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Arlette Thomas et Betty Schneider
Arlette Thomas et Gabrielle Dorziat
Arlette Thomas et Jean Rochefort
Daniel Ceccaldi et Roger Carel
Daniel Ceccaldi et Roger Crouzet
Gabrielle Dorziat et Jean Rochefort
Gabrielle Dorziat en revenante
Gabrielle Dorziat et Roger Crouzet
Roger Carel et Daniel Ceccaldi
Roger Crouzet et Arlette Thomas
Roger Crouzet et Jean Jacques Steen
Roger Crouzet et Jean Rochefort
Gabrielle DORZIAT la comtesse Anna Fedotovna Tomski Roger CROUZET Hermann, officier allemand Jean ROCHEFORT Comte Paul Tomski, petit-fils de la comtesse Arlette THOMAS Lise Ivanovna, pupille de la comtesse Roger CAREL Yvan, ami de Paul Daniel CECCALDI Serge Leonidovitch, ami de Paul Betty SCHNEIDER Dounia, domestique de la comtesse Jean-Jacques STEEN Alexis, ordonnance de Hermann Pierre ASSO le banquier au jeu de cartes Tina BENGHERRA la modiste Marcel TRISTANI le premier joueur Alain NOBIS le deuxième joueur
« La Dame de Pique » a déjà connu quelques belles adaptations lorsque Youri et Stellio Lorenzi s’y attellent : en 1937, Fedor Ozep proposait une version mémorable interprétée par Marguerite Moreno, géniale comtesse, et Pierre Blanchar en officier halluciné ; en 1949, le cinéaste britannique Thorold Dickinson adapte à son tour de façon remarquable la nouvelle de Pouchkine sous le titre français de « La reine des cartes » avec Anton Walbrook et Edith Evans.
Pour jouer le rôle de la Comtesse Tomski, Lorenzi s’adresse à une authentique comtesse : Gabrielle Sigrist étant devenue Comtesse Michel de Zogheb depuis son mariage en 1925. Plus que ce titre de noblesse, devait compter pour la grande Dorziat son entrée à la Comédie Française en 1957, un an avant le tournage de « La Dame de Pique ». Agée de près de 80 ans, elle compte alors plus d’un demi-siècle de carrière, entamée d’abord au théâtre et prolongée sans interruption sur grand écran de « Mayerling » en 1935 - où elle jouait Sissi – jusqu’en 1965, l’année de sa retraite. Pourtant, dix ans plus tard, au micro de Jacques Chancel, elle rêvait encore d’un dernier rôle à l’écran, celui d’une grand-mère « sarcastique et hautaine », et s’enthousiasmait à l’idée de devenir centenaire, ce qui, à deux mois près, serait presque le cas... En revanche, jouer en direct pour la télévision fut une épreuve qu’elle se jura de ne jamais renouveler !
Les contraintes du direct se sentent dans la version 1958 – quelques rares lapsus, pas mal d’ombres de micros - mais cela ne porte pas préjudice à l’œuvre qui met en scène une vieille comtesse russe, dépositaire dit-on du « secret des cartes » que lui aurait autrefois confié à la cour de France le fameux mage Cagliostro… Son petit-fils Paul, joueur invétéré, aimerait disposer du secret pour ne plus perdre au jeu mais celui qui paraît prêt à tout pour l’obtenir est un officier allemand, Hermann, qui se dit amoureux de Lise, la pupille de la comtesse…
L’interprétation de Gabrielle Dorziat est remarquable, que ce soit dans les échanges vifs et plaisants avec Jean Rochefort qui joue son petit-fils ou, en mode tyrannique, face aux jeunettes Arlette Thomas et Betty Schneider qu’elle se plaît à houspiller ; son apparition fantomatique à la fin de l’histoire reste forte malgré l’absence d’effets spéciaux. Daniel Ceccaldi et Roger Carel proposent un duo ironique d’officiers désœuvrés commentant l’action. Arlette Thomas retrouve un emploi d’amoureuse naïve comme dans le « Pattes Blanches » - de Grémillon. Roger Crouzet, qui devient le personnage central dans la seconde partie, ne démérite pas, même si, dans mon souvenir un peu lointain, le Pierre Blanchar de 1937 convenait mieux à ce personnage d’officier obsédé par le secret des cartes.
Jean-Paul Briant, Juin 2021