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Distribution :
Si les fiches que je réalise pour BDFF pèchent parfois par leur non-exhaustivité côté distribution, c'est que je n’ai pu réunir le nom de tous les acteurs, faute de preuves.
En effet, la passion du cinéma qui m’anime ne m’assure pas toujours les moyens d’investigations suffisants, aussi certaines fiches pourront-elles sembler bien incomplètes aux cinéphiles qui les consulteront. Elles ont cependant le mérite de se baser sur des éléments dûment vérifiés.
Images du film :
Toutes les images sont cliquables pour les obtenir en plus grand.
Document sans nom
Philippe NOIRET le juge Rousseau Michel GALABRU Joseph Bouvier Isabelle HUPPERT Rose Renée FAURE Madame Rousseau Jean-Claude BRIALY le procureur Villedieu Cécile VASSORT Louise Lesueur Yves ROBERT Professeur Degueldre Jean-Roger CAUSSIMON le chanteur de rues Monique CHAUMETTE Madame Lesueur Jean BRETONNIERE le député Michel FORTIN le chirurgien de l'hospice François DYREK le vagabond libéré Jean AMOS la gardien-chef Arlette BONNARD la fermière Liza BRACONNIER la religieuse à l'hôpital Aude LANDRY Suzanne, soeur de Rose Jean-Claude DE GOROS Docteur Dufour Jean-Pierre LEROUX Radeuf Bob MOREL l'Ane Rouge Gilles DYREK Victor René MORARD un roulant Jean-Pierre SENTIER un journaliste Jean-Marie GALEY un journaliste Catherine VERLOR Francine Lesueur Maurice JACQUEMONT le curé Gérard JUGNOT le photographe Antoine BAUD un gendarme à cheval Daniel RUSSO un gardien Christine PASCAL une ouvrière en grève Didier HAUDEPIN un ouvrier en grève Marcel AZZOLA le joueur d'accordéon Philippe SARDE le pianiste
Document sans nom
Avec deux réussites éclatantes, "L'horloger de Saint-Paul" (1973) et " Que la fête commence" (1974), Bertrand Tavernier venait d’entamer magistralement sa prestigieuse carrière. En interrogeant Pierre Bost sur ses projets inaboutis, il découvre une ébauche datant de la fin des années quarante et destinée à l’époque à Claude Autant-Lara et Gérard Philipe. Le scénario s'appuyait sur les mémoires du Juge Emile Fourquet devenu célèbre pour avoir piégé le "Jack l'Eventreur de l'Ardèche", Joseph Vacher, vagabond responsable de près de trente meurtres commis à la suite d'une déception amoureuse. Il fut décapité le 31 décembre 1898 à l'issue d'un procès expéditif.
Bertrand Tavernier reprend avec Jean Aurenche le scénario confié par Pierre Bost peu avant sa mort : Vacher devient Bouvier, Fourquet devient Rousseau mais le film retient nombre de détails et de propos authentiques de l'affaire Vacher. Pour Tavernier, ce film historique est « très actuel » car la France de 1976 n'a pas encore aboli la peine de mort. Le scénario dresse le tableau d'une France antidreyfusarde où l'antisémitisme "est à la mode et béni par l'Eglise" ; celle-ci en prend pour son grade, de même que la médecine et la Justice.
Dirigé pour la troisième fois par Tavernier, Philippe Noiret interprète un magistrat arriviste qui ne suscite guère la sympathie. Après tant d'années au service des nanars les plus improbables, de "Poussez pas grand-mère dans les cactus" au "Plumard en folie", Michel Galabru a l'impression de débuter à l'écran et se considère sur le tournage "comme un nouveau-né". Il panique à l'idée de jouer face à Noiret qu'il admire et s'étonne de ce que Tavernier a sorti de lui : le film sera son « bâton de maréchal » !
Isabelle Huppert joue la maîtresse du magistrat, dont la pureté lumineuse rappelle Emilie, la petite prostituée de "Que la fête commence". Les deux films se terminent d'ailleurs par une incitation à la révolte des opprimés, ce que souligne la présence fugitive de Christine Pascal. Renée Faure, illustre sociétaire de la Comédie Française, joue à la perfection la dame patronnesse qui donne la soupe aux nécessiteux en échange d'une signature contre le "traître Dreyfus". On sent la délectation d'Aurenche et Tavernier à lui faire énoncer les pires horreurs lors de la description des meurtres de Bouvier : "éventration, viol, égorgement" susurre-t-elle, la mine offensée et gourmande. En Procureur de la République, Jean-Claude Brialy, sobre et caustique, sera très remarqué.
Le tournage en Ardèche, sur les lieux mêmes de l’action, permet à Tavernier d’utiliser l'écran large afin de donner un "côté western" aux errances de Bouvier. Les meurtres ne seront jamais montrés à l'écran mais les noms inscrits au générique s'écrivent en lettres de sang sur la neige. Le moment où le juge fait tracer à Bouvier son itinéraire sanglant sur la carte de France donnera lieu à une prouesse technique dont Tavernier est particulièrement fier : un plan-séquence de six minutes mené à bien grâce à l'efficacité d’une équipe enthousiaste.
Si le film fait aujourd'hui figure de classique, la réception critique fut partagée. Les journaux conservateurs attaquèrent violemment le propos du cinéaste, certains n'hésitant pas à en profiter pour militer contre l'abolition de la peine de mort. En revanche, les éloges pleuvent sur les deux comédiens principaux. Lors de la cérémonie des Césars, Galabru est récompensé, de même que le scénario et la musique de Philippe Sarde.
Avec le recul, Bertrand Tavernier regrette une fin trop démonstrative, tournée trop vite, le décor de l'usine en grève manquant de réalisme. Si le message politique est surligné, il paraît impossible de ne pas être ému par les derniers plans où Isabelle Huppert entonne la dernière chanson du film. Interprète du chanteur de rues, Jean-Roger Caussimon écrivit trois chansons pour le film, dont "La Commune est en lutte" qu'il reprend lui-même sur le générique de fin. Le film s'impose comme une œuvre qui fait honneur au cinéma français, un des meilleurs films de cette époque.
Jean-Paul Briant, novembre 2020
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Philippe NOIRET le juge Rousseau Michel GALABRU Joseph Bouvier Isabelle HUPPERT Rose Renée FAURE Madame Rousseau Jean-Claude BRIALY le procureur Villedieu Cécile VASSORT Louise Lesueur Yves ROBERT Professeur Degueldre Jean-Roger CAUSSIMON le chanteur de rues Monique CHAUMETTE Madame Lesueur Jean BRETONNIERE le député Michel FORTIN le chirurgien de l'hospice François DYREK le vagabond libéré Jean AMOS la gardien-chef Arlette BONNARD la fermière Liza BRACONNIER la religieuse à l'hôpital Aude LANDRY Suzanne, soeur de Rose Jean-Claude DE GOROS Docteur Dufour Jean-Pierre LEROUX Radeuf Bob MOREL l'Ane Rouge Gilles DYREK Victor René MORARD un roulant Jean-Pierre SENTIER un journaliste Jean-Marie GALEY un journaliste Catherine VERLOR Francine Lesueur Maurice JACQUEMONT le curé Gérard JUGNOT le photographe Antoine BAUD un gendarme à cheval Daniel RUSSO un gardien Christine PASCAL une ouvrière en grève Didier HAUDEPIN un ouvrier en grève Marcel AZZOLA le joueur d'accordéon Philippe SARDE le pianiste
Avec deux réussites éclatantes, "L'horloger de Saint-Paul" (1973) et " Que la fête commence" (1974), Bertrand Tavernier venait d’entamer magistralement sa prestigieuse carrière. En interrogeant Pierre Bost sur ses projets inaboutis, il découvre une ébauche datant de la fin des années quarante et destinée à l’époque à Claude Autant-Lara et Gérard Philipe. Le scénario s'appuyait sur les mémoires du Juge Emile Fourquet devenu célèbre pour avoir piégé le "Jack l'Eventreur de l'Ardèche", Joseph Vacher, vagabond responsable de près de trente meurtres commis à la suite d'une déception amoureuse. Il fut décapité le 31 décembre 1898 à l'issue d'un procès expéditif.
Bertrand Tavernier reprend avec Jean Aurenche le scénario confié par Pierre Bost peu avant sa mort : Vacher devient Bouvier, Fourquet devient Rousseau mais le film retient nombre de détails et de propos authentiques de l'affaire Vacher. Pour Tavernier, ce film historique est « très actuel » car la France de 1976 n'a pas encore aboli la peine de mort. Le scénario dresse le tableau d'une France antidreyfusarde où l'antisémitisme "est à la mode et béni par l'Eglise" ; celle-ci en prend pour son grade, de même que la médecine et la Justice.
Dirigé pour la troisième fois par Tavernier, Philippe Noiret interprète un magistrat arriviste qui ne suscite guère la sympathie. Après tant d'années au service des nanars les plus improbables, de "Poussez pas grand-mère dans les cactus" au "Plumard en folie", Michel Galabru a l'impression de débuter à l'écran et se considère sur le tournage "comme un nouveau-né". Il panique à l'idée de jouer face à Noiret qu'il admire et s'étonne de ce que Tavernier a sorti de lui : le film sera son « bâton de maréchal » !
Isabelle Huppert joue la maîtresse du magistrat, dont la pureté lumineuse rappelle Emilie, la petite prostituée de "Que la fête commence". Les deux films se terminent d'ailleurs par une incitation à la révolte des opprimés, ce que souligne la présence fugitive de Christine Pascal. Renée Faure, illustre sociétaire de la Comédie Française, joue à la perfection la dame patronnesse qui donne la soupe aux nécessiteux en échange d'une signature contre le "traître Dreyfus". On sent la délectation d'Aurenche et Tavernier à lui faire énoncer les pires horreurs lors de la description des meurtres de Bouvier : "éventration, viol, égorgement" susurre-t-elle, la mine offensée et gourmande. En Procureur de la République, Jean-Claude Brialy, sobre et caustique, sera très remarqué.
Le tournage en Ardèche, sur les lieux mêmes de l’action, permet à Tavernier d’utiliser l'écran large afin de donner un "côté western" aux errances de Bouvier. Les meurtres ne seront jamais montrés à l'écran mais les noms inscrits au générique s'écrivent en lettres de sang sur la neige. Le moment où le juge fait tracer à Bouvier son itinéraire sanglant sur la carte de France donnera lieu à une prouesse technique dont Tavernier est particulièrement fier : un plan-séquence de six minutes mené à bien grâce à l'efficacité d’une équipe enthousiaste.
Si le film fait aujourd'hui figure de classique, la réception critique fut partagée. Les journaux conservateurs attaquèrent violemment le propos du cinéaste, certains n'hésitant pas à en profiter pour militer contre l'abolition de la peine de mort. En revanche, les éloges pleuvent sur les deux comédiens principaux. Lors de la cérémonie des Césars, Galabru est récompensé, de même que le scénario et la musique de Philippe Sarde.
Avec le recul, Bertrand Tavernier regrette une fin trop démonstrative, tournée trop vite, le décor de l'usine en grève manquant de réalisme. Si le message politique est surligné, il paraît impossible de ne pas être ému par les derniers plans où Isabelle Huppert entonne la dernière chanson du film. Interprète du chanteur de rues, Jean-Roger Caussimon écrivit trois chansons pour le film, dont "La Commune est en lutte" qu'il reprend lui-même sur le générique de fin. Le film s'impose comme une œuvre qui fait honneur au cinéma français, un des meilleurs films de cette époque.
Jean-Paul Briant, novembre 2020
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