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Bernadette lange et Pierre Ducan
Jean Brochard Jane Marken et Louis Jouvet
Jean Carmet Andre Dalibert et Louis Jouvet
Louis Jouvet et Andre Dalibert
Louis Jouvet et Bernadette Lange
Louis Jouvet et Marguerite pierry
Madeleine Barbulee et Pierre Brochard
Mireille Perret Jean Brochard et Pierre Renoir
Pierre Renoir et Claire Olivier
Louis Jouvet Le docteur Knock Jean Brochard Le docteur Parpalaid Jane Marken Madame Parpalaid Pierre Renoir Monsieur Mousquet le pharmacien Pierre Bertin Monsieur Bertin l'instituteur Mireille Perrey Madame Rémy la propriétaire de l'hôtel de la clef Marguerite pierry Madame Pons la riche patiente Geneviève Morel La première patiente Jean Carmet Un patient puis un "infirmier" André Dalibert Le camarade de Jean Carmet Yves Deniaud Le tambour municipal Pierre Duncan Le livreur puis un "curiste" Bernadette Lange Mariette la "secrétaire" du docteur Knock Paul Faivre Le Maire Claire Olivier L'épouse du pharmacien Jacques Monod Le premier trombone Jean Berton Le chef de gare Madeleine Barbulée Une infirmière Sylvain Schenckel le chauffeur des Parpalaid puis le valet à l'hôtel de la clef Louis de Funès le malade qui a perdu 100 grammes
Mise en scène: Guy LEFRANC
D'après la pièce éponyme de Jules ROMAINS de L'Académie Française
Adaptation: Georges NEUVEUX
Dialogues: Jules ROMAINS de L'Académie Française
Direction artistique: Louis JOUVET
Directeur de la photographie: Claude RENOIR
Cameraman: Gilbert CHAIN
Décors: Robert CLAVEL assisté de Jacques DOUY
Assistant réalisateur: Maurice DELBEZ
Deuxième assistant: Michel MOMBAILLY
Script-girl: Nicole BENARD
Régisseur général: Jean MOTTET
Régisseur d'extérieurs: Guy MAUGIN
Maquillage: S. GLEBOFF et J.COULANT
Assistant de prises de vues: Roger TELLIER et Andreas WINDING
Photographe: Roger CORBEAU
Montage: Louisette HAUTECOEUR assistée de Denise NATOT
Musique: Paul MISRAKI
Edition IMPERIA
Chef opérateur du son: Jean RIEUL
Directeur de production: Léon CANEL
Film tourné à Billancourt aux studios PARIS-STUDIOS-CINEMA
Producteur: Jacques ROITFELD
Synoptique: Reprenant la patientèle inexistante d'un très traditionnel médecin de province, le docteur Knock constate qu’il s'est fait escroqué. Il va alors mettre en application l'objet de sa thèse sur "les prétendus états de santé". Cette thèse, qui à l'aide de méthodes résolument agressives, persuade la population, en jouant sur sa crédulité et son ignorance de la chose médicale que: "les gens bien portant sont des malades qui s'ignorent". Cette approche va fédérer tous ceux qui y trouvent un intérêt au mépris de toute considération humaniste et déontologique.
Article paru en 1972
"Knock", pièce sans amour, est né de l'amitié de Jules Romains et de Louis Jouvet
LE monde a toujours tourné autour de deux pôles d'intérêt : l'amour qui occupe les cœurs, la santé qui occupe les corps. Ce sont ces moteurs qui font marcher l'humanité. Après Molière, Jules Romains a compris , qu'il tenait, avec la médecine, un puissant ressort dramatique. Mais, plus téméraire que l'auteur du « Malade imaginaire », il a osé écrire une pièce, peut- être la seule dans son genre, dans laquelle il n'y a pas la moindre intrigue sentimentale. Malgré les sombres pronostics de Jacques Hébertot à la création de «Knock ou le triomphe de la médecine », en 1923, à la Comédie des Champs-Elysées (« Nous arriverons à dix-sept représentations mais j'en serai fier ») la pièce a été jouée un nombre incalculable de fois dans le monde entier, y compris en Afrique du Sud, devant des chercheurs d'or, et à Jérusalem, devant des Assomptionnistes. Knock, charlatan de génie, est entré dans l'immortalité, après Tartuffe, Alceste ou Rastignac, avec une réplique célèbre : « Tout homme bien portant est un malade qui s'ignore. » « Chose curieuse, note Jules Romains dans ses souvenirs (« Amitiés et rencontres »), pendant que j'écrivais ma pièce, et surtout pendant que je la disais moi-même, il m'arrivait d'entendre une phrase prononcée par Jouvet dans la vie ». L'amitié qui liait Jules Romains à Louis Jouvet était déjà ancienne. L'auteur dramatique avait eu, à plusieurs reprises, l'occasion d'apprécier le talent du comédien. Jouvet lui avait joué deux pièces : « Cromedeyre-le-Vieil » et « M. Le Trouhadec saisi par la débauche ». Mais c'est surtout au cours de nombreuses conversations que les deux hommes avaient pu se rendre compte qu'ils possédaient le même amour du théâtre et le même respect du texte. Cependant, avec «Knock», Jules Romains espérait entrer à la Comédie-Française. Jouvet l'en dissuada : « Qu'allez-vous faire chez ces gens-là ? Ils vous empoisonneront avec leurs mic- macs.»
« L'occasion d'être vous-même. »
Jouvet, qui avait quitté Jacques Copeau et le Vieux- Colombier, obtint de l'auteur de « Knock » de monter sa pièce chez Hébertot, où il jouait et mettait en scène. Soit par pudeur, soit intimidé par l'auteur, qui était un homme d'une grande culture, Jouvet n'osa pas d'abord se laisser aller à sa personnalité ; aux répétitions, il joua le rôle en composition. Trois ou quatre jours avant la générale, Jules Romains, prenant son courage à deux mains, alla le trouver : "Vous composez le rôle. Vous avez une occasion magnifique d'être vous-même." Il ignorait sans doute lui- même à quel point il avait vu juste. Près de quarante ans ont passés, depuis la création de « Knock », et il faudra sans doute encore une génération pour qu'on arrive à dissocier Knock de Jouvet. En se lavant longuement les mains, en faisant mousser interminablement le savon, Jouvet faisait hurler de rire toute une salle. Grâce au cinéma, le « Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? », prononcé de sa voix inimitable, avec sa curieuse diction hachée, restera aussi célèbre qu'une certaine « Atmosphère », lancée par la grande Arletty. Trois films ont été tirés de la pièce de Jules Romains. Le premier, muet, tourné en 1925, dans lequel Fernand Fabre tenait le rôle de Knock, fit une carrière très brève, arrêtée par l'avènement du cinéma parlant.
Knock- saint-bernard
Le deuxième, tourné à Epinay, respectait assez fidèlement les dialogues de la pièce. Jouvet en avait assuré la mise en scène et tenait le rôle de Knock. Sans grande conviction : il considérait, à cette époque, que ce passage devant la caméra « assurait sa matérielle de directeur de théâtre ». De même, il reprenait «Knock», qu'il appelait sa « pièce clef », son « Phénix », son « saint-bernard », chaque fois qu'il avait à renflouer les finances de son théâtre. Pourtant, en 1950, lorsqu'on lui proposa une nouvelle transposition de « Knock » à l'écran, dans une mise en scène de Guy Lefranc, il accepta sans hésiter. Il avait enfin compris l'énorme action du cinéma sur le public et souhaitait survivre grâce à son image. "Crois-tu que je serais devenu ce que je suis s'il n'y avait pas le cinéma ? " demandait-il avec lucidité à Guy Lefranc.
Louis Jouvet et les singes
Peut-être Jouvet avait-il également à cette époque le pressentiment de sa fin prochaine. Il devait mourir à peine un an plus tard. Jamais il n'avait été aussi actif que cette année-là. Chaque soir, il jouait « Tartuffe » à l'Athénée. Il projetait de porter la pièce de Molière à l'écran. Il donnait deux fois par semaine des cours au Conservatoire. Malgré sa fatigue, accrue par un froid intense, il arrivait chaque jour à Billancourt à 11 heures du matin ; et ne repartait qu'à 19 h 30. L'assistant le trouvait parfois endormi entre deux plans sur un lit de fortune. Le film terminé, Jouvet se fit, comme d'habitude, tirer l'oreille pour aller le voir en projection : « Il n'y a, disait-il, que les singes qui aiment se regarder. »
AUJOURD'HUI, KNOCK EST DÉTRÔNÉ PAR LE « COMPUTER »
Y a-t-il encore des « Knock » en 1972 ? On pourrait être tenté de répondre « oui » en lisant une certaine coupure de presse, datant d'à peu près un an, où il est question d'un médecin de la région de Martres-Tolosane qui soignait les maux chroniques de ses malades (la plupart obèses) par une thérapeutique révolutionnaire : le jeûne absolu. « Après deux semaines de traitement, je me sens si léger que j'ai l'impression d'avoir des ailes », déclarait un curiste satisfait. Ne croirait-on pas entendre Knock conseillant à la dame en noir de s'aliter et de ne prendre aucune alimentation solide pendant une semaine et de revenir le voir si elle présentait des signes de faiblesse ? Peut-être mieux vaut-il en rire, à une époque où les médecins de Molière ou de Jules Romains tendent à disparaître au profit d'un diagnostic au « computer ». D'ailleurs, Jules Romains (photo) s'est toujours défendu d'avoir fait une satire de la médecine. « J'ai voulu, dit-il, montrer la façon dont un homme devient chef et impose à la collectivité sa façon de voir. Le médecin a le plus l'occasion d'exercer cette domination car il joue sur les craintes et les angoisses des gens. J'ai choisi la médecine parce que j'en ai fait moi-même, mais Knock est un mégalomane qui aurait pu faire ses preuves en politique, dans le domaine de la finance ou le sacerdoce. D'ailleurs le corps médical ne m'en veut pas, parce que «Knock» est écrit de l'intérieur.»