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Le petit theatre de Jean Renoir
Jean Renoir et son Petit Theatre
LA CIREUSE Lisa Livane et Denis de Gunzburg
LA CIREUSE Marguerite Cassan et Jacques Dynam
LA CIREUSE Marguerite Cassan et Pierre Olaf
REVEILLON Gib Grossac et Annick Berger
REVEILLON Milly et Nino Formicola
REVEILLON Nino Formicola et Milly
REVEILLON Robert Lombard et Andre Dumas
YVETOT Andrex et Fernand Sardou
YVETOT Dominique Labourier et Fernand Sardou
YVETOT Francoise Arnoul et Dominique Labourier
YVETOT Francoise Arnoul et Fernand Sardou
YVETOT Francoise Arnoul et Jean Carmet
YVETOT Jean Carmet et Francoise Arnoul
Jean RENOIR lui-même Jeanne MOREAU la chanteuse de la Belle Epoque Fernand SARDOU Commandant Duvallier "LE ROI D'YVETOT" Françoise ARNOUL Isabelle Duvallier "LE ROI D'YVETOT" Jean CARMET André Féraud "LE ROI D'YVETOT" Dominique LABOURIER Paulette "LE ROI D'YVETOT" ANDREX Blanc "LE ROI D'YVETOT" Roger PREGOR Jolly "LE ROI D'YVETOT" Edmond ARDISSON César "LE ROI D'YVETOT" Marguerite CASSAN Emilie "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Pierre OLAF Gustave, premier mari d'Emilie "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Jacques DYNAM Jules, second mari d'Emilie "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Jean-Louis TRISTAN le représentant en cireuses électriques "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Lisa LIVANE alias Claude GUILLAUME la jeune amoureuse "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Denis DE GUNZBURG le jeune amoureux "LA CIREUSE ELECTRIQUE" Nino FORMICOLA le clochard "LE DERNIER REVEILLON" MILLY la compagne du clochard "LE DERNIER REVEILLON" Roland BERTIN Gontran "LE DERNIER REVEILLON" Robert LOMBARD le maître d'hôtel "LE DERNIER REVEILLON" André DUMAS le gérant du restaurant "LE DERNIER REVEILLON" Frédéric SANTAYA un ami de Gontran au restaurant "LE DERNIER REVEILLON" Pierre GUALDI un autre ami de Gontran "LE DERNIER REVEILLON" Gib GROSSAC le gros monsieur "LE DERNIER REVEILLON" Annick BERGER la grosse dame "LE DERNIER REVEILLON" Roger TRAPP un clochard "LE DERNIER REVEILLON" Max VIALLE un clochard "LE DERNIER REVEILLON" Jean-Michel MOLÉ le portier du restaurant "LE DERNIER REVEILLON" Paulette DEVESON "LE DERNIER REVEILLON" Sabine HERMOSA "LE DERNIER REVEILLON"
Jean Renoir clôt sa carrière avec ce « Petit Théâtre » tourné en coproduction pour l’ORTF et la RAI. Le cinéaste paraît lui-même à l’écran avec sa bonhomie coutumière et présente chacun des quatre actes de son dernier film. A priori moins ambitieux que « Le testament du docteur Cordelier », tourné quelques années plus tôt pour la télévision, le « Petit Théâtre » est bien plus plaisant et réussi.
Renoir place son premier récit, « Le dernier réveillon », sous le patronage d’Andersen et l’on repense à sa belle transposition de « La petite marchande d’allumettes » en 1928. Un noceur paye un vieux clochard pour qu’il s’installe derrière la vitre du restaurant où il réveillonne avec ses amis et les regarde s’empiffrer. Héritant finalement des restes du repas, le clochard les partage avec sa compagne en rêvant à la vie qu’ils auraient pu connaître avant de s’endormir une dernière fois sous la neige… Sur un ton satirique, la scène du restaurant est bien menée par Roland Bertin, le noceur cynique, et Robert Lombard en maître d’hôtel obséquieux à souhait. Le réveillon du vieux couple – Nino Formicola et Milly - a une tonalité différente, touchante et mélancolique.
« La cireuse électrique » est une fable amusante sur le couple et la modernité. Obsédée par le dernier modèle de cireuse électrique, une femme mariée est indifférente à la promotion de son mari dont elle provoque involontairement la mort – accident de cireuse ! – ce qui ne l’empêche pas de se remarier bientôt… Marguerite Cassan retrouve Renoir après « Le déjeuner sur l’herbe » et Pierre Olaf était le Pierrot siffleur de « French Cancan » : leurs disputes, commentées par le chœur chanté du voisinage, sont amusantes comme le « dialogue » de Jacques Dynam, le second mari, avec la photo en noir et blanc du premier qui s’amuse dans son cadre des disputes du nouveau couple.
Jeanne Moreau fait ensuite son unique apparition dans l’univers de Renoir alors que le cinéaste avait pour elle de nombreux projets. « Avec une grâce infinie », elle chante en costume de la Belle Epoque « Quand l’amour meurt », intermède musical qui aurait trouvé sa place dans « French Cancan » ou « Elena et les hommes ».
Enfin, « Le roi d’Yvetot » est un hommage à la tolérance, « une vertu qui tend à disparaître, et c’est bien dommage » selon les mots de l’auteur. Renoir y retrouve une équipe familière : Françoise Arnoul, la Nini de « French Cancan », Jean Carmet qu’il avait dirigé dans « Le caporal épinglé », Fernand Sardou - le père de Catherine Rouvel dans « Le déjeuner sur l’herbe » - et même Andrex et Ardisson, présents tous deux trente ans plus tôt dans « La Marseillaise ».
Marié à une femme trop jeune, le brave Duvalier lui propose la séparation car il souffre de la voir s’étioler. Elle refuse mais voici que survient Féraud, le nouveau vétérinaire, qui tombe amoureux d’Isabelle. Très vite, le trio devient inséparable. Féraud et Isabelle sont amants mais Duvalier ne semble pas le remarquer… Le récit est savoureux et donne à Fernand Sardou l’une de ses meilleures interprétations en mari tolérant. L’ensemble de la troupe est au diapason et l’on n’oubliera pas les fous rires incongrus de Dominique Labourier, la petite bonne qui veut « devenir une hétaïre comme la dame aux camélias ou Messaline » ! Une très jolie fable.
Jean-Paul Briant, Février 2022