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Jane Marken en vieille cocotte
Jane Marken et Marcelle Chantal
Maia Poncet et Marcelle Chantal
Marcelle Chantal et Jane Marken
Marcelle Chantal et Jean Desailly
Marcelle Derrien et Jean Desailly
Marcelle Derrien et Suzanne Dantes
Suzanne Dantes entre Derrien et Marken
Yvonne de Bray et Jean Desailly
Yvonne de Bray et Marcelle Chantal
Jean DESAILLY Fred Peloux dit "Chéri" Marcelle CHANTAL Léa de Lonval Yvonne DE BRAY la Copine Jane MARKEN Charlotte Peloux, mère de Chéri Marcelle DERRIEN Edmée Suzanne DANTES Marie-Laure, mère d'Edmée Maïa PONCET la baronne Made SIAME Rose, domestique de Léa Jane FABER Lili MAG-AVRIL Aldonza Guy HAUREY Guido Francine LOHIER Annie (à confirmer) Raoul CHANTREL Henri HENRIOT
L'adaptation de Colette au cinéma est en vogue à cette époque : Jacqueline Audry adapte "Gigi" (1949), "Minne, l'ingénue libertine" (1950), plus tard "Mitsou" (1956) ; Claude Autant-Lara va tourner "Le blé en herbe" en 1953. En 1950, Pierre Billon s’attaque à la réalisation de « Chéri », roman transposé pour la scène en 1921 et remis au goût du jour par la reprise au Théâtre de la Madeleine en octobre 1949. Jean Marais et Valentine Tessier jouaient les rôles principaux. Louée par la critique théâtrale, Valentine Tessier, qui n’a tourné que trois films dans la décennie précédente, n’est pas retenue par la production : solidaire de sa partenaire, Jean Marais renonce au film.
C’est Jean Desailly qui reprend le rôle de Fred Peloux, alias Chéri, jeune oisif nourri au grain par sa mère, une cocotte sur le retour, « la seule femme de mœurs légères qui ait osé élever son fils en fils de grue ! » nous dit Colette. Marie-Laure, demi-mondaine ayant hérité de son amant richissime, a une fille, Edmée, qui semble destinée à Chéri. Or, depuis cinq ans, Chéri aime Léa de Lonval, de vingt ans plus âgée que lui. Léa comprend que son heure est passée mais Chéri, même marié, ne veut pas oublier sa vieille maîtresse…
Construit en flash-backs successifs, le film raconte la séparation progressive de Chéri et Léa. Marcelle Chantal - qui venait de tourner « Julie de Carneilhan » également adapté de Colette – trouve là son dernier rôle à l’écran. A ses côtés, trois grandes comédiennes : Yvonne de Bray en confidente, Suzanne Dantès – « la jeunesse même ! » souligne ironiquement le dialogue - et surtout Jane Marken, effrayante de vulgarité en mère abusive doublée d'une redoutable commère Belle-Epoque ; attifée d’un bonnet à rubans, elle demande à son petiot : « Du Barry ou Pompadour, de qui ai-je l’air ? – D’un vieux forçat ! »
Tout ce joli monde s’appelle « ma mignonne » ou « ma Lolotte » en multipliant les coups de griffes. Jean Desailly ne parvient pas, malgré son talent, à nous attacher à un personnage veule et finalement antipathique dont la conception du mariage s’exprime en ces mots : « Je l'épouse : qu'elle baise la trace de mes pas et bénisse sa destinée ! »
Douze ans plus tard, la télévision nous propose une reprise de la pièce où Madeleine Robinson et Jean-Claude Brialy sont entourés par un redoutable quatuor de vieilles cocottes : Denise Grey, Mary Marquet, Madeleine Clervanne et Madeleine Barbulée. On pensait révolu le temps des demi-mondaines et des gigolos lorsqu’en 2009 Stephen Frears réalisa la plus belle adaptation de « Chéri » avec Michelle Pfeiffer et Kathy Bates.
Jean-Paul Briant, mars 2021