hommes de main : exilé en Amérique, Ange a fait carrière dans la pègre. Lui-même est pourchassé par un couple de tueurs.
Entre-temps, il apprend que son vieux père n'est pas mort accidentellement. Pas facile de délier les langues : les mœurs ont évolué sous le soleil de Calvi, on ne veut plus d'histoires. Mais pour notre truand, 1' « honneur » a encore un sens : ce sang lui crie vendetta !
Aisance souveraine
Yves Montand incarne avec une aisance souveraine ce Méridional de retour d'Amérique. Le personnage n'a rien de sympathique. Que ne laisse-t-il vivre en paix la Maria de son enfance (Léa Massari, toujours elle, on ne s'en plaindra pas), qui a épousé son frère, le tranquille Baptiste (Frédéric de Pasquale) !
Ce gangster de cinéma est complètement déphasé dans ce paysage et ce milieu humain où, pourtant, il a passé toute son enfance : voilà le sujet qui intéresse Pierre Granier-Deferre, plutôt que de savoir qui tuera qui et quand...
Se souvient-on que les derniers films de ce metteur en scène (« Le Chat » et « La Veuve Couderc ») étaient des adaptations de Simenon ? En tout cas, à la fin du « Fils », on cherche le nom de Simenon. En vain. le scénario étant d'Henri Graziani. Cette impression diffuse provient, en fait, de la méticulosité de la mise en scène, de cette attention particulière aux détails du quotidien, de ce naturalisme scrupuleux qui tisse petit à petit une atmosphère. Une cuisine, une école de village, un banc sur une place... Il ne manque pas un bouton de guêtre chez Granier-Deferre, qui réussit ce tour de force de nous faire entrer dans une histoire somme toute banale par cet enchaînement de petits riens. De la belle ouvrage. Une mention particulière pour ce comédien enfin consacré, parfaitement maître de ses moyens : Marcel Bozzuffi. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les Américains ont pensé à l'utiliser, ce qui devait mettre la puce à l'oreille aux Français.