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    Naissance : 1900
    Décès : 1985
     
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    Line Noro
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    Line NORO

    Bien sûr, la Comédie Française - dont elle sera pensionnaire de 1945 à 1966 - fut son bâton de maréchale, l’accomplissement exceptionnel d’une carrière pour une comédienne de cette époque ; pourtant, si l’on ne se souvient plus que ses maîtres furent Jacques Copeau et Charles Dullin ni qu’elle fut dirigée par Louis Jouvet, si ses prestations théâtrales sont aujourd’hui oubliées, demeure l’image ardente de la belle Inès en robe de gitane de « Pépé le Moko » (1936), amoureuse et jalouse au point de donner l’homme qu’elle aime et de provoquer sa mort.

    C’est Duvivier, déjà, qui lui donna son premier rôle à l’écran, dans « La divine croisière » (1928) mais on la remarque davantage dans « Faubourg Montmartre » (1931) de Raymond Bernard où elle joue la sœur cocaïnomane de Gaby Morlay. Abel Gance lui rend-il vraiment service en lui proposant le rôle titre d’un de ses pompeux mélos, « Mater dolorosa » (1932), histoire d’une femme suicidaire doublée d’une mère malheureuse ? D’autres cinéastes apprécieront sa veine dramatique : on lui propose le beau rôle de Gervaise dans la première version parlante de « L’assommoir » (1933). Premier rôle occasionnel, elle est victime d’un mari brutal qu’elle assassine dans « Dernière heure » (1934) ou femme déchue séparée de son enfant dans « La flamme » (1936) d’André Berthomieu, son futur mari. Ces titres impriment l’image d’une femme marquée par le destin, pleurant à n’en plus finir toutes les larmes de son corps. Une critique de « Après Mein kampf, mes crimes » (1940) le souligne à plaisir : « Madame Line Noro, au cours d’une scène impossible, pleure interminablement avec une conviction soutenue. » Certains rôles secondaires s’avèrent des choix plus heureux, comme la prostituée de « La tête d’un homme » (1932) ou celle de l’excellent « Justin de Marseille » (1934) : on se souvient de la scène où La Rougeole – c’est son surnom – découvre le cadavre de son amant. Le même type de personnage lui est proposé dans « La rue sans joie » (1938) – la tuberculose en prime - et « Dédé la musique » (1939) où elle joue la grande Marcelle.

    Retrouvant Abel Gance, elle incarne Edith, l’amour impossible de Victor Francen dans « J’accuse » (1938) et son personnage devient régulièrement celui de la compagne délaissée : Pierre Blanchar l’abandonne dans « Une femme sans importance » (1938) et récidive dans « La symphonie pastorale » (1946). Petite bourgeoise étriquée dans « Eternel conflit » (1947), elle voit sa fille se suicider et son mari abandonner le domicile conjugal. Une malédiction pèse sur nombre de ses rôles : elle se suicide dans « Le secret de Madame Clapain » (1943) ; vieille fille exaltée, elle succombe à une crise cardiaque dans « La fiancée des ténèbres » (1944) ; dans « Meurtres » (1950), Fernandel est accusé de l’avoir assassinée alors qu’à sa demande il a mis fin à ses souffrances, surlignées en trois scènes excessives. Marcel Pagnol lui propose le personnage antipathique de Madame Mazel, l’épouse de Charpin, bien décidée à empêcher le mariage de son fils chéri avec « La fille du puisatier » (1940). Elle sera encore la mère possessive d’un jeune criminel dans « Avant le déluge » (1953). Avec « Dortoir des grandes » (1953), sa vie privée prend un tour inattendu puisque, surveillante d’un pensionnat, elle a une liaison secrète avec un photographe douteux joué par Louis de Funès : peu encline à révéler cette surprenante relation, elle devient meurtrière par amour !

    Loin de ces personnages mélodramatiques, on la préfère chez Jacques Becker qui se souvient qu’elle était une simple paysanne dans « La terre qui meurt » (1936) et lui attribue, dans son merveilleux « Goupi Mains rouges » (1943), le rôle de la servante, Marie des Goupi. Son jeu est cette fois d’une sobriété bienvenue comme dans « Jéricho » (1945) où elle est l’épouse aimante d’un otage. Le pittoresque lui sied pourtant, comme on le voit dans « Vautrin » (1943) : le rôle d’Asie, complice de Michel Simon, est un festival de déguisements - turban, voilette et dents cariées – auquel elle se livre avec délectation. L’épouvantable Carconte, souillon cupide et compagne pousse-au-crime de Caderousse dans « Le comte de Monte Cristo » (1942) est peut-être sa plus belle composition.    

    Visiblement perturbé par le double visage de Line Noro, Christian Stengel nous en propose un florilège dans « Le village perdu » (1947) : le film la présente tour à tour en épouse aigrie de Noël Roquevert, cultivant le souvenir mélancolique d’une liaison avec Alfred Adam, en mère aimante de son grand fiston puis en harpie déchaînée lorsque l’héritage attendu semble lui échapper. Le spectateur en perd son latin mais tout ceci n’a guère d’importance pour Line qui continue quelques temps d’apparaître au cinéma - jouant pour son dernier rôle la belle-fille d’un coriace centenaire dans « Les truands » (1956) – mais se plaît davantage au service du répertoire de la Comédie Française, où on l’apprécie encore en 1960 en Madame Pernelle, la vieille bigote de « Tartuffe », dans une mise en scène de Louis Seigner. Au milieu des années 60, elle dut abandonner la scène lorsque sa vue déclina.

    Comme elle se trouvait laide, elle refusait de se voir à l’écran ; pourtant le couple qu’elle forme avec Jean Gabin est inscrit à jamais dans nos mémoires comme cette réplique, signée Charles Spaak, décochée par l’infidèle Pépé : « Si tu venais avec moi, tu serais une espèce de casbah portative. Inès le matin, Inès le midi, Inès le soir : t’es plus une femme, t’es un régime ! » Presque un avant-goût des échanges acides entre Jouvet et Arletty dans « Hôtel du Nord » (1938)…      

    Jean-Paul Briant

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