La grande bagarre de Don Camillo 1955 Carmine Gallone Fernandel Gino Cervi Peppone
L'affiche Scénario Dossier 1 Images Dossier 2 Fernandel Retour site BDFF

Le rouge est mis

RESUME : Maire communiste de Brescello, petite ville de la plaine du Pô, Giuseppe Bottazzi dit Peppone rêve maintenant d'être député et entreprend de gagner les élections de haute lutte. Alors qu'il vend dans la rue le journal de son parti, Patria Unità, entouré comme à son habitude de ses plus fidèles partisans, il est interpellé par le curé Don Camillo qui lui demande La Croix, puis, feignant la confusion, lui achète avec un billet de 5 000 lires la gazette « rouge » qui ne coûte que... 25 lires. Peppone rend difficilement la monnaie sur cette grosse coupure tandis que, faussement naïf, Camillo s'exclame en jetant un coup d'œil sur la première page du journal : « Oh par exemple ! mais c'est de l'italien ! Je croyais que c'était imprimé en russe! » Or, le billet est faux et, à l'église, du haut de sa croix, Jésus en fait le reproche à Don Camillo qui s'empresse de glisser la monnaie de Peppone dans le tronc des pauvres. Alors que les femmes de Brescello se mobilisent en vue des élections, le parti envoie de Rome une militante de choc et de charme, Clotilde, pour prendre la tête du Comité féminin de la paix et épauler Peppone. La prestance de celui-ci ne laisse d'ailleurs pas indifférente la camarade, ce que ne manque pas de remarquer madame Bottazzi, qui, dès lors, voue aux gémonies les ambitions politiques de son mari. Pour accéder à la fonction qu'il convoite, Peppone doit d'abord passer son certificat d'études. Ses efforts les plus studieux ne l'aident guère quand, le jour de l'examen, il se retrouve devant le casse-tête d'un problème d'arithmétique et un thème de rédaction — « Un homme que vous n'oublierez pas » qui ne l'inspire pas. En échange d'un terrain sur lequel il veut élever une chapelle, Don Camillo lui fournit la solution du problème et, dans sa rédaction, Peppone raconte sa toute première rencontre pendant la guerre avec un Don Camillo barbu et déjà héroïque. Déjà un nouveau problème surgit : il faut escamoter au plus vite un tank américain de la dernière guerre qu'un paysan, allié du maire « rouge », avait dissimulé dans sa ferme, avant que les gendarmes atteignent Brescello. Don Camillo dissuade Peppone de faire sauter les ponts qui mènent à la petite ville pour bloquer la maréchaussée et aide le maire à faire disparaître le blindé dans les vallonnements imprévisibles de la plaine. Les escarmouches n'en finissent pas entre le curé et l'édile. Camillo s'empare par la ruse de la voiture de Peppone chargée de tracts, d'affiches et d'un matériel impressionnant pour servir à la campagne électorale. Ayant découvert un portrait géant du maire, il le transforme en diable cornu. Pour se venger, Peppone fait dérober les poules que Don Camillo engraissait en vue d'un futur festin. Surpris par le brigadier de gendarmerie alors qu'il est en train de se gaver des volailles du curé dûment plumées et rôties en compagnie de ses séides, Peppone est convoqué au tribunal. C'est Don Camillo qui l'innocente : en effet, le soir du vol, Peppone était venu se recueillir en cachette à l'église et allumer un énorme cierge. Clotilde, décidément attirée par Peppone, lui fait des avances sans grande équivoque, mais le maire, scrupule conjugal ou timidité, fait mine de les ignorer. Persuadée cependant d'être supplantée par l'intrigante dans le cœur de son mari, madame Bottazzi annonce à Don Camillo qu'elle retourne chez sa mère. Peppone, affolé par la disparition de sa femme, vient quérir l'aide du curé et tous deux se lancent à la poursuite de l'épouse dépitée, qu'ils finissent par rejoindre et par convaincre de revenir avec eux. Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, Peppone donne un meeting monstre sur la place principale de Brescello. Pour le déstabiliser, Camillo rythme son discours d'un hymne patriotique. Et voilà qu'emporté par la fièvre de cette musique martiale, le maire communiste s'écrie : « Comme hier, nous sommes prêts à verser notre sang pour le roi et pour la patrie ! » Cette profession de foi involontaire assure l'élection de Peppone qui se voit obligé légalement de choisir entre son mandat de maire et celui de député. Il démissionne de ses responsabilités municipales, ce qui donne l'occasion à l'opposition de lui rendre un hommage vibrant. Le voilà prêt à prendre le train pour Rome pour s'en aller siéger à l'Assemblée. Il embrasse ses enfants, mais doit essuyer la rancœur de son épouse. Dans le train, il retrouve Clotilde et, quand il se penche à la fenêtre de son wagon, il se trouve nez à nez avec Don Camillo qui lui dit : « Tu as perdu ta femme qui a voté contre toi. Tu as perdu ton village, où tu étais le numéro un... Et qu'est-ce que tu as gagné ? Tu deviens un anonyme, au milieu des autres... Tu vas vers le néant... Je ne te dis pas au revoir, je te dis adieu, Monsieur le Député. » Le train s'ébranle sur ces paroles, mais Peppone a sauté sur le quai. Il préfère demeurer à Brescello près des siens et près de son plus fidèle ennemi.

À propos de La Grande Bagarre de Don Camillo, Jean Néry écrivait dans Combat le 23 novembre 1955 : — Fernandel, ne craignant pas de se souvenir parfois de ses rôles les plus vaudevillesques, emporte, de toute évidence, l'adhésion du public qu'il amuse par sa seule présence.