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  •  Louis Jouvet  

      Naissance : 1887   Décès : 1951   Partager cette page sur Facebook :
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    Ramuntcho

    Sérénade

    Retour à la vie
    Monument du théâtre (metteur en scène, directeur, célèbre cartel avec Baty, Dullin, Pitoeff), star au cinéma jugé secondaire mais dont il est la flamboyante figure d’impérissables chefs d’œuvre : Quai des orfèvres, en flic de légende, Hôtel du Nord, avec Arletty (Atmosphère, atmosphère), Drôle de drame, face à Michel Simon (Bizarre, vous avez dit bizarre ...), Entrée des artistes, en professeur, double de lui-même, La fin du jour, en brillantissime cabot , il fixe l’identité de Knock à deux reprises (réalisateur de la première), celle de Topaze...

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    Louis JOUVET

    Celui que ses collaborateurs appelleront avec affection et reconnaissance le Patron n’aurait jamais dû approcher le monde du théâtre. Orphelin de père à quatorze ans, il est élevé dans la famille de sa mère en Champagne-Ardenne : « chez ces gens-là », on est pharmacien ou médecin, le théâtre est un métier honteux ! Le voilà à Paris partagé entre les études de pharmacie et le théâtre qui accapare son temps libre avant de l’emporter définitivement lorsque Jacques Copeau l’engage comme régisseur général au théâtre du Vieux-Colombier. A la fois décorateur, électricien, menuisier, il devient le bras droit de Copeau. Accessoirement, il est aussi comédien : la critique le remarque dans « L’amour médecin » et « La nuit des rois » où Copeau utilise à plaisir sa « savoureuse naïveté ». Il le suit à New York en 1917 avant d’entamer en 1922 son aventure personnelle : il dirige la Comédie des Champs-Elysées où sera créé l’année suivante son plus grand succès, « Knock ». La  rencontre de Jean Giraudoux marque les débuts d’une amitié profonde : « Siegfried » (1928) et « Intermezzo » (1933) seront les premiers jalons d’une association fructueuse qui durera jusqu’à la guerre. Nommé professeur au Conservatoire, Jouvet sera un maître vénéré comme en témoigne son protégé François Périer : « Voir Jouvet enseigner, l’écouter, l’observer, était une expérience unique, un festival de brio et d’intelligence théâtrale. » En 1934, Jouvet prend la direction de l’Athénée où il créera « La Guerre de Troie n’aura pas lieu », « Electre » et « Ondine » mais aussi une « Ecole des femmes » où rayonne Madeleine Ozeray, sa compagne. A mille lieues de la froideur qu’on lui attribue trop souvent, il sera un directeur au tutoiement facile, aimant discuter avec les machinistes et ne dédaignant jamais de partager leur repas au bistro du coin. 

    Jusque là réticent à l’égard du cinéma, Jouvet se laisse finalement convaincre car il sait que ses cachets substantiels lui permettront de parfaire ses créations théâtrales. Ses premiers rôles à l’écran relèvent du théâtre filmé. Après « Topaze » (1933) où il est aussi crédible en professeur à lorgnon chahuté par ses élèves qu’en homme d’affaires corrompu, il co-réalise lui-même une première adaptation de « Knock » (1933) qui ne le satisfait pas. La fibre cinématographique commence à vibrer au moment de « La kermesse héroïque» (1935) : Jouvet en moine lubrique s’amuse comme un beau diable, mais ce n’est encore qu’un second rôle. Il s’amuse à camper un maître-chanteur nommé Rossignol dans « La maison du Maltais » (1938) ou à flirter avec Elvire Popesco dans « Education de Prince » (1938) mais il lui arrive de s’égarer dans des mélos surannés comme «  Forfaiture » (1937) ou « Ramuntcho » (1937). 

    Jean Renoir lui permet de prendre le cinéma au sérieux. Dans « Les bas-fonds » (1936), sa composition d’aristocrate suicidaire éblouit autant que nous enchantent les scènes où, allongé dans l’herbe, il devise avec Jean Gabin. Le tandem magique Carné-Prévert lui offre dans « Drôle de Drame » (1937) un autre morceau de roi : libidineux évêque de Bedford cachant dans sa Bible la photo de sa chérie, il marque les mémoires lors d’une fameuse apparition en kilt sans parler de la scène du souper où il affronte Michel Simon. Jouvet l’avait dirigé dans « Jean de la lune » en 1929 et le duo ne s’appréciait que modérément mais à l’écran il fonctionna d’autant mieux que leur degré d’ébriété augmentait à chaque prise. Jeanson remplaçant Prévert, Carné retrouve Jouvet pour « Hôtel du Nord » (1938) : on retient toujours les échanges détonants avec Arletty mais ce duo explosif ne doit pas faire oublier le visage tendre d’un Jouvet amoureux rêvant auprès d’Annabella d’une nouvelle « atmosphère ». Dans « Entrée des Artistes » (1938), on le retrouve au milieu de ses élèves du Conservatoire dont le jeune Bernard Blier. Entre autres scènes d’anthologie, on se souvient de son entrée dans la blanchisserie, où il attribue à chaque ouvrière son emploi de théâtre avant d’enguirlander les commerçants obtus qui refusent de voir leur nièce devenir comédienne. Parmi les rencontres mémorables d’avant-guerre, on se souvient du duo Jouvet - Von Stroheim dans « L’alibi » (1937) et de « Volpone » (1940) où, face à Harry Baur, il rafle la mise dans le rôle du perfide Mosca. Julien Duvivier lui propose la plus belle page de son « Carnet de bal » (1937) – il y récite mélancoliquement le « Colloque sentimental » de Verlaine – avant d’en faire le charretier de la mort dans « La charrette fantôme » (1939) et de lui offrir, dans « La fin du jour » (1939), un grand numéro de vieux cabot s’écrivant lui-même des lettres d’amour, histoire de croire encore à son pouvoir de séduction.

    Au début de l’Occupation, Jouvet ne veut pas se produire à Paris : après une tournée en zone libre, la troupe embarque pour l’Amérique du Sud, laissant l’Athénée sous la garde vigilante de Pierre Renoir. Commencée à Rio de Janeiro, la tournée s’achèvera près de quatre ans plus tard après 376 représentations devant 700 000 spectateurs. Même si les déconvenues ne manquent pas, même si la lassitude gagne certains fidèles - dont Madeleine Ozeray qui rentre en France prématurément - Jouvet porte la bonne parole du théâtre français, doublée d’un message de résistance au fur et à mesure de l’avancée de la guerre. Dès son retour, Jouvet renoue avec le succès grâce à « La Folle de Chaillot », où triomphe Marguerite Moreno, puis s’attaque à deux mises en scène de Molière devenues mythiques, « Dom Juan » (1947) et « Tartuffe » (1950). C’est aussi le come-back au cinéma dans un film au titre bien choisi : « Un revenant » (1946). Henri Jeanson et Christian-Jaque s’y livrent à une satire féroce où Jouvet se régale en assenant leurs quatre vérités aux médiocres bourgeois qui ont détruit son amour de jeunesse. Plus léger, « Copie conforme » (1946) lui donne l’occasion de briller dans le double rôle de l’escroc Ismora et de son sosie, un petit représentant nommé Dupon. « Quai des Orfèvres » (1947) reste certainement son meilleur film. Le rôle de l’inspecteur Antoine, obstiné et compréhensif, père d’un petit garçon noir avec qui il ne pourra pas passer Noël, montre que Jouvet ne se contentait pas de faire du Jouvet. Il retrouve Clouzot pour le sketch le plus amer de « Retour à la vie » (1949) et, sur un mode mineur, dans  « Miquette et sa mère » (1950). L’ami Jeanson lui tricote quelques rôles sur mesure : une nouvelle histoire de sosies dans « Entre onze heures et minuit » (1948), un échange savoureux avec Renée Devillers dans «  Les amoureux sont seuls au monde » (1948) et le rôle croquignolet d’un photographe bigame dans « Lady Paname » (1949). C’est Guy Lefranc, jeune cinéaste alors prometteur, qui réalise ses deux derniers films : la nouvelle version de « Knock » (1950) nous donne l’occasion exceptionnelle d’imaginer Jouvet en scène dans son rôle fétiche. Moins connu mais plus réussi, « Une histoire d’amour » (1951) le voit enquêter sur le suicide d’un jeune couple. On retient spécialement le passage où il engueule Chamarat, le père indigne, et le rend responsable de la mort de son fils.

    Lorsque le film sort, l’émotion est grande car Jouvet vient de mourir. En pleine répétition de « La puissance et la gloire », il est victime d’un infarctus. Intransportable, il meurt dans son théâtre, entouré de ses compagnons de route. L’hommage que lui rendit Jean-Louis Barrault dit assez la place qu’il occupait aux yeux de toute une profession : « Jouvet ne cessera de grandir, il ne cessera d’être pour nous l’un des plus grands exemples de notre profession, l’une des plus belles figures du théâtre à travers le temps. »

    Jean-Paul Briant

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    1 Commentaire

    duVERCORS

    Date : 29-08-2020 Heure : 23:00:04



    Inquiétant à souhait dans "Drôle de drame", roué dans "Volpone" et inquisiteur dans "Knock" où son "ça vous chatouille ou ça vous gratouille" restera à jamais...