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C'EST une femme de quarante ans. Médecin, agrégée, chef de clinique dans un hôpital parisien, son activité dévorante se double d'énormes responsabilités. Du moins, sa vie familiale pourrait-elle être paisible ; elle ne l'est pas : son mari la trompe et elle le trompe. Ils sauvent les apparences pour les enfants mais une fille de dix-huit ans et un garçon de quinze ans ne sont pas dupes de ces choses-là, et tout le monde est mécontent, maussade, irrité en dépit des efforts de Françoise Gailland pour contenter tout son petit monde.
L'angoisse et la peur
C'est dans cette atmosphère, à l'occasion d'une radio de contrôle, que survient la crise : Françoise découvre qu'elle est atteinte d'un cancer. Elle qui passe son temps à mentir charitablement à ses malades va devoir affronter, pour son propre compte, une vérité qu'elle connaît trop bien. L'angoisse et la peur l'assaillent, son premier réflexe est la fuite. Elle part avec son amant, laissant sa famille, ses malades et ses confrères trop lucides. Lorsqu'elle revient, c'est prête à lutter, pied à pied, contre la maladie. Ses enfants et son mari, réunis autour de son lit d'opérée, l'y aideront et elle vaincra.
Tiré d'un roman (de Noëlle Loriot, éditions Grasset), le film est construit comme un mélo avec ses coups de théâtre et ses conventions lourdes. Pas de place ici pour les égarements du spectateur : on le guide d'une poigne ferme à travers des épisodes aussi prévus que les stations du Calvaire. Ce n'est pas du cinéma léger et subtil que Jean-Louis Bertucelli nous sert là : tout est démontré, expliqué, souligné, martelé comme dans une publicité : « Enfoncez-vous ça dans la tête : si l'on bande sa volonté, le cancer, on peut s'en tirer. » Mieux vaut y croire, et si beaucoup de spectateurs y croient, le film aura atteint son but. Dans ce sens, il est efficace, sa machinerie fonctionne, on croit. Annie Girardot n'y est pas pour rien : sa Françoise Gailland, elle la prend en charge et met ses pas dans les siens avec une précision de tous les instants, sa sympathie pour son personnage éclate ; elle nous fait partager avec une vérité criante sa soudaine faiblesse de femme forte et la mène au combat avec une vérité contagieuse. De la belle ouvrage, soigné, auquel s'associent François Perier (le mari ), Jean-Pierre Cassel (l'amant), qui ont accepté de n'être que les partenaires, presque les faire-valoir de l'héroïne de ce mélo médical.