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  • Marguerite Pierry

    Naissance : 1887
    Décès : 1963
     
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    1 Commentaire       
    Marguerite Pierry
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    Marguerite PIERRY

    Son père la destinait à l’enseignement mais elle fit tout pour s’opposer à ce projet, rêvant de jouer la tragédie. Indocile, elle peine à s’imposer et sera renvoyée de la Comédie Française. Grande de taille, de bouche et de nez, la voix haut perchée, elle devient chanteuse, fantaisiste et comédienne. Son sens aigu de la caricature enchante le public, du cabaret « La pie qui chante » aux « Folies-Bergère » où elle se produit encore en 1934 dans « Femmes en Folies ». Dans les revues de Rip, elle chante « Paris, t’es la reine des vaches ! » Les critiques la trouvent « éblouissante de verve, d’alacrité cocasse, étincelante d’esprit et de malice ». Au théâtre enfin, elle connaît de beaux succès, « étourdissante Môme Crevette » dans « La dame de chez Maxim » avant de se spécialiser dans la caricature de femmes délaissées ou de vieilles filles amoureuses, comme dans un grand succès d’Yves Mirande en 1929, « Le trou dans le mur ». Deux pièces de son ami Alfred Savoir la mirent en avant : elle sera la vieille et digne impératrice Elisabeth de Russie dans « La petite Catherine » en 1930 puis une « Pâtissière du village » délurée dans une mise en scène de Jouvet en 1932. En 1941, elle crie « Vive l’Empereur ! » au Théâtre de la Madeleine, à la demande de Sacha Guitry. Comme on aurait aimé la voir face à Saturnin Fabre dans « Les petites Cardinal », l’opérette d’Albert Willemetz créée en 1938 aux Bouffes Parisiens !

    En 1912, elle paraît pour la première fois à l’écran en princesse arabe et disparaît aussitôt pour vingt ans. A 44 ans bien sonnés, elle en rajoute pour son retour aux affaires dans « On purge Bébé » (1931) de Jean Renoir : débraillée, en chemise de nuit, des papillotes dans les cheveux, un seau de toilette à la main, elle est irrésistible en Julie Follavoine, héroïne loufoque de Feydeau. L’air sévère, elle joue la tante vieille fille qui donne des cours de piano à une débutante de quatorze ans, Danielle Darrieux, dans « Le bal » (1931). Bonne pudibonde et drolatique de Françoise Rosay dans « Le rosier de madame Husson » (1932), ses mimiques sont impayables lorsqu’elle  refuse le prix de vertu à toutes les jeunes filles du village. La suite sera moins réussie, à l’exception de « Courrier Sud » (1936) – où elle a le rôle sympathique de Tante Sophie – et de deux films de Léonide Moguy : auxiliaire indocile de l’intraitable Maximilienne, elle se réjouit de l’arrivée d’une directrice plus humaine à la tête de la « Prison sans barreaux » (1937) et trinque à la santé de sa copine Pauline Carton dans « Conflit » (1938), un film où elles conservent toutes deux leur prénom.

    Commentant en 1933 la nouvelle revue des Capucines, Colette regrettait que son talent soit « trop peu employé ». Qu’a-t-elle pu penser des aventures cinématographiques de notre Marguerite ? Sollicitée par de redoutables tâcherons de la pellicule, elle ne leur résista guère et tourna six films pour René Pujol, l’immortel auteur de « J’arrose mes galons » (1936) ; institutrice et vieille fille dans « Trois artilleurs au pensionnat » (1937), elle épouse Pierre Larquey dans « Trois artilleurs en vadrouille » (1938) ; à la fin de la « vadrouille », Larquey en kilt et perruque sourit près de sa « tourterelle », une Pierry hilare, sans que le spectateur consterné en comprenne la raison. Dieu merci, elle paraît enfin chez Sacha Guitry en directrice d’une accueillante maison de passe, qui épouse par intérêt un Saturnin Fabre déjanté dans « Ils étaient neuf célibataires » (1939). Douce et compatissante dans « Donne-moi tes yeux » (1943), Guitry la remercie de son amabilité inédite en lui baisant la main. En revanche, elle doit céder la place à sa nouvelle égérie, Lana Marconi, dans « Le Comédien » (1947) et « Aux deux Colombes » (1949) où elle incarne l’amour conjugué à l’imparfait. Dès l’ouverture de « Napoléon » (1954), elle se fait rembarrer par Guitry-Talleyrand avant de pérorer dans « Si Paris nous était conté » (1955) en cocotte de la Belle-Epoque devenue centenaire. « La vie d’un honnête homme » (1952) lui confère son personnage le plus complexe : loin des hystériques qu’elle aime composer, elle représente l’hypocrisie bourgeoise d’une femme prête à tout pour conserver son héritage, même s’il lui faut épouser une nouvelle fois Michel Simon ! N’oublions pas Lady Braconfield, la veuve que plus personne ne parvient à faire rire, pas même Fernandel, metteur en scène improvisé d’« Adhémar ou le jouet de la fatalité » (1951) sur un scénario de Sacha.

    Si peu de cinéastes importants la recrutent, Marguerite Pierry trouve parfois de bons personnages de femmes aigries ou d’agitées du bocal. Elvire Popesco fiche à la porte, pour impertinence caractérisée, cette bonne atypique dans « Parade en sept nuits » (1940). Epouse délaissée par Raimu alias « Monsieur Brotonneau » (1939), elle craint de perdre son cher Larquey, l’un des « Otages » (1938) de Raymond Bernard. Volubile commère mariée à un sympathique escroc qu’elle voudrait faire passer pour Louis XVII, elle est « étonnante » - c’est André Lefaur qui le dit - dans l’excellent « Baron Fantôme » (1942), où elle porte le prénom singulier de Fébronie. Les vieilles filles comme Camille Paloiseau dans « Chèque au porteur » (1941) ou l’austère Telcide, aînée de « Ces dames aux chapeaux verts » (1948), lui conviennent à merveille. Son inexpérience en la matière ne l’empêche pas de tenir la rubrique du courrier du cœur dans « Dernière heure, édition spéciale » (1949) où elle voit en Paul Meurisse un obsédé sexuel alors qu’il n’a qu’une envie : la faire taire définitivement ! Il faut dire qu’elle peut être odieuse, comme le montre « Les condamnés » (1947) : « Si elle n’était pas méchante, elle serait ennuyeuse » constate Pierre Fresnay à propos de sa Tante Marthe qui se régale des différends conjugaux de son neveu et donne dans la rédaction des lettres anonymes.

    La soixantaine sonnée, Marguerite ne songe pas à raccrocher, proclamant, bravache, dans une interview : « Puisque je suis laide, je veux l’être avec défi ! » Au lieu de miser sur son grain de folie, ses metteurs en scène se contentent de plates adaptations théâtrales : Emile Couzinet affiche son sourire carnassier en vedette pour « Le trou dans le mur » (1949) et « Le don d’Adèle » (1950) où sa voix suraiguë peut indisposer le spectateur. Elle a plus de chance tout de même en Comtesse Apolline de Mont-Vermeil dans « J’y suis, j’y reste » (1953) : il faut la voir hausser le sourcil lorsque Jane Sourza se met à l’appeler « Tantine » ! Jules Romains et Louis Jouvet aidant, elle anime l’une des meilleures scènes de « Knock » (1950) : un chapeau à plume, une canne et un  face à main et la voilà devenue une prétentieuse « dame Pons, née demoiselle Lempoumas ». Christian-Jaque la voit en servante entremetteuse pour « Nana » (1954) – c’était déjà le cas dans « Mamzelle Bonaparte » (1941) - ou en vieille aristocrate complaisante dans « Madame du Barry » (1954). A cette époque, sur la scène du Théâtre du Palais-Royal, Jean Meyer la distribue dans « L’Avare », « Les Femmes savantes » et « Georges Dandin » : Frosine l’intrigante, Bélise, la vieille fille cintrée, ou Madame de Sottenville, l’aristo snobinarde, du nanan pour Marguerite ! Et cela fait tout de même meilleur effet sur un CV que les personnages conventionnels concoctés par Joannon, Gourguet ou Loubignac. A l’exception de « La marquise d’O » de Claude Barma en 1959, on ne la vit guère à la télévision mais, peu avant sa mort, on la découvrit dans une adaptation de « Candide » par Pierre Cardinal : âgée de 75 ans, elle était certes crédible dans le rôle de « la vieille » mais plus encore si l’on se souvient que ce personnage hors-normes est à la fois princesse, fille de pape et esclave amputée d’une fesse !

    Jean-Paul Briant

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    1 Commentaire

    duVercors

    Date : 02-09-2019 Heure : 15:29:32



    Une petite voix haut-perché assez maniérée qui la caractérisait tout particulièrement et je pense ici à son rôle de la dame en violet haute bourgeoise distinguée dans le film KNOCK de Guy Lefranc