Les cinq sous de Lavarède 1938 Maurice Cammange Fernandel Josette Day Marcel Vallée
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Les voyages excentriques de Monsieur D'Ivoi

C'était la belle époque des feuilletons populaires avec péripéties rocambolesques, rebondissements saisissants, suspense et mélo à gogo. Paul d'Ivoi embarquait ses lecteurs vers des horizons exotiques infestés de dangers.

 

Si, en 1943, on s'arrache le Journal des débats ce n'est pas par passion pour la politique extérieure de Louis-Philippe mais pour ne pas manquer un épisode des avatars et vicissitudes de Fleur-de-Marie. Avec ses Mystères de Paris, Eugène Sue vient de créer le roman-feuilleton qui, découpé en épisodes, va occuper une place de plus en plus grande dans les journaux et qui, accessoirement, fera sa fortune. Ils sont légion dans son sillage : Frédéric Soulié, Emile Gaboriau, Ponson du Terrail et son Rocambole, Alexandre Dumas, et, de l'autre côté de la Manche, Charles Dickens. Et, bien sûr, Paul d'Ivoi, qui en réalité s'appelle Paul Deleutre (né en 1856, à Paris), petit-fils du journalisie Edouard Deleutre et fils du spirituel courriériste Charles Deleutre. De bonnes études au lycée de Versailles révèlent ses dons imaginatifs et un goût marqué pour la géographie. Combinant les deux, il se lance dans un hasardeux périple autour du monde dont les péripéties nourriront son premier ouvrage. Les 5 Sous de Lavarède. Mais, avant de se lancer dans l' écriture, il lui faut vivre. Il commence par se marier,puis, reprenant le flambeau familial, il devient chroniqueur du Journal des voyages, dont le directeur, Henri Chabrillat, cosignera Lavarède avec lui en 1894. Le thème du roman n'est pas sans faire penser au Tour du monde en 80 jours écrit par Jules Verne en 1872. Quoi qu'il en soit, le succès est immédiat. Sans abandonner tout à fait le journalisme (il sera chroniqueur à Paris-Journal, au Figaro et au Globe), Paul d'Ivoi se consacre à des romans d'aventures, caractérisés par leurs qualités d'invention ainsi que par leur exactitude scientifique ou géographique, et rassemblés sous le titre générique des Voyages excentriques : Le Cousin de Lavarède, Le Corsaire Triplex, La Capitaine Nilia, Le Docteur Mystère, Le radium qui tue, Massiliague-de-Marseille, Jud Allan roi des gamins, L'Aéroplane fantôme ou Le Voleur de pensée, etc. Il remporte également des succès à la scène et sa popularité est grande quand éclate la guerre de 1914. La mort de son fils au Front lui porte un coup fatal et il s'éteint en 1915.■

En chair et en os

A sa sortie en librairie, Les 5 Sous de Lavarède suscita un engouement considérable au point que l'on s'avisa de lui donner corps et chair en l'adaptant pour le théâtre. C'est ainsi que les aventures de Lavarède allaient faire, et pour longtemps, les beaux jours du Châtelet à partir de 1903. Et, en 1928, Maurice Champreux (gendre de Louis Feuillade, le génie du film à épisodes, l'homme de Judex) portait une première fois le livre à l'écran avec Georges Biscot, comique alors très populaire mais dont la carrière ne survécut pas au film parlant. ■

De Lavarède à Passepartout

Après avoir été Lavarède qui bouclait son tour du monde avec cinq sous en poche et en un an, Fernandel était contacté en 1953 par le prestigieux producteur britannique sir Alexander Korda qui lui proposait de repartir pour un nouveau tour du monde, mais cette fois en quatre-vingts jours dans une adaptation du roman de Jules Verne réalisée par l'Américain Richard Sale. Fernandel devait être Passepartout, le valet français et débrouillard de Phileas Fogg qu'incarnerait Alec Guinness. Mais le projet n'aboutit pas, et ce fut Michaël Anderson qui, en 1956, réalisa finalement ce Tour du monde en 80 jours avec David Niven dans le rôle de Fogg et le comique mexicain Cantinflas dans celui de son domestique. Tout de même , en guise de clin d'œil, Fernandel accepta de faire une brève apparition en cocher de fiacre parisien dans ce Tour du monde en 80 jours.