La grande bagarre de Don Camillo 1955 Carmine Gallone Fernandel Gino Cervi Peppone
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Fernandel , Numéro un du cinéma français en 1954.

Pour le troisième volet de la fameuse série, le réalisateur français Julien Duvivier passe la main à l'Italien Carminé Gallone qui va orchestrer cette Grande Bagarre entre Gino Cervi et un Fernandel alors au sommet de sa popularité.

En 1954, Fernandel est la vedette française la plus populaire. Dans un sondage réalisé par un grand magazine de cinéma, il arrive largement en tête devant Gérard Philipe et Jean Gabin et, en guise de couronnement, il reçoit cette même année le Triomphe du cinéma français.
Les critiques des Cahiers du cinéma eux-mêmes, ces jeunes loups qui honnissent le « cinéma de papa » et qui ont su montrer à quel point ils pouvaient avoir la dent dure visà-vis de leurs aînés, lui tirent leur chapeau. François Truffaut, qui ne réalisera son premier film, Les Quatre Cents Coups, que cinq ans plus tard, écrit : « Fernandel, comme Gabin, Michel Simon ou naguère Raimu, et plus généralement comme tous les acteurs venus au cinéma par le music-hall est arrivé, après vingt-cinq ans de métier, à une sûreté de soi, une connaissance de ses possibilités, un sens de l'efficacité extraordinaire; chaque mimique, chaque grimace, l'angle d'ouverture de la bouche sur la fin d'une phrase, l'abaissement complice d'une paupière, tout est mesuré au millimètre. On peut ne pas reconnaître qu'il y a là une technique de l'achevé, de la perfection qui force le respect et l'admiration? »
Cette popularité immense, qui fait de Fernandel le chouchou des producteurs, n'est pourtant pas le gage d'un succès assuré à tous les coups. Le public a beau aimer Fernandel, il n'est pourtant pas prêt à le suivre dans ses erreurs. C'est ainsi que, sorti le 15 novembre 1954, Le Printemps, L'Automne et l'Amour de Gilles Grangier reçoit un fort piètre accueil.

Aussi est-ce avec un plaisir redoublé que Fernandel renoue quelques mois plus tard avec son personnage fétiche dans La Grande Bagarre de Don Camillo, le troisième volet de cette saga qui, compte tenu de la verve de son auteur, Giovanni Guareschi, a tout l'air d'être intarissable. Plaisir cependant mitigé car Julien Duvivier, qui a dirigé Le Petit Monde de Don Camillo en 1952 et Le Retour de Don Camillo en 1953 et qui en a fait des triomphes du box office, a renoncé à réaliser ce troisième épisode par crainte de lasser, mais aussi d'exploiter un filon épuisé.
Or, à l'issue des deux premiers films, Fernandel tout comme Gino Cervi se sont jurés de ne pas continuer la série si le metteur en scène venait à jeter l'éponge. Les producteurs italiens, bien conscients qu'un Don Camillo privé de l'illustrissime tandem serait voué à un échec irrémédiable, n'hésitent pas à faire un pont d'or aux deux acteurs qui vont se laisser fléchir par une aussi sympathique preuve d'enthousiasme.
Au mois d'avril, toute l'équipe se retrouve donc à pied d'oeuvre aux studios de Cinecittà, à Rome, et Fernandel confie : « Ça me passionne vraiment de retrouver ce personnage, mon meilleur... »
Ce qu'il tait, c'est la légère appréhension qu'il éprouve à l'idée de travailler avec le réalisateur qui a pris la relève de Duvivier, l'Italien Carminé Gallone, vétéran de soixante-neuf ans qui n'a jamais été tendre pour tout ce qui touche à la gauche, au point de signer en 1937 un film à la gloire de Mussolini, Scipion l'Africain.
Quoi qu'il en soit, le tournage va se dérouler sans anicroches. En fait, les empoignades entre le curé de choc et le maire « rouge » sont maintenant rentrées dans une routine parfaitement huilée, la soutane de Don Camillo est devenue pour Fernandel comme une seconde peau et sa connivence professionnelle avec Gino Cervi s'est transformée en une véritable amitié qui, au fil des tournages et des années, ne se démentira jamais. ■

 

Générique :

Sortie à Paris le 18 novembre 1955
Production : Rizzoli Films
Réalisation : Carminé Gallone
Scénario et adaptation : Giovanni Guareschi D'après les récits de Giovanni Guareschi Dialogues français René Barjavel
Images : Anchise Brizzi
Musique Alessandro Cicognini

Interprétation
Don Camillo : FERNANDEL
Peppone : GINO CERVI
Clotilde : CLAUDE SYLVAIN
La femme de Peppone : LEDA GLORIA
Bolini : GASTON REY
Bezzi : UMBERTO SPADARO

L'inconnu international :

Au générique de cette Grande Bagarre, et dans un rôle minuscule, on trouve le nom de Lamberto Maggiorani, inconnu du grand public et pourtant figure emblématique du néo-réalisme italien de l'après-guerre puisque, en 1948, il était Antonio, le bouleversant colleur d'affiches du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica, chef-d'œuvre d'une âpre sobriété qui devait être classé en 1958 parmi les douze meilleurs films du monde. Bien loin d'être un acteur professionnel, Maggiorani était un ouvrier d'usine découvert par hasard par De Sica. Malgré le succès international du Voleur de bicyclette, il ne put se frayer ensuite un chemin au cinéma. On l'aperçoit ici fugitivement au côté de Gino Cervi-Peppone, avant qu'il retombe définitivement dans l'anonymat. ■