Les cinq sous de Lavarède 1938 Maurice Cammange Fernandel Josette Day Marcel Vallée
L'affiche Scénario Dossier 1 Images Générique Dossier 2 Fernandel Retour site BDFF

Le réalisateur: Maurice Cammage

Né en 1882, décédé en 1946, Maurice Cammage, dont le nom est aujourd'hui bien oublié, était dans les années trente et quarante un spécialiste du vaudeville militaire (La Caserne en folie, La Mariée du régiment) et de la comédie de boulevard (Mon député et sa femme). Entre 1933 et 1941, il tourne sept films avec Fernandel : Le Coq du régiment (1933), Une nuit de folies (1934), Les Bleus de la marine (1934), Les 5 Sous de Lavarède (1938), Monsieur Hector (1940), Un chapeau de paille d'Italie (1940), Une vie de chien (1941). ■

 

Le coauteur: Henri Chabrillat

 

 

Journaliste et auteur dramatique, Henri Chabrillat (né à Marseille en 1842, mort à Courbevoie en 1893) a collaboré à l'écriture des 5 Sous de Lavarède, même si la postérité n'a en général retenu que le nom de Paul d'Ivoi. Fondateur en 1866 du Gamin de Paris, il travaille également pour Le Gaulois, pour Le Charivari et Le Figaro. Durant la guerre de 1870, il s'illustre au siège de Châteaudun. Auteur dramatique, il dirige le théâtre de l'Ambigu de 1878 à 1882, avant de revenir à l'écriture en signant, seul ou en collaboration, opérettes, vaudevilles, levers de rideau et romans. ■

 

Les acteurs

Jean Temerson

Né en 1898, deux rôles ont plus particulièrement marqué la carrière de cet acteur rondouillard dont la silhouette, l'allure et les dandinements ne sont pas sans faire penser à un dindon : celui du pianiste virtuose des 5 Sous de Lavarède (« Tartinovitch ne joue que sur les pianos de Tartinovitch ! ») et celui du notaire vénal et sirupeux du Volpone de Maurice Tourneur, en 1940. On le voit aussi chez Henri-Georges Clouzot, Jean Dréville, Carlo Rim (où il retrouve Fernandel dans L'Armoire volante) et Alexandre Esway (Barnabe, avec Fernandel encore). Il peut être huissier, espion, mais aussi roi par deux fois : roi de France Louis XVIII dans Le Comte de Monte-Cristo en 1953 et roi de Pologne dans Le Joueur d'échecs. Il disparaît en 1956. ■

Félix Oudart

Cette « rondeur » a vu le jour en 1881 à Lille et, pour la première fois, la lumière des projecteurs de cinéma en 1918 avec Le Dieu du hasard, qui, à en juger par la carrière de Félix Oudard, n'a en somme pas si mal fait les choses. Il commence par des études d'art dramatique, affine un certain talent pour la chansonnette, et se partage tout d'abord entre l'Odéon et la Gaîté-Lyrique. Aux côtés de Louis Jouvet, il participe aux créations d'Intermezzo de Jean Giraudoux en 1933, puis d'Ondineen 1939. Malgré ces auspices prestigieux, Oudard cède à l'écran à son goût pour le vaudeville, pas toujours des plus subtils, et pour le comique troupier, pas toujours des plus fins. Il participe à des œuvrettes où il est colonel, capitaine, curé (dans le Clochemerle de Pierre Chenal, en 1947), commissaire et même président de tribunal, autant de personnages qu'il campe bonassement sous des dehors gentiment ridicules. Il s'éteint en 1956 après un dernier film : Trois jours de bringue à Paris. ■

Josette Day

De son vrai nom Dagory, elle naît en 1914 et fait ses débuts au cinéma dès l'âge de 5 ans dans Ames d'Orient. Mais c'est la danse qui l'attire : elle a 9 ans quand elle est admise comme petit rat à l'Opéra. Retour à l'écran en 1930 sous la direction de Julien Duvivier dans Allô Berlin, ici Paris. Elle crée plusieurs pièces, séduit Paul Morand puis Marcel Pagnol (qu'elle épousera et dont elle divorcera) qui écrit pour elle La Fille du puisatier. Mais c'est Jean Cocteau qui lui donne la vedette de deux de ses plus beaux films : La Belle et la Bête (1947) où sa beauté et la tendresse de son amour transforment Jean Marais en prince charmant, et Les Parents terribles (1949), où elle est la malheureuse fiancée, rôle qu'elle a créé au théâtre. Encore un film et elle s'éclipse, épouse alors un industriel belge qui décède en 1960, puis un armateur grec, avant de mourir en 1972.

Mady Berry

Si, comme toutes les comédiennes, Mady Berry (née en 1887) a commencé par vouloir jouer les jeunes premières, ce seront pourtant ses rondeurs qui lui assureront la notoriété. Dans les années trente et quarante, on la retrouve donc volontiers à l'office (elle est cuisinière dans Ces dames au chapeau vert, en 1937), à la loge (elle est concierge dans Les 5 Sous de Lavarède en 1939, et elle sera encore la même année dans Sans lendemain ainsi que dans La Mort du cygne, en 1937). Fidèle à la tradition du « bon gros », son physique plantureux la désigne pour camper des personnages au cœur d'or, qu'elle joue d'ailleurs sans jamais tomber dans l'outrance ni la caricature. Cantonnée au cinéma dans des seconds rôles qu'elle marque de sa personnalité, elle poursuit parallèlement une carrière au théâtre et publie en 1962 Cinquante ans sur les planches, mémoires d'une servante, avant de s'éteindre trois ans plus tard. ■

Marcel Vallée

Né en 1885, court sur pattes et rond à le croire dessiné au compas, Marcel Vallée débute dans les films de Max Linder avant d'être valet dans Les Trois Mousquetaires, en 1921, sous la direction d'Henri Diamant-Berger avec qui il tournera encore une dizaine de films. Fantoche ou vociférant, son volume ne distille pas la bonhomie mais, au contraire, la méchanceté sournoise ou déclarée : c'est ainsi qu'il trouve le rôle de sa carrière en créant Monsieur Muche, directeur de pension qui terrorise le pauvre Topaze ; il campera ensuite Muche deux fois au cinéma, dans la version de Louis Gasnier, en 1932 (avec Louis jouvet), et dans celle de Marcel Pagnol, en 1950 (avec Fernandel). Dirigé par Julien Duvivier, Max Ophüls, Ernst Lubitsch (dans La Veuve joyeuse, en 1934, aux côtés de Maurice Chevalier) ou Sacha Guitry, il travaille au théâtre sous la direction de Firmin Gémier et de Jacques Copeau. Colette vante son « comique têtu et son beau petit œil d'éléphant ». Il meurt en 1957. ■

Jeanne Fusier-Gir

Née en 1885, elle accole à son nom celui de son mari, le peintre Gir, pour se différencier de ses sœurs Berthe et Isabelle qui jouent aussi la comédie. Précaution inutile tant la personnalité singulière et frappante de Jeanne Fusier-Gir s'impose à l'écran au premier coup d'œil, avec sa façon de grossir chaque trait, sinueuse ou pète-sec, boniche ou libraire nymphomane, commère ou comtesse mondaine, avec sa voix pointue qui peut s'évader dans des pâmoisons rêveuses de vierge pas si effarouchée. Elle tourne sans discontinuer de 1930 (Chérie de Louis Mercanton) jusqu'en 1966 (LeJardinier d'Argenteuil de Jean-Paul Le Chanois), mais seuls Henri-Georges Clouzot (Le Corbeau, 1943 ; Quai des Orfèvres, 1947 ; Miquette et sa mère, 1949) et Sacha Guitry, dont elle sera l'interprète une dizaine de fois, sauront véritablement mettre en valeur ce tempérament hors du commun. Elle est morte en 1973. ■