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Gerard Philipe et Micheline Presle
Gerard Philipe et Micheline Presle
Gerard Philipe et Micheline Presle
Gerard Philipe et Micheline Presle
Gerard Philipe et Micheline Presle
Gerard Philipe et Micheline Presle
Michel Francois et Gerard Philipe
Micheline Presle et Gerard Philipe
Célèbre à dix-neuf ans, Raymond Radiguet mourut neuf mois après
"IL pouvait avoir 16-17 ans et en paraissait à peine 15. Habillé qu'il était d'un veston couleur mastic à pied-de-poule marron beaucoup trop vaste pour lui, dont il avait retroussé les manches qui lui tombaient plus bas que les mains, et revêtu d'un pantalon de fonctionnaire, à raies, qui se tirebouchonnait sur des souliers éculés dont le cuir était tout craquelé faute de cirage. Des mèches lui tombaient dans les yeux qui étalent forts beaux et effarouchés. Il me tendit en rougissant une lettre de recommandation de Max Jacob." Tel apparut à Blaise Cendrars le futur auteur du « Diable au corps » : Raymond Radiguet. Son père, Maurice Radiguet, caricaturiste, a renoncé au rêve de voir son fils devenir un brillant élève. A l'école communale de Saint-Maur, il ne s'Intéresse qu'à Lautréamont, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud qu'il va lire tranquillement sur les bords de la Marne, dans la barque paternelle. Entré au lycée Charlemagne, il le quitte en quatrième. Il veut écrire. Résigné, son père l'envoie à son ami André Salmon, qui lui prend habituellement ses dessins pour la première page de « L'Intransigeant ». Le jeune Raymond y joint les siens et ses premiers poèmes, signés Rajki. André Salmon trouve inquiétante l'esthétique dont ils témoignent mais il aime le jeune homme, lui faisant faire de petits reportages pour « L'Eveil » et « L'Heure ». Puis, accablé de travail, il décide de confier cet étonnant adolescent à Max Jacob. Presque sur-le- champ, le Jeune poète appelle son aîné par son prénom et le tutoie au bout de quelques jours. Mais la grande rencontre fut celle avec Jean Cocteau, en 1918. "Nous le vîmes, écrit Cocteau, pour la première fois, dans une galerie de ta bleaux. Il était petit, pâle, myope. Ses cheveux mal coupés pendaient sur son col et lui faisaient des favoris. Il grimaçait comme au soleil. Il sautillait dans sa démarche. On eût dit que les trottoirs lui étaient élastiques. Il tirait de ses poches les petites feuilles de cahiers d'écolier qu'il y enfonçait en boule. Il les déchiffonnait du plat de la main et, gêné par une des cigarettes qu'il roulait lui-même, essayait de lire un poème très court. Il le collait contre son œil... il parlait peu. Voulait-il inspecter une toile ou un texte, il sortait de sa poche des lunettes cassées qu'il employait à la manière d'un monocle.»
La vie de bohème
Avec Jean Cocteau et Max Jacob, Raymond Radiguet entre en plein cœur de la vie littéraire et artistique. Il flirte avec André Breton et les dadaïstes. Mais avec Cocteau, il se sépare d'eux et s'oriente tout naturellement vers une écriture toute classique. Il écrit toujours des poèmes, qui paraîtront en 1920 sous le titre « Les Joues en feu ». Mais Cocteau le pousse à écrire en prose. Radiguet commence « Le Diable au corps ». Cela ne va pas tout seul. La vie de bohème (c'est l'époque folle du « Bœuf sur le Toit » dont il est un assidu) ne favorise pas le travail. L'été 1921, Cocteau décide d'emmener son poulain à la campagne, en Auvergne d'abord, puis à l'hôtel Chanteclerc, au Tiquey, sur les bords du bassin d'Arcachon.
Lancé à l'américaine
"Radiguet. imbibé d'alcool. écrit Cocteau, le jour de son arrivée à la campagne, se mettait à l'eau et au lait sans effort. Il devenait un enfant, il écrivait sur des cahiers de classe ; quelquefois, il se révoltait contre son œuvre comme un élève contre ses devoirs de vacances. Il fallait le gronder, l'enfermer. Il bâclait alors un chapitre rageusement. Ensuite, il le recommençait. » Deux ans plus tard, le 10 mars 1923. Bernard Grasset édite « Le Diable au corps ». Lancé à l'américaine avec une publicité tapageuse pour l'époque, le roman devient vite ce qu'on n'appelle pas encore un « best-seller ». On trouve prodigieux que l'auteur n'ait que dix-sept ans (en fait, il en a dix-neuf) et scandaleuse cette histoire d'amour entre la femme d'un « poilu » et un Jeune homme. Ce succès agace l'auteur, " II détestait les Jeunes prodiges, écrit Cocteau. Il rêvait d'atteindre l'âge où le succès ne résulte plus de quelque charme phénoménal. » Mais il n'eut que le temps d'accomplir un second prodige: "Le Bal du comte d'Orgel ». et mourut de la fièvre typhoïde le 12 décembre 1923. condamné à partager avec Rimbaud le terrible privilège, comme dit Cocteau, d'être un phénomène des lettrés françaises.
Un film à Scandales
CLAUDE AUTANT-LARA (notre photo) est sans doute le metteur en scène le plus censuré de France. « Le Diable au corps », « Le Blé en herbe », « Les Régates de San Francisco », « Le Meurtrier », « Le Journal d'une femme en blanc » n'ont pu être présentés au public que largement expurgés. « Le Diable au corps », à sa sortie, en 1947, provoqua un scandale un peu exagéré. Résultat du scandale, Autant-Lara dut attendre trois ans avant de pouvoir retravailler. En tout cas, en ce 23 juin 197, la télévision inscrit à son programme, pour la deuxième fois (première diffusion : 1962), son plus célèbre film. Il s'est vainement opposé à l'exploitation du « Diable au corps » par la télévision. Il a, avec les scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost, intenté un procès lors de la première diffusion. « C'est un scandale, dit-il, le producteur a amassé une véritable fortune en vendant notre film, sans notre avis et sans nous donner un sou, à toutes les télévisions du monde. Nous avons été déboutés de notre procès. Notre contrat était, estimèrent les juges, mal fait. En 1947, on ne pouvait penser à la télévision. »