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Le beaujolais nouveau est arrivé
Le beaujolais nouveau est arrive
Le beaujolais nouveau est arrive
AU fond d'une banlieue pluvieuse et boueuse, cernée par les tours de béton et d'acier, comment pourrait-on oublier la misère et la grisaille s'il n'y avait cet élixir magique, le beaujolais nouveau? Dans un bistrot comme on n'en fait plus, ultime refuge de chaleur humaine, Jean Carmet émerveille le cercle des habitués hébétés en vantant les mérites du divin breuvage, leur expliquant doctement comment le raisin, en ce pays de Cocagne, mûrit doucement grâce au « soleil du matin ».
Tragique accident
Cette année, catastrophe! Le beaujolais nouveau n'est pas arrivé. La cargaison du bistrot s'est répandue sur la chaussée du périphérique à la suite d'un tragique accident... Heureusement, il reste une planche de salut : Carmet est au mieux avec une comtesse de là-bas, propriétaire d'un cru miraculeux. Son vieux coq sur l'épaule, il prend la route, flanqué de son ami arabe Kamel et du « capitaine » Galabru. Les trois compagnons vont vivre des aventures épiques à la recherche du beaujolais, tels des Chevaliers de la Table Ronde en quête du Graal. Ils ne le boiront jamais, ils ne pourront qu'en imaginer le bouquet fruité et la « jolie jupe », mais avec quel lyrisme! René Fallet, auteur du roman adapté par le jeune cinéaste Jean-Luc Voulfow, n'a pas dû se forcer pour chanter les délices du beaujolais, et sans doute a-t-il pensé à son ami Jean Carmet quand il a créé le personnage de Camadule, amoureux des petits vins de pays, cycliste émérite et détenteur du certificat d'études. Ce Camadule n'est pas un vulgaire mythomane, c'est un poète, un savoureux conteur. Avec lui, Jean Carmet trouve un rôle selon son cœur.
Michel Galabru, dont on reconnaît enfin l'immense talent, n'est pas moins humain dans le rôle de ce capitaine bougon, ami fidèle et cœur généreux. Quant à Rabah Loucif, il complète le trio (le quatuor, n'oublions pas le coq) avec beaucoup de drôlerie et un joli soupçon d'émotion, le temps d'une trop courte idylle. Les mousquetaires du beaujolais nous enseignent une philosophie, une sagesse qu'on espère possible, par laquelle Fallet rejoint le Rabelais de l'abbaye de Thélème : « Fais ce qui te plaît. » En cours de route, ils en donneront une leçon à Pierre Mondy, représentant en cravates obsédé parles affaires et le temps perdu, qui sera vite converti. Nous le sommes aussi, c'est pourquoi on pardonne le rythme un peu traînant de cette route sinueuse.