Sylvain | Naissance : 1906 Décès : 1970 | |
Si vous avez un site Internet ou un blog sur Sylvain vous pouvez figurer ici en me laissant un message | Commentaire |
1936
Les bas-fonds
1937
Un carnet de bal
1937
Battement de coeur
1939
La charrette fantôme
1939
Paradis perdu
1946
Panique
1946
La femme en rouge
1947
Mandrin
1947
Un flic
1948
Par la fenêtre
1950
Justice est faite
1950
La rue sans loi
1950
Et moi j'te dis qu'elle t'a fait d'l'œil...
1950
Lady Paname
1950
Knock
1951
Le costaud des Batignolles
1951
La maison Bonnadieu
1952
Agence matrimoniale
1952
Elle et moi
1952
Nous sommes tous des assassins
1952
Les belles de nuit
1953
Leur dernière nuit
1954
Escalier de service
1954
Sur le banc
1954
Le rouge et le noir
1954
Les hommes ne pensent qu'à ça
1954
Les impures
1954
Les clandestines
1954
Papa, maman, la bonne et moi
1954
Leguignon guérisseur
1955
L'impossible Monsieur Pipelet
1955
Papa, maman, ma femme et moi...
1955
Cette sacrée gamine
1955
Les Duraton
1956
Rencontre à Paris
1956
Assassins et voleurs
1957
Ariane
1957
La famille Anodin : Table ouverte (4)
1958
Sérénade au Texas
1959
Les héritiers
1959
Les motards
1961
Tout l'or du monde
1961
La belle américaine
1963
L'Honorable Stanislas, agent secret
1964
Françoise ou la vie conjugale
1964
Jean-Marc ou la vie conjugale
1964
Commandant X
Le dossier L...
1965
Pleins feux sur Stanislas
1965
Les saintes...
Eve et ses e...
1966
Les dossiers de Jérôme Randax : Lise de ...
1966
Le roi de coeur
1966
Le théâtre ...
Les deux nig...
1967
Malican pèr...
Cache-cache
1967
Les Créatures du Bon Dieu : Les chiens d...
1967
Les sept de l'escalier 15
1968
Le théâtre ...
Les Mésavent...
Jean SYLVAIN
Si vous revoyez « Les Compagnons de Jéhu », fameux feuilleton de 1966, vous ne pouvez que repérer la tronche et la diction drolatiques du méconnu Jean Sylvain : on l’aperçoit trente secondes, toutes dents dehors, en greffier du tribunal mais ses mimiques déclenchent l’hilarité dans une scène dramatique. Renseignements pris, cette tête de rongeur sur corps d’asperge affiche une filmographie de plus de cent titres, à commencer par « Les bas-fonds » (1936) de Renoir où il était déjà greffier. Ajoutez à cela un Gance, deux Decoin, deux Guitry, trois Duvivier, trois Cayatte, quatre René Clair, cinq Le Chanois et voilà déjà un bon palmarès.
Sur l’ensemble de sa carrière ciné, une dizaine de personnages seulement reçoivent l’aumône d’un nom ou d’un prénom, exception faite de « La glu » (1938) où il possède même un titre de noblesse : Vicomte Adolphe de Kernan. Simple silhouette, il passe à l’arrière-plan ou se contente de quelques miettes de dialogue et c’est ainsi qu’on l’aperçoit en danseur dans « Carnet de bal » (1937), en soldat des tranchées dans « Paradis perdu » (1939) ou en passant dans « Le silence est d’or » (1947). Témoin muet au faux mariage de Darrieux et Tissier dans « Battement de cœur » (1938), il a plus de chance en salutiste dans « La charrette fantôme » (1939) où il entonne force cantiques avec une conviction comique. Valet de pied, loufiat ou maître d’hôtel, il affiche son air grave et sa mine allongée dans « Panique » (1946) ou « Le rouge et le noir » (1953), « L’impossible Monsieur Pipelet » (1955) ou « La chasse à l’homme » (1964) ; au moins le garçon d’hôtel de « Knock » (1950) connaît-il, grâce à Jouvet, une promotion en devenant garde-malade. Garçon d’étage dans « Assassins et voleurs » (1956), il renverse ses plateaux par peur des clients ! Il sera encore le facteur hilare de « Papa, maman, la bonne et moi » (1955), un huissier dans « Leguignon guérisseur » (1954) et « La belle américaine » (1960), un notaire dans « Mandrin » (1947) et, tout de même, un maire dans « Elle et moi » (1952). L’énoncé de certains rôles relève de la poésie pure comme « l’homme au complet incomplet » d’« Agence matrimoniale » (1952) ou « le passant qui ne donne jamais l’heure » de « L’honorable Stanislas, agent secret » (1963). On imagine bien que l’interprète de « l’homme pressé au guichet de la poste » n’encombrera pas longtemps l’écran des « Belles de nuit » (1952) !
La séduction n’étant pas son fort, on est surpris lorsque Billy Wilder dans « Ariane » (1957) le montre en boulanger parisien embrassant de bon cœur et de bon matin une cliente dodue. Son exceptionnelle dentition ajoute une touche fantaisiste à certaines de ses apparitions comme celle du peintre perché sur son échelle dans « Le temps des œufs durs » (1957). L’employé des pompes funèbres de « Sous le ciel de Paris » (1950) affiche une mine plus rébarbative, celle-là même qu’utilise Carlo Rim dans son « Escalier de service » (1954) où les trognes sinistres de Sylvain et Bernard Musson contemplent, désolées, le charivari loufoque d’un ménage survolté. Il forme d’autres duos amusants avec Charles Dechamps, le commissaire de l’immortel « Et moi j’te dis qu’elle t’a fait de l’œil » (1950) ou en domestique de Paul Demange alias Maître Puisette dans « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » (1962).
« La rue sans loi » (1950) lui donnait pour une fois un rôle important, inspiré de Dubout : moniteur d’auto-école atypique, avec lorgnon et canotier, il y proposait de singuliers cours d’embouteillage et incitait ses élèves à écraser les piétons ! Toutefois Sylvain retrouva vite ses utilités. Il est vrai que, dans « La Maison Bonnadieu » (1951), sous prétexte qu’il y jouait le rôle du Commandant, Bernard Blier lui lançait, sarcastique : « Taisez-vous, la Grande Muette ! » Quoi qu’il en soit, rendons-lui grâce des sourires qu’il déclenche, même lorsque cela paraît impossible : dans un film aussi compassé que « La Princesse de Clèves » (1960) où il parade en arbitre du jeu de paume, il apporte une respiration fantaisiste, la fraise de son costume Renaissance lui donnant l’air d’un dindon tout étonné de se trouver là. On regrette que l’excellent Mocky des années 60 ne se soit pas trouvé sur son chemin mais il y eut tout de même à cette époque Philippe de Broca pour trois films dont « Le roi de cœur » (1966), son dernier rôle sur grand écran, où il joue le suisse de service. Il paraîtra encore à la télévision en Monsieur Pluton, le concierge des « Saintes Chéries » ou dans « Jean de la Tour Miracle » en Gros René, surnom dérisoire donné pour son éternelle maigreur.
Jean-Paul Briant