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Marie Dubois Marie Veronique Maurin
Mathieu Carriere Jean Francois Vlerick
Mathieu Carriere Marie Veronique Maurin
Maurice Garrel (Julien Durras) Marie Dubois (Isabelle Durras) Mathieu Carrière (Carl-Stéphane Kursdedt) Jean-François Vlerick (Laurent Durras) Marie-Véronique Maurin (Lise Durras) Claude Titre (Ludovic) Hélène Vallier (Marie-Louise) Madeleine Barbulée (Mlle Estienne)
Résumé : Ce sont les vacances scolaires pour la famille Durras qui habite une maison isolée dans un village près de Sisteron. Il fait beau. Les enfants, Laurent et Lise, jouent et font des devoirs de vacances sous le regard de Mlle Estienne. Leur mère, Isabelle, dirige la maison avec l’aide d’un couple Marie-Louise et Ludovic. Tout serait délicieux si le père, Julien, géologue réputé, ne se montrait pas très exigeant à l’égard de sa famille en particulier sur son fils à qui il reproche son manque de travail. Julien doit recevoir un traducteur allemand pour son prochain livre.
Le traducteur, Carl-Stéphane, est un jeune homme brillant qui va révolutionner la maisonnée : jouant avec les enfants et troublant Isabelle …
Malgré leurs désirs réciproques, elle va résister et ne s'offrira pas à Carl-Stéphane (cela rend le film plus intéressant pour cela).
On se demande comment le couple Isabelle et Julien s'est formé: il est plus âgé qu'elle et ils se vouvoient, il est passioné de géologie ce qui n'intéresse pas Isabelle. Les enfants irritent leur père alors qu'Isabelle fait tout pour communiquer avec eux. Elle semble s'ennuyer avec son mari et sent bien que son couple vacille. L'arrivée de Carl-Stéphane pourrait faire éclater le couple alors qu'il va finir par ressouder la famille.
Dans le film, on ne voit qu'Isabelle mais Julien semble se poser des questions car avant l'arrivée du jeune allemand, il n'y avait pas de problèmes pour lui; il régnait sur tous; son caractère fort semblait dominer sa femme et surtout ses enfants qui le craignaient. Mais, dès l'arrivée de Carl-Stephane; il voit bien que son autorité s'éfritte: les enfants jouent avec lui, sa femme s'éloigne aussi. Avec ses préoccupations, ses travaux n'avancent plus et même Carl-Stéphane trouve qu'il n'a pas grand chose à faire. Son séjour à Paris, va lui faire changer les idées qu'il a sur son couple par exemple il voulait éloigner son fils dans un internat et il finira par prendre un poste qui gardera sa famille soudée d'où l'image d'une famille unie qui cloturera le film.
Ce film est d'un érotisme torride bien qu'il n'y ait aucune scène osée.
Peu de comédiens dans le film: huit au total. Si le rôle de Madeleine Barbulée n'est pas très important; tous les autres le sont.
Claude Titre, qui a souvent des rôles sympathiques, joue le salaud de service (et cela a dû lui faire plaisir de changer de registre): il désire Isabelle mais celle-ci le méprise. Sa stupidité lui coutera son renvoi.
Hélène Vallier joue un personnage assez doux qui est satisfaite de son emploi. C'est elle qui sera la grande perdante car elle sera obligé de partir par la faute de son mari.
Pour une fois, les enfants, sont interprétés par de vrais comédiens (qui feront d'ailleurs une carrière fort honorable): ils assument, malgré leur jeune âge, des rôles importants dans l'histoire.
Mathieu Carrière est, comme souvent dans les premiers rôles de sa carrière, un jolie garçon romantique et qui apporte sa rigidité allemande avec sa beauté tout aussi germanique et des yeux bleus qui font le pendant de l'héroïne;
Maurice Garrel joue à la perfection l'Homme avec ses certitudes qui vont bientôt s'écrouler.
"Et puis, et puis, et puis il y a Frida qui est belle comme un soleil" disait Brel dans "Ces gens-là". Ici c'est Marie Dubois qui illumine tout le film. Au début, elle est dans l'ombre et progressivement elle en sort pour éclairer tout le film.
Marie Dubois, tenait, avec ce film, dont elle est tête d'affiche, le plus beau rôle de sa carrière.
Isabelle, Cette jolie fille blonde aux yeux bleus, l'enfermera dans ce type de rôles pour une partie de sa carrière et cela finira par la déranger.
Alain B.
CITANT Cocteau : « L'avant garde c'est d'aller à contre-courant de la mode », Jacques Doniol Valcroze vient de réaliser avec « La Maison des Bories » sa « Princesse de Clèves ». On imagine quelle tentation de retourner vers la chasteté, le romantisme et l'élégance un peu roidie de Mme de La Fayette, peut animer un cinéaste de notre époque toute livrée au débraillé, à la pornographie galopante, à la violence ou à la gaudriole.
L'histoire d'une brève rencontre
Comme « Ma nuit chez
Maud », d'Eric Rohmer
avait fait le bonheur et
l'unanimité des cinéphiles
accablés par les sinistres
ébats acrobatiques des innombrables sex-films, « La
Maison des Bories », dans
un genre mineur, va charmer ceux qui savent encore
écouter le bruit du vent
dans les feuilles, reconnaître le premier frisson de
septembre en plein été et
croire au prix d'un amour
refusé comme à la grâce
des saisons. Doniol Valcroze possède cette sorte de
sensibilité, il la fait passer,
fluide et frémissante, dans
son film.
« La Maison des Bories »
raconte, d'après un roman
des années 30, l'histoire feutrée d'une brève rencontre
dans un climat à la fois suranné et quasiment irréel.
Un professeur de géologie
et sa jeune femme vivent
isolés dans une bastide provençale avec leurs deux enfants et leurs deux domestiques. Mademoiselle vient
de la ville, à bicyclette, faire travailler les enfants sous
le tilleul du jardin. Ses dictées fleurissent d'expressions aussi vieillottes qu'elle-même : « Les libelles agressifs... » La mère passe en
souriant, s'éloigne pour régler l'intendance de la maison ; plus tard elle presse le dîner des enfants. Le père
est un tyran domestique ; se
prend-il pour un être exceptionnel, ses propres enfants
l'agacent, sa goujaterie envers sa femme, son égoïsme foncier, son manque
d'humour sont si odieux que
le climat familial se détruit
dès qu'il approche. Aussi,
avec quelle joie les enfants
et leur mère accueillent-ils
l'invité : un jeune traducteur allemand du tyran.
Un bonheur mélancolique
Charmant, il partage les
jeux des enfants, subit le
tendre rayonnement de leur
mère qui subit aussi le sien.
Un baiser furtif, voilà tout
ce qu'il y aura entre eux.
Puis les choses rentreront
dans l'ordre et le silence
tandis que, le jeune homme
parti, le professeur deviendra, on ne sait trop pourquoi, un époux agréable et
un père compréhensif.
Il y a dans tout cela bien
de l'arbitraire mais qu'importe. Plus qu'à l'anecdote,
c'est à ses résonances, à
l'accord de la nature, des
jeux d'enfants et de la musique de Mozart, à des rencontres d'yeux bleus qui se
cherchent intensément, à la
palette voluptueuse du photographe Ghislain Cloquet
que « La Maison des Bories » doit son charme frileux et élégant. Doniol-Valcroze a réussi là mieux
qu'un film très bien élevé
mais allusif et fluide, plein
de souvenirs réinventés et
que l'on regarde, comme certains Bonnard, avec un bonheur mélancolique.
Maurice Garrel prête son
austérité au père redouté et
le jeune élève Toerless-Matthieu Carrière est devenu
superbe et tellement irrésistible que le mérite de la nouvelle Princesse de Clèves, la
radieuse et fine Marie Dubois, n'en est que plus admirable de se refuser. Elle
joue ce rôle démodé avec
une violence sous-jacente et
son grand talent couleur de
soleil, tendre et chaleureux.