La grande bagarre de Don Camillo 1955 Carmine Gallone Fernandel Gino Cervi Peppone
L'affiche Scénario Dossier 1 Images Dossier 2 Fernandel Retour site BDFF

Et s'ils venaient à « bader » Fernandel...

Grâce à Don Camillo, Fernandel devient une star en Italie. Partout où il passe, on lui déroule le tapis rouge. Les vivants se l'arrachent et les morts lui accordent leurs derniers instants...

 

Difficile d'imaginer à quel point le personnage de Don Camillo, dans les années cinquante, porte aux nues la popularité de Fernandel ! Depuis trente ans qu'il connaît le succès, qu'il fait rire et parfois pleurer à volonté, qu'il est une vedette que les producteurs s'arrachent et que son public aime tout simplement, à la bonne franquette mais avec une vraie sincérité, il est le premier à s'étonner des effets miraculeux de la soutane et de la barrette de Don Camillo, et ce aussi bien en France qu'à Rome où il se retrouve une fois de plus en 1955 pour tourner La Grande Bagarre de Don Camillo.
En Italie, sans conteste, les Don Camillo ont fait de Fernandel une star. D'autant que les Italiens ont été très impressionnés en apprenant que la prestation de l'acteur dans son rôle de curé lui avait valu une audience privée du pape. Si bien qu'il est reçu partout.
« Les milliardaires de la péninsule se disputent l'honneur de l'avoir à leur table, évoque son ami Raymond Castans dans "Fernandel m'a raconté". A Milan, le commandatore Pirelli place sous sa présidence l'inauguration de sa fameuse tour. [...] On le voit chez les Agnelli, les Mondadori, les Volpi. »
Dans cet univers raffiné, opulent, cultivé, précieux, Fernandel évolue avec une aisance de seigneur. [...] »
Tout à l'heure, quand je suis allé le chercher à l'hôtel Asler où il a ses habitudes, sa sortie de l'ascenseur a été tout simplement solennelle. Aussitôt qu'il est apparu, toutes les conversations se sont arrêtées. Toutes les têtes se sont retournées. Quand il a traverse le grand hall, souriant à gauche et à droite, je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas eu quelques révérences. »
Don Camillo fait désormais partie du paysage familier des Italiens. Ainsi, un matin, Fernandel sort de son hôtel romain pour se rendre aux studios de Cinecittà pour la poursuite des prises de vues de La Grande Bagarre de Don Camillo. Au même instant, passe un convoi funèbre. Fernandel se décoiffe. Le geste, pourtant respectueux et parfaitement modeste, attire quelques regards parmi la foule qui s'étire derrière le catafalque. Le cortège, soudain, frissonne d'un remous inexplicable, s'immobilise, et les jeunes filles qui portaient les couronnes mortuaires abandonnent celles-ci pour venir demander des autographes à Fernandel.
Si celui-ci est heureux de cette ferveur qu'il fait naître à travers son personnage, il est néanmoins troublé de perturber ainsi, et bien involontairement, une cérémonie aussi grave. Lui qui, justement, a toujours pris mille précautions pour demeurer discret dans ce domaine ! Et c'est si vrai que, lorsqu'il est chez lui, à Carry-le-Rouet, Fernandel grimpe au premier étage de l'église pour assister à la messe. Et pourquoi au premier étage? « Parce que si je me mettais en bas, explique-t-il, les gens, au lieu de "bader" (regarder avec admiration) le bon Dieu, ils "baderaient" Fernandel !...»■

 

Ce si drôle paroissien

Le père Bonnefont de Marseille a bien connu Fernandel, l'acteur bien sûr, mais aussi et surtout le paroissien : « Je peux vous dire, déclarait-il en 1987, que Fernandel, l'homme, était très bien avec l'Église; il a toujours mené une vie très digne, sa fille a été mariée à l'église Saint-Julien et il avait invité les curés au même repas que les autres convives. Fernandel était d'ailleurs un ancien du patronage de Saint-Michel. » ■