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ANTOINE Gisele Preville et Tanis Chandler
ANTOINE Patricia Roc et Francois Perier
ANTOINE Tanis Chandler et Francois Perier
LOUIS Anne Campion et Reggiani
LOUIS Cecile Didier et Reggiani
LOUIS Reggiani et Cecile Didier
RENE Andre Carnege et Jacques Mattier
RENE Carnege et Jacques Hilling
RENE Lucien Guervil et Noel Noel
RENE Marie France et Noel Noel
RENE Noel Noel et Francois Patrice
INTERPRETES DU "RETOUR DE TANTE EMMA" Bernard BLIER Gaston Jane MARKEN Tante Berthe Lucien NAT Charles Héléna MANSON Simone Nane GERMON Henriette Madame DE REVINSKY Tante Emma INTERPRETES DU "RETOUR D'ANTOINE" François PERIER Antoine Patricia ROC Lieutenant Évelyne Tanis CHANDLER Capitaine Betty Gisèle PREVILLE Lilian Janine DARCEY Mary Max ELLOY Félix, le barman Véra NORMAN une femme officier INTERPRETES DU "RETOUR DE JEAN" Louis JOUVET Jean Girard Léo LAPARA Bernard Jo DEST l'Allemand Noël ROQUEVERT le commandant Jean BROCHARD l'hôtelier Monette DINAY Juliette Maurice SCHUTZ le vieux Louis FLORENCIE le commissaire Jeanne PEREZ la mère de famille Germaine STAINVAL la vieille fille Georges BEVER le père de famille Cécile DYLMA la serveuse Jean SYLVERE un inspecteur INTERPRETES DU "RETOUR DE RENE" NOËl-NOËL René Martin Paul AZAÏS le capitaine Madeleine GEROME la jeune veuve Suzanne COURTAL la concierge François PATRICE le trafiquant Maurice CROUÉ l'oncle Hector Lucien GUERVIL le vieux garçon MARIE-FRANCE la gamine André CARNEGE le colonel Jacques MATTIER le délégué Jacques HILLING Deschamps, journaliste au Figaro André BERVIL le barman Julien MAFFRE un soldat INTERPRETES DU "RETOUR DE LOUIS" Serge REGGIANI Louis Froment Paul FRANKEUR le maire Léonce CORNE Maître Virolet Anne CAMPION Elsa, femme de Louis Élisabeth HARDY Yvonne, soeur de Louis Cécile DIDIER Mme Froment Léon LARIVE Jules, le garde-champêtre Florence BRIERE une commère Lucien FREGIS l'épicier Madeleine BARBULEE une commère André DARNAY l'instituteur
« Mai 1945. Deux millions de français et de françaises, prisonniers militaires, déportés politiques, sont délivrés et regagnent la France. Ils ont attendu longtemps cet instant du retour qui sera merveilleux. Pourtant ceux qui sont partis et ceux qui sont restés ont traversé des drames différents et le plus difficile pour eux sera de se reconnaître et de se comprendre. » Tel est le prologue de « RETOUR A LA VIE », un film à sketches sorti au cinéma en septembre 1949. A l’exception du « Retour de Jean » écrit par Jean Ferry et Henri-Georges Clouzot, tous les sketches sont de Charles Spaak.
Le premier sketch, réalisé par André Cayatte, est « Le retour de Tante Emma ». Le ton est grave et ce retour n’a rien de « merveilleux »… Tante Emma, rescapée du camp de Dachau, est rentrée, méconnaissable et mutique, chez sa sœur Berthe. La famille se réunit autour d’elle mais ce qui importe avant tout est d’obtenir la signature authentique d’Emma car son neveu Gaston a fait un faux sur un acte notarié afin de profiter au plus vite de l’héritage d’un oncle décédé… Le ton est acerbe et, si Jane Marken joue un personnage plus positif que de coutume, Lucien Nat, Héléna Manson et Bernard Blier sont parfaits dans le rôle des neveux intéressés. Sous son air bonasse, Blier n’hésite pas à lancer à sa tante, totalement décharnée : « Note que j’ai maigri : les privations… »
Après cette entrée en matière, « Le retour d’Antoine », réalisé par Georges Lampin, paraît bien léger, voire anodin et pour ainsi dire hors-sujet. De retour d’un stalag, François Périer est sympathique en serveur de nuit dans un hôtel réservé aux femmes officiers de l’armée américaine mais l’histoire n’a guère d’intérêt. Une curiosité toutefois : aux côtés de Patricia Roc et Tanis Chandler, les frenchies Janine Darcey et Gisèle Préville ne jouent qu’en anglais.
« Le retour de Jean », signé Clouzot, est le sketch le plus noir. Les personnages sont uniformément antipathiques, à commencer par Jean Brochard, tenancier d’une pension où se retrouvent de vieilles badernes comme Noël Roquevert et Maurice Schutz, des familles privées de logement ou Jean Girard, un prisonnier de guerre qui ne parvient pas à surmonter son amertume et renouer avec son métier d’enseignant. Un prisonnier allemand blessé s’évade et se réfugie dans la chambre de Girard. Lorsqu’il apprend qu’il s’agit d’un tortionnaire condamné à mort, Girard veut comprendre comment un homme banal peut se transformer en bourreau… Louis Jouvet est extraordinaire dans le rôle de cet homme droit qui en vient à faire justice lui-même.
Jean Dréville signe les deux derniers sketches. « Le retour de René » est interprété avec sa bonhomie coutumière par Noël-Noël. Le hasard a désigné le brave René comme le « quinze cent millième » prisonnier dont on fête le retour à la gare d’Orsay. Dresseur de chiens savants, il découvre que sa femme l’a quitté et que son appartement est occupé par des « sinistrés du Havre », une jeune veuve, son frère et ses enfants. L’ironie est bien présente et s’exerce sur les résistants de la dernière heure ou les épurateurs fanatiques. « Vous en avez de la veine ! » ne cesse-ton d’affirmer au pauvre René qui ne connaît que des déconvenues.
« Le retour de Louis » ne déclenche pas l’enthousiasme de ses concitoyens : il a épousé Elsa, une jeune allemande. Si sa mère se range à ses côtés, les villageois rejettent l’étrangère et la poussent au désespoir… Portrait satirique d’une France xénophobe, le film propose un happy end sans doute artificiel mais finalement bienvenu. Serge Reggiani est comme toujours excellent, bien entouré par de solides comparses nommés Paul Frankeur, Léonce Corne et Cécile Didier. Le message du film pourrait être celui du Prévert de « Barbara » : « Pire que la cruauté des guerres, il y a leur stupidité.»
Jean-Paul Briant, avril 2021