Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
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Andre Lefaur et Danielle Darrieux
Andre Lefaur et Paulette Dubost
Danielle Darrieux et Marguerite Pierry
Vanda Greville et Danielle Darrieux
André LEFAUR Alfred Kampf Germaine DERMOZ Jeanne Kampf Danielle DARRIEUX Antoinette, leur fille Marguerite PIERRY Tante Isabelle Pierre DE GUINGAND Marcel de Brécourt Vanda GREVILLE Miss Betty Paulette DUBOST Mademoiselle Yvette, cliente de M.Kampf Allan DURANT le maître d'hôtel (à confirmer)
Adapté d’un roman d’Irène Némirovsky paru en 1930, « Le bal » met en scène un couple de boutiquiers vivant en harmonie avec leur fille Antoinette jusqu’au jour où des titres hérités d’une lointaine parente leur apporte la fortune. Nouveaux riches, ils s’installent dans une grande demeure et fréquentent le gotha parisien. Antoinette, qui souffre de ne plus voir ses parents, se rend compte que sa mère est sur le point de tromper son mari. Pour en mettre plein la vue à la haute société, ses parents ont imaginé de donner un grand bal mais sa mère refuse qu’elle y assiste...
C’est avec ce film que débute la carrière la plus longue de l’histoire du cinéma français : celle de Danielle Darrieux – avec un seul R au générique – dont le dernier rôle, pour la télévision, sera diffusé quatre-vingts ans plus tard, le 1er janvier 2011. L’actrice a elle-même raconté comment le hasard l’avait conduite en 1931 sur le tournage du « Bal » : sa mère avait pour élève de son cours de chant une jeune femme dont le mari travaillait pour le cinéma ; celui-ci avait deux amis producteurs qui « recherchaient désespérément une fillette de 13 ou 14 ans pour en faire l’héroïne de leur prochain film » : il suggéra à la petite Danielle de postuler et celle-ci, malgré les réticences de sa mère, tourna un bout d’essai. Quinze jours plus tard, elle était engagée : « Quand on a su que je chantais, on a écrit pour moi deux chansons. J’ai vécu le tournage comme un jeu. »
Adolescente heureuse en famille puis délaissée et malheureuse, Danielle Darrieux a ici un côté garçon manqué qui disparaîtra bien vite. Elle est déjà d’un naturel étonnant. Toute la première partie du film où l’on assiste au bonheur familial est vive et intéressante. Le grand André Lefaur, dans le rôle du père, est remarquable. Germaine Dermoz est elle aussi convaincante dans cette première partie mais son jeu devient plus guindé et théâtral par la suite et l’on ne croit pas trop à la tentation de l’adultère. Marguerite Pierry joue la tante vieille fille qui donne des leçons de piano à la petite Antoinette ; elle est hilarante lorsqu’elle débarque au bal, attifée comme l’as de pique, et déclenche un fou-rire général chez les domestiques et musiciens.
Nicolas Farkas, crédité comme directeur technique, dirigera la jeune vedette dans "Port Arthur" en 1936. Georges Lampin est ici l'assistant du réalisateur Wilhelm Thiele, qui tourna parallèlement une version allemande avec Dolly Haas dans le rôle d'Antoinette ; Vanda Gréville en gouvernante anglaise et Allan Durant sont les seuls interprètes communs avec la version française.
« Le bal » est aussi, on l’oublie, le premier long métrage de Paulette Dubost dont la carrière connaîtra une longévité presque égale à celle de DD ; les deux comédiennes ne se croisent ici que le temps d’un plan fugitif – Antoinette entre dans la boutique de son père qui discute avec sa cliente, Mademoiselle Yvette, une jeune femme plutôt délurée. Les deux actrices se retrouveront dans « Au petit bonheur » en 1946 et surtout « Le plaisir » d’Ophuls en 1951 où elles sont pensionnaires de la Maison Tellier. En 1991, soixante ans après leurs débuts communs, elles tiennent la vedette, avec Micheline Presle, du joli film de Marie-Claude Treilhou, « Le jour des rois ».
Jean-Paul Briant, décembre 2020