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  • Jean Brochard

    Naissance : 1893
    Décès : 1972
     
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    Jean Brochard
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    Jean BROCHARD

     Avec son air bonhomme, son bedon, sa moustache et sa bouffarde, Jean Brochard semblait l’incarnation parfaite de monsieur tout-le-monde et c’est bien le rôle qu’il tiendra tout au long de trois décennies de carrière cinématographique et près de 120 films. Paradoxalement, il donna le meilleur de lui-même en incarnant des personnages douteux, particulièrement ceux que lui proposa Christian-Jaque, au détour des années 40.

     Son père voulait qu’il soit typographe mais l’imprimerie ne l’intéresse guère : il s’inscrit en douce à un cours de diction qui lui vaut un second prix de comédie ; lorsque son père l’apprend, il lui lance, effondré : « Tu ne vas tout de même pas devenir comédien ! » C’est pourtant ce qui advint juste avant que la guerre de 14 n’interrompe l’aventure. Grièvement blessé au Chemin des Dames en 1917, il retrouve les planches, cette fois à Paris. Il tâte de l’opérette et du cabaret mais le menu n’est pas toujours de qualité : des années plus tard, le comédien se souvenait des « joyeuses infamies musicales » commises en bonne compagnie puisque sévissaient sur les mêmes planches de joyeux drilles nommés Dalio, Larquey et Pierre Brasseur. On le remarque enfin en inspecteur Poussin dans « La treizième enquête de Grey ». Son palmarès théâtral sera riche de trois cents rôles.   

     Le cinéma ne le découvre qu’en 1932. Il lui faut rattraper le temps perdu aussi enchaînera-t-il une quarantaine de titres en sept ans. On peine à le repérer dans « La tête d’un homme » (1932) ou « Minuit, Place Pigalle » (1934) mais il gagne un début de notoriété grâce aux aventures de « L’inspecteur Grey » (1936) dont il sera le faire-valoir comique dans trois films. De simples apparitions en silhouettes amusantes, il se contente de passer le balai dans « Vous n’avez rien à déclarer ? » (1936) pour le plaisir de croiser Raimu ; on l’aperçoit une minute en poilu, le temps d’un gag, dans « Paradis perdu » (1939) ; dans « La loi du nord » (1939), il porte la chemise à carreaux du trappeur canadien. C’est dans les années 40 qu’il s’impose, en grande partie grâce à son ami Christian-Jaque qui l’emploie à sept reprises, avec une prédilection pour les rôles de bourgeois lâches et veules. « Impayable » Loiseau dans « Boule de Suif » (1945), il combine drôlerie et bassesse avec un talent évident, que l’on retrouve dans « Un revenant » (1946) : industriel pusillanime et magouilleur, il dispense à son fils des cours d’hypocrisie bourgeoise. Il était particulièrement antipathique en pédophile dans « L’enfer des anges » (1939) ou en meurtrier dans « L’assassinat du père Noël » (1941), sans parler du clerc haineux qui sévit dans « Les Roquevillard » (1943) de Jean Dréville. Sur une note plus amène, il joue le père de théâtre de Danielle Darrieux dans « Caprices » (1941), l’aubergiste Lillas Pastia de « Carmen » (1943) et, dans « Voyage sans espoir » (1943), un policier aux trousses de Paul Bernard. 

     

    De fait, on peut dire que la police lui réussit assez bien : agent de police dans « Bach en correctionnelle » (1939), inspecteur Poussin ou Mollison, finalement commissaire, il aura grimpé tous les échelons jusqu’au divisionnaire de la P.J. dans « Rafles sur la ville » (1958). Auprès de Fernandel dans « L’acrobate » (1940), on le retrouve, complètement dépassé par l’amnésie volontaire de cet hurluberlu. C’était déjà son emploi, le bégaiement en sus, dans « Raphaël le Tatoué » (1937). Mention spéciale à ses excellentes prestations d’inspecteur perspicace dans « L’homme de Londres » (1943) et surtout « Le rideau rouge » (1952) où il découvre l’univers du théâtre avec une fausse naïveté qui fait merveille. Il emporte notre sympathie dans « Cinq tulipes rouges » (1948) lorsque son commissaire Honoré Ricoul relâche le brave Raymond Bussières parce qu’un pêcheur à la ligne ne peut être un assassin. En revanche, sa bêtise suffisante est réelle dans « La femme en rouge » (1946) où il ne comprend rien à l’enquête qu’il est censé diriger ; en juge d’instruction de « La Dame d'onze heures » (1947), il n’est pas mieux loti et son neveu S.O.S. n’a pas grand mal à le berner. D’autres uniformes semblent lui réussir, celui de douanier dans « Ramuntcho » (1937), de gendarme dans « Monsieur Taxi » (1952) ou de curé de l’Ile de Sein dans « Dieu a besoin des hommes » (1950).

     Parmi les personnages inquiétants qu’il se plut à interpréter, on remarque Dandurand, l’assassin exécrable de « Cécile est morte » (1943), ainsi que Marche-à-Terre, le plus redoutable des « Chouans » (1946). Chez Clouzot, il a toute sa place dans la galerie de corrompus épinglés par « Le Corbeau » (1943) : économe de l’hôpital, il se sert impunément dans la caisse et exerce un chantage sur son supérieur hiérarchique. Le docteur Parpalaid de « Knock » (1950) est moins fautif mais tout aussi médiocre comme Duveyrier, le nouveau propriétaire de l’immeuble de « Pot-Bouille » (1957), cocu affublé d’un ridicule lorgnon. Déjà, dans « Le journal tombe à cinq heures » (1942), on avait du mal à trouver plaisant ce journaliste chargé des nécrologies qui se réjouissait à l’avance de la mort des célébrités. Pour Henri Calef, il joue un contremaître retors dans « La maison sous la mer » (1947), un propriétaire terrien haï de tous dans « Bagarres » (1948) - où il engage la belle Maria Casarès comme servante avec l’intention affichée de l’obliger à partager sa couche – puis un notable détestable que l’on assassine dans « Les violents » (1957). Heureusement, il campe aussi des personnages plus aimables, comme le résistant héroïque de « Jéricho » (1945), le maire de « Clochemerle » (1948), l’ouvrier blessé par balle de « Sous le ciel de Paris » (1950) ou Plantiveau, l’homme à tout faire du collège dans « Les diaboliques » (1954). Employé soumis mais époux irascible dans « Millionnaires d’un jour » (1949), il regagne notre sympathie en redécouvrant au bout de vingt-deux ans qu’il aime toujours son épouse, l’adorable Gaby Morlay. Divine surprise dans l’horizon un peu terne de sa filmographie des années 50, son incursion inattendue chez Fellini dans « Les Vitelloni » (1953) où il campe un père plus italien que nature, le temps de corriger à coups de ceinturon son don juan de fils !

     Sa carrière cinématographique s’achève en 1959 avec « Mademoiselle Ange » où il joue le père de Romy Schneider. Il participe encore à quelques dramatiques de prestige comme « Vol de nuit » (1959) d’après Saint-Exupéry ou « Le drame des poisons » (1960) de Stellio Lorenzi mais les premières atteintes de la maladie de Parkinson se font sentir comme on l’observe en direct lors de la captation de « L’affaire Gayet » filmée en juillet 1958 pour la série « En votre âme et conscience ». Bientôt il doit se retirer à « L’Entracte » : c’est ainsi qu’il avait joliment baptisé sa maison de Saint-Jean-de-Boiseau en Loire-Atlantique. Toutefois son état de santé se dégrade et les dernières années seront éprouvantes. Il reçut tardivement la légion d’honneur mais les spectateurs lui avaient depuis longtemps attribué d’office la palme du meilleur second rôle !

    Jean-Paul Briant

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