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  •  Marcel Vallée  

      Naissance : 1880   Décès : 1957   Partager cette page sur Facebook :
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    Haut le vent

    Rendez-vous Champs-Elysées

    Les cinq sous de Lavarède

    La veuve joyeuse

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    Marcel VALLÉE 

    Jeune homme que l’on imagine encore mince, Marcel Vallée fut d’abord un élève indiscipliné puis un vendeur en bonneterie cinq fois licencié avant de faire ses débuts en 1902 au théâtre Déjazet. Son apprentissage se fera sous le patronage de Firmin Gémier au Théâtre Antoine où, selon la critique, « sa force comique, sa voix tonnante et sa diction remarquable » font merveille. En 1914, Jacques Copeau le dirige en vedette dans « La Jalousie du Barbouillé ». Le temps d’épouser la comédienne Madeleine Geoffroy, il suit son metteur en scène à New York où il joue avec Louis Jouvet « Les Fourberies de Scapin » et « La Nuit des Rois ». C’est lui qui crée en 1919 « Boudu sauvé des eaux ». Toutefois son rôle le plus fameux reste celui de Monsieur Muche lors de la création de « Topaze » en 1928 avec André Lefaur et Pierre Larquey : directeur douteux d’une sinistre pension, il se montre intraitable avec les pauvres diables de professeurs mais bassement obséquieux face aux riches parents d’élèves ; en 1941, la pièce retrouve la scène mais c’est le grand écran qui nous permet de le retrouver deux fois dans ce rôle, en 1932 face à Jouvet et en 1950 avec Fernandel.         

     En 1905, il tâte déjà du cinéma : on le croise dans quelques courts métrages de Max Linder mais ce n’est là qu’une récréation. Jacques Feyder lui remet le pied à l’étrier avec « La faute d’orthographe » (1918) ; il enchaîne une quinzaine de titres au temps du muet dont le rôle de Mousqueton, le valet cocasse du colosse Porthos, dans « Les trois mousquetaires » (1921) et sa suite, « Vingt ans après » (1922), deux œuvres signées Henri Diamant-Berger. Le cinéaste apprécie ses services puisqu’au début du parlant il le distribuera dans sept films : c’est ainsi qu’il sera deux fois le partenaire de Damia, dans « Tu m’oublieras » (1930) et « Sola » (1931) ; dans « Paris la nuit » (1930), il joue Valentin, tenancier d’un bar louche. L’actrice Jeanne Perez, qui débute à l’écran dans ce film, sera sa troisième épouse. 

    Les années 30 sont fastes : il multiplie les apparitions dès le début de la décennie et pourra se vanter d’aligner plus de soixante films en dix ans, parfois pour des rôles courts comme celui de l’oncle Corentin, breton de pacotille, dans une funeste version de « Bécassine » (1939). Il vaut mieux retenir le complice jovial de Charles Boyer dans « Tumultes » (1931), l’inspecteur Cocantin de « Judex 34 » (1933) ou ses rôles de directeur de théâtre tonitruant et irascible dans « Zouzou » (1934) et « Divine » (1935). Surtout, il a la chance d’animer la silhouette plaisante de l’ambassadeur Popoff dans la version française de « La veuve joyeuse » (1934) d’Ernst Lubitsch – un personnage qui subit à l’occasion un accroissement conséquent de sa masse pondérale puisque c’était Edward Everett Horton qui l’incarnait dans la version américaine. La même métamorphose s’était opérée pour le personnage de Gaston Bibi dans « L’amour guide », autre film avec Maurice Chevalier que Marcel Vallée retrouve encore dans deux bonnes comédies satiriques, « Avec le sourire » (1936) et « L’homme du jour » (1936). 

    On le recrute pour son coffre et ses rondeurs et on l’affuble volontiers de noms comiques - Croche, Trompe ou Tonnerre sans parler de Dupetit-Flageot ou Petitmaigre. Homme d’autorité, il sera préfet, directeur d’école ou de music-hall et même général. Toutefois, lorsqu’il préside le tribunal de « Belle Etoile » (1938), il semble au bord de la crise de nerfs face aux dépositions farfelues de Michel Simon en clochard et de Saturnin Fabre en banquier loufoque. Directeur inventif d’un consortium bancaire, il crée « Le club des soupirants » (1941) et recrute Fernandel. Dès 1939, il le croisait dans « Les cinq sous de Lavarède » (1939) et surtout « Fric-frac » (1939) où il joue le bijoutier Mercandieu sensible au charme canaille d’Arletty ; en revanche, il aurait pu s’abstenir des retrouvailles occasionnées par le piteux « Cœur de coq » (1946).

    Il faut dire que, tout à sa frénésie de tournages, notre homme ne fait pas toujours preuve de discernement. Oubliant les Cam, Cammage et autres Caron, retenons les bons cinéastes qui le recrutèrent comme Marcel Lherbier qui en fait le docteur Acario de « La comédie du bonheur » (1940) ou Pierre Chenal pour qui il sera le maire retors de « L’homme de nulle part » (1936) et un juge sagace dans « Le dernier tournant » (1939). Béret sur le crâne et moustache frémissante, il anime de sa voix de stentor l’ouverture remarquable du film de Georges Lacombe, « Le journal tombe à cinq heures » (1942), où il campe Valentin, le dynamique chef des ventes. Impresario volubile d’une Elvire Popesco survoltée dans « Le voile bleu » (1942), il n’y a droit qu’à une scène comme dans « Monsieur Vincent » (1947) où, administrateur de l’hôtel-Dieu, il s’oppose à Pierre Fresnay qui lui reproche son absence de charité chrétienne. On le voit aussi, dans « Le couple idéal » (1945), en cinéaste de l’époque du muet puis en préfet dans « Branquignol » (1949) de Robert Dhéry.

    En fin de carrière, toutes les ambitions semblent oubliées : qu’il est loin le temps du « Paris qui dort » (1923) de René Clair ! Le prolifique Couzinet le recrute à quatre reprises pour une belle brochette de navets, où il semble jouer en roue libre, avec un redoutable doublé en 1952 : « Quand te tues-tu ? » et « Le curé de Saint-Amour ». Après un dernier salut à M. Muche pour le « Topaze » réalisé par Pagnol lui-même et deux rôles chez Guitry – un général de la vieille école pour « Napoléon » (1954) et un antiquaire grugé par Jean Poiret dans « Assassins et voleurs » (1956) – l’ami Marcel Vallée parvient malgré tout à se retirer sur une bonne impression, conforme à celle qu’il laissa à Arletty lors du tournage à Prague d’ « Un mari rêvé » (1936) : « un acteur bougon, très comique, très drôle. »

    Jean-Paul Briant

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