Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves. En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
charles dechamps et jane sourza
marcel vallee et marguerite pierry
marguerite pierry et charles dechamps
marguerite pierry et jane sourza
Marguerite PIERRY Edmée Veyron-Laffite LILO Adèle Charles DECHAMPS Gaston Veyron-Laffite Marcel VALLEE Gachassin Jane SOURZA Mme Gachassin Robert LAMOUREUX lui-même Hélène BELLANGER Solange Veyron-Laffite Jacques BENETIN Antoine Veyron-Laffite
LE DON D'ADELE, c'est d'abord une pièce de théâtre, la première signée en tandem par Barillet et Grédy. Créée en novembre 1949 à Bordeaux, dans une mise en scène de Jacques Charon, elle permit à Gaby Sylvia de triompher sur scène dans un rôle comique : elle jouera 400 fois le rôle avant de céder la place à Annette Poivre puis Marthe Mercadier. La création parisienne eut lieu en janvier 1950 ; la pièce reçut le Prix Tristan Bernard. Emile Couzinet prit très tôt une option sur la pièce, ce que les deux auteurs ne pourront que regretter quand René Clair lui-même voulut l'adapter à l'écran !
Adèle est une jeune servante, très naïve et encore vierge, qui s'avère dotée d'un don de voyance. Ses prédictions lui ont valu d'être chassée de sa campagne natale où on la prenait pour une sorcière ! Adèle débarque dans une famille bourgeoise désargentée alors que la cuisinière vient de rendre son tablier. Lorsqu'Adèle annonce que les invités attendus le soir-même ne viendront pas, ce qui se confirme, le don d'Adèle stupéfie ses nouveaux employeurs. Madame Veyron-Laffite, surtout, aimerait bien savoir si M. Gachassin à qui elle pense confier ses titres de propriété en Egypte est un homme de confiance. Une soirée au cabaret va changer la donne : Adèle, émèchée, est tombée amoureuse du fils de la maison avec qui elle passe la nuit... perdant aussitôt son précieux don !
Assaisonnée à la sauce Couzinet, la pièce perd beaucoup de sa fantaisie. Un prologue campagnard lourdingue a été ajouté pour "aérer" la pièce : la vision "couzinettienne" des paysans est particulièrement affligeante. Certes, les dialogues sont pour l'essentiel ceux de la pièce et deux comédiens au moins valent le détour : Marguerite Pierry et Charles Dechamps, dans le rôle des époux Veyron-Laffite, défendent correctement leur partition, lui surtout car son jeu est plus sobre. Un long passage particulièrement absurde en dit long sur les conceptions cinématographiques du metteur en scène : pour échapper, pense-t-il, au huis clos du théâtre filmé, Couzinet ajoute une longue scène au cabaret, enfilade de numéros sans aucun rapport avec l'intrigue principale : on y voit un transformiste, de dodues danseuses qui s'essaient au cancan et finalement Robert Lamoureux, dans son propre rôle, qui se lance dans une compilation de ses sketches ; pour couronner le tout, Lilo, dans le rôle d'Adèle, monte sur scène et se met à chanter et danser, comme si elle n'avait fait que ça toute sa vie, pendant qu'un Marcel Vallée en roue libre la serre de très près !!
Evidemment, la même pièce adaptée par René Clair, avec Gaby Sylvia en vedette, ça vous aurait eu une autre allure !
Jean-Paul Briant, janvier 2020