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  •  Pierre Bertin  

      Naissance : 1891   Décès : 1984   Partager cette page sur Facebook :
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    Les évasions célèbres : L'évasion du duc de Beaufort

    La vie parisienne

    Les bonnes femmes
    Grand comédien de théâtre connu des cinéphiles grâce aux Tontons Flingueurs : l’inénarrable père de Claude Rich, sourd comme un pot qui module sa voix dans les aigus et affûte son monocle au milieu des canonnades. Il avait depuis les années 30 (Le Corbeau) enrichi de son onctuosité lunaire des dizaines de films dés que la folie se manifestait qu’il s’agisse du Chanoine de Calmos ou du colonel de Tire au flanc.

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    Pierre BERTIN 

    En dépit de l’appréhension légitime de ses parents, Pierre Bertin interrompit ses études de médecine à vingt ans pour se tourner vers le théâtre. A l’Odéon, au Vieux-Colombier comme au Théâtre Michel, Bertin défendit vaillamment les couleurs de l’avant-garde, jouant « Les mariés de la Tour Eiffel » (1921) de Cocteau ou mettant en scène « Ruffian toujours, truand jamais » (1920) de Max Jacob. La Comédie Française l’accueillit comme pensionnaire en 1923 avant de le nommer sociétaire. Il s’illustra dans les œuvres contemporaines de Pirandello et bien sûr, côté classiques, dans « Le mariage de Figaro », « Le barbier de Séville » et « Le bourgeois gentilhomme » où il dirige Raimu en 1944. Compagnon de Madeleine Renaud, il eut l’élégance de s’effacer devant Jean-Louis Barrault ; aussi est-ce sans état d’âme qu’il leur emboîta le pas, après-guerre, dans l’aventure de la Compagnie Renaud-Barrault pour un parcours mémorable qui inclut « La cerisaie », « Hamlet » ou les couplets de « La vie parisienne » d’Offenbach. En 1975, les spectateurs d’ « Au théâtre ce soir » l’applaudissent dans  « Le pape kidnappé », un dernier succès au terme d’une carrière bien remplie.

    En marge de cette activité incessante sur les planches, Pierre Bertin trouva le temps de paraître régulièrement à l’écran pendant une quarantaine d’années. Son premier emploi est celui de l’amoureux emprunté, par exemple dans « L’amour chante » (1930) ou « La petite chocolatière » (1931), film où Raimu l’aide à résoudre ses problèmes de cœur. Il courtise Edwige Feuillère dans « Cordon Bleu » (1931), Gaby Morlay dans « Faubourg Montmartre » (1931) ou Mireille Perrey dans « Je serai seule après minuit » (1931). Le titre d’un film aujourd’hui oublié, « Le prof ingénu » (1933), donne une bonne idée des personnages qui lui sont dévolus. Soupirant ridicule de Dolly Davis, il se fait tabasser par des marlous et finit au poste lors d’« Une nuit de folies » (1934). Les derniers avatars du personnage paraissent dans « Jeunes filles en détresse » (1939) et « Mademoiselle Béatrice » (1942) - où il s’appelle Archange et soupire toujours pour Gaby Morlay. Toutefois, lorsqu’il adopte le fruit de l’un des « Péchés de jeunesse » (1941) de Harry Baur, il s’est tant sacrifié pour cet enfant qui n’est pas le sien qu’il reçoit en retour une belle déclaration d’amour filial.

    La cinquantaine venue, son emploi évolue sur une note parfois plus aigre. Fournisseur de Baudu (Michel Simon), il contribue à sa ruine comme à la réussite commerciale de l’enseigne concurrente, « Au Bonheur des Dames » (1943). Sous-préfet dans « Le Corbeau » (1943), son éloge funèbre vire au cri de vengeance dont Marie Corbin sera la victime. Abbé de cour, il trempe dans les manigances de Madame de La Motte à l’origine de « L’affaire du Collier de la Reine » (1945). Toutefois, les vieux amoureux ou les notables ridicules semblent lui convenir davantage. C’est ainsi que Jean Cocteau se souvient de son interprète des années 20 pour en faire un « commissaire spécial », complètement dépassé face à la disparition mystérieuse d’« Orphée » (1949). De même, M. Bernard, l’instituteur à lorgnon de « Knock » (1950), se laissera facilement embobiner par Louis Jouvet dont il ne saisit pas la duplicité. Chez Jean Renoir, il compte au nombre des amoureux éperdus d’Ingrid Bergman, dans « Elena et les hommes » (1955) : affligé d’un rejeton aussi benêt qu’il l’était lui-même vingt ans plus tôt, on sait d’avance qu’il n’emportera pas le cœur de la belle intrigante. 

    Il ne faisait que passer dans le prologue de « Faisons un rêve » (1936), attendant une douzaine d’années le personnage que Sacha Guitry lui réserve, celui du Baron de Nesselrode dans « Le diable boiteux » (1948). Depuis « Cyrano de Bergerac » (1945) où il joue, précieux et emperruqué, le Comte de Guiche, les titres de noblesse lui siéent : Colonel de Brochard dans « Tire au flanc » (1949), M. de Saint-Brive dans « Mon phoque et elles » (1951), Marquis de La Force dans « Dialogue des Carmélites » (1959), Duc de Crécy dans « Babette s’en va-t-en guerre » (1959), il joue même Napoléon III dans « Monsieur Fabre » (1951) et, plus tard, le Prince de Condé dans « L’évasion du duc de Beaufort » (1972) tourné pour la télévision par Christian-Jaque. Pour autant, il ne se pousse pas du col, et se moque des coteries en tous genres, passant allègrement de la vieille garde cinématographique  - il joue dans « Le château de la dernière chance » (1946) le professeur Patureau-Duparc, inventeur d’un sérum miracle - à la Nouvelle Vague version Chabrol puisque c’est lui qui dirige, l’œil égrillard, le magasin où s’ennuient « Les bonnes femmes » (1960).

    Grand-bourgeois sourdingue, il demande à Lino Ventura la main de sa pupille pour son fiston Claude Rich, au beau milieu de la fusillade finale des « Tontons flingueurs » (1963). Comme on l’aperçoit aussi en grand-père de Marie Dubois dans « La grande vadrouille » (1966), on peut dire qu’il a le nez creux puisqu’il assure sa postérité en participant à deux succès indémodables. A contrario, ni « L’étranger » (1967) – pourtant signé Visconti – ni les œuvres plus intimistes de Guy Gilles - « Absences répétées » (1971) – ou Jean-Claude Brialy - « L’oiseau rare » (1973) - ne rencontreront le public. Sa malice n’en reste pas moins intacte comme le prouve son apparition gouleyante en chanoine gourmand dans le « Calmos » (1975) de Bertrand Blier. Lorsque « Le beaujolais nouveau est arrivé » (1977), Pierre Bertin considère que l’heure des adieux a sonné. Il venait de publier un livre de souvenirs sous le meilleur titre qui soit : « Le théâtre est (et) ma vie » (1971). 

    Jean-Paul Briant

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